#TourismeDurable
Slow Tourisme Catalogne

Chapitre 3 : Les réponses ! Les réponses !

| Publié le 12 avril 2021
             

Comme vous l’aurez constaté, nous avons déjà posé un pied dans la troisième partie de notre enquête. Force est de reconnaître à ce propos que l’on assiste dans un secteur où le chacun pour soi fut longtemps de mise à une très appréciable opération « Serrage de coudes ». Tous secteurs et catégories de poids confondus. Et c’est déjà remarquable. De plus, dans notre petit pays jacobin et pyramidal à souhait, collaborer, voire faire confiance ne sont plus des gros mots. Et pour être un hasard, c’est aussi une bénédiction que le mille-feuilles de la représentation institutionnelle du secteur soit passé l’an dernier à la trappe pour donner naissance à ADN Tourisme, jeune institution parfaitement représentative avec ses 1100 structures fédérées : CRT, CDT, OT. « Et je peux vous dire qu’autour de la table, les échanges vont bon train, se réjouit Christian Mourisard, son président. Car il est là le côté positif de la crise : pour la première fois dans notre pays, on travaille dans la transversalité ! On découvre qu’on a besoin des autres et que rien de valable ne pourra se faire qu’ « Ensemble ! ». Toutes les filières sont mobilisées et on s’interroge enfin sur ce à quoi pourrait ressembler un tourisme plus respectueux et ouvert au grand nombre, même si les résistances au changement restent fortes et bien ancrées dans les habitudes ». Nous voici pris dans un vaste accélérateur de particules où, en faisant se cogner des « je » contre des « tu », la planète essaye de créer des « Nous »…

Dont acte comme disent les juristes. Et puisque nous visitons le rayon des bonnes surprises, moi qui n’ai jamais été un grand fan d’Atout France, tête pensante et organisante de notre stratégie nationale, je dois reconnaître que depuis le début de l’embrouille coronavirienne, ils produisent un travail de qualité indéniablement pertinent; d’information comme d’accompagnement. Ils ont, de plus, su réagir et s’adapter rapidement à la nouvelle donne. Et je n’étais pas au bout de mes surprises avant d’avoir interviewé sa nouvelle patronne, mais patience…

Crise = Opportunité

Avant même de dérouler le tapis soyeux des « avancées évidentes », essayons de comprendre en quelques mots ce qui s’est passé. « Cette crise s’est simplement substituée aux décisions politiques et managériales difficiles à prendre, résume Dominique Thillet. Voilà ce qui s’est passé. Elle nous a montré – suffisamment radicalement pour être prise en compte – que notre modèle touristique n’était non seulement pas durable mais, de plus, fragile ! Résultat : que les acteurs le veuillent ou non, les voici entrainés pour s’en sortir vers un modèle plus collaboratif. Et plus durable. ». « En dépit des dégâts causés, cette crise en forme de rappel à l’ordre est une vraie chance, surenchérit Jean-Michel Blanc. Mais attention, si les professionnels du tourisme ne proposent pas, partout et rapidement, une offre de qualité beaucoup plus diversifiée, nous allons nous retrouver dans la même hyper-concentration qu’avant ; dans d’autres lieux simplement ».

Alors ça y est, on y arrive enfin, au tourisme durable ?… minute papillon !

Oui, mais…

« Prudence ! tempère parmi d’autres Dominique Thillet. Si le durable est gagnant pour le moment, beaucoup souhaitent simplement qu’« ensuite », les choses redeviennent comme avant. Le tourisme durable représente certes l’avenir mais pour beaucoup, il est encore synonyme de « privation ». Il faut absolument faire évoluer son packaging. Si 80% des 15-25 ans y sont favorables, dans les actes, c’est loin d’être aussi évident »… Et ce n’est pas la dernière grand-messe (virtuelle) du tourisme d’affaire (considéré comme l’un des moins vertueux) qui lui donnera tort. Les acteurs du secteur se disant préoccupés par leur bilan carbone y sont certes passés de 13 à 28%, mais ils restent 70% à souhaiter qu’à la « Libération », les choses reprennent… comme avant. Afin qu’ils puissent illico repartir à volonté « vers des destinations lointaines ».

7 professionnels du tourisme sur 10 n’en pensent pas moins que les consommateurs seront plus sensibles au développement durable qu’avant la crise (Euromonitor International). Et une nouvelle génération, élevée sous l’épée de Damoclès du changement climatique, arrive aux commandes, moins avide et plus consciente. « Là où leurs ainés étaient dans l’intention, eux sont dans l’action » résume Jean Pinard. Nul n’ignore que ce sont parmi les jeunes nations touristiques arrivées plus récemment sur le marché international (Costa Rica, Islande, Nouvelle-Zélande…) que se compte les champions de la durabilité. Marchant dans les pas de pionniers tel Michael Dodds, c’est un vrai bonheur de voir aujourd’hui les CRT se tirer la bourre comme gosses en cours de récré pour savoir qui sera le plus « durable ».

Le Grand Virage ?

Le dernier cri de guerre de la Nouvelle Aquitaine via son DG adjoint Anthony Demel ?… « Nous voulons devenir la première destination touristique durable de France ! ». Même discours au mot près un cran au-dessus : « Nous voulons devenir la première destination touristique durable d’Europe. Si possible d’ici 5 ans », affirme Caroline Leboucher. Ah ! Cet esprit de compétition qu’on a tagué dans nos têtes dès la maternelle ! Mais après tout, l’important n’est-il pas d’avancer pour sauver la planète ? Définitivement. Saluons toutefois au passage ceux qui ont essuyé les plâtres et passaient il y a quelques années encore pour de doux dingues : « En Bretagne, nous travaillons à un tourisme « autrement » depuis plus de 25 ans, rappelle Audrey Legardeur. Depuis 1995, on se met tous autour de la table et on essaie de ne plus réfléchir de manière institutionnelle. Ce « faire ensemble » créatif nous a permis de démultiplier une offre qui comporte de plus en plus de courts séjours : l’avenir. Et notre positionnement « durable » avancé porte ses fruits et intéresse de plus en plus le milieu : plus de 700 professionnels se sont inscrits à nos dernières « Rencontres du tourisme ». Il faut dire qu’on partage avec plaisir nos bonnes pratiques ». Bravo !

Même frémissements avérés parmi les acteurs de l’industrie touristique lourde, ces tours opérateurs (dont quelques multinationales) qui envoient nos compatriotes à l’étranger. Là aussi, la nouvelle génération arrive aux commandes. « 15 nouveaux nous ont rejoints, témoigne Julien Buot, directeur de l’ATR (Association pour un Tourisme Responsable), dont des pointures comme Asia ou Beachcomber. Et l’ATD (Acteurs du Tourisme Durable) est passée de 120 à 150 adhérents et devrait finir l’année aux alentours des 200. Même certains clubs se montrent sensibles à la durabilité pour, à l’instar de Kappa, aller jusqu’à la labellisation. Et l’on voit des acteurs comme Leclerc Voyages former ses agents au changement climatique ». Même dans les « usines à faire partir les gens », le durable est (enfin) devenu tendance. Mazel tov !

Nombre d’acteurs du voyage organisé en profitent d’ailleurs pour rattraper le retard accumulé. « Notre activité est réduite au minimum. Les restaurants étant fermés, les voyages en groupe, même en France, sont devenus impossibles, témoigne Stéphane Richou, patron de Richou Voyages. Alors, puisqu’on a enfin le temps, on travaille à notre impact environnemental». Jusqu’au gouvernement qui, anticipant la sortie de crise, parle d’une future « Relance Verte ». D’où l’ultime effet collatéral heureux que nous évoquerons : ce secteur du tourisme qui pèse tout de même 7,5% du PIB pour 2 millions d’emplois a – enfin ! – été reconnu à sa juste valeur jusqu’au sommet de l’Etat. Avec main généreusement portée au portefeuille s’il vous plaît. Ce qui n’est pas rien si l’on veut bien se souvenir qu’un autre gouvernement avait tout simplement « oublié » de nommer un ministre dédié au tourisme lors de sa composition…

Last but not least … —- publié le 14 Avril


Chapitre 3 : Les réponses ! Les réponses ! | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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