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Retour aux sources… de l’alimentation

| Publié le 13 novembre 2020
             

« Harnaché d’une charrette à bras, j’ai cheminé de bourg en bourg et cueilli ma pitance tout le long du voyage. » De la Picardie jusqu’au sud de Porto, au Portugal, Vianney Clavreul a parcouru 2 300 kilomètres en six mois en se nourrissant presque exclusivement du fruit de sa glane. Guide nature passionné par l’autonomie alimentaire, il vient de publier un « Manuel de la vie buissonnière » pour nous permettre de nous réconcilier avec  ce patrimoine alimentaire simple, gratuit et abondant qui a permis à nos ancêtres de survivre durant des millénaires. Rencontre passionnante !… 

Vianney Clavreul tirant sa charrette à bras

Voyageons autrement : Peux-tu nous résumer ton parcours en quelques mots ?

Vianney Chavreul : A 20 ans, j’ai refusé de faire l’armée, de porter les armes. J’ai opté pour un service civique et la transmission de pratiques artistiques. Je me suis formé au métier de forgeron qui m’a immédiatement passionné. Je travaillais dans un château de la baie de Somme dont l’environnement était si beau que même si je trouvais les activités de la forge extra, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la nature pouvait apporter davantage encore, aux autres comme à moi. Comme par hasard, une formation de guide nature s’est créée à ce moment précis, la région connaissant un début de développement touristique. Parmi les nombreux domaines d’expertise proposés (il fallait en choisir deux), j’ai retenu la transmission vers les enfants et la connaissance des plantes sauvages comestibles (comme patrimoine de l’humanité et, me concernant : contre les dévastations de l’industrie agro-alimentaire puisque j’avais auparavant fait un lycée agricole). Je voulais m’engager citoyennement, ramener la nature dans le quotidien des gens.

VA : Comment t’es-tu formé à l’autonomie alimentaire ?

VC : J’ai appris avec un naturopathe les 10% de base pour pouvoir aborder le sujet sans crainte. J’ai ensuite étudié les plantes, appris à les reconnaître, par la couleur notamment, puis j’ai fait beaucoup de terrain. Et pour parfaire cet apprentissage, en 2015, j’ai choisi de vivre deux semaines en autonomie alimentaire. A ma grande surprise, j’en suis sorti plus en forme. Ce qui fait que le printemps suivant, j’ai renouvelé l’expérience durant 3 mois et demi, vivant à 80% en autonomie et ressortant de là plus léger de 4 kilos mais dans une forme royale. Laquelle m’a entraîné à rêver plus loin. Lors des sorties nature, notamment, les gens me faisaient la réflexion que vue leur activité physique, jamais ces quelques plantes arriveraient à les nourrir suffisamment. C’est là que j’ai pensé aux grandes migrations d’avant l’agriculture, lorsque les humains se déplaçaient au fil des saisons pour trouver toujours suffisamment à manger.

VA : Pourquoi avoir choisi un tel périple : d’Abbeville jusqu’au Portugal ?

VC : Il fallait que ce soit physique (la charrette à bras que je tirais pesant 70kg, ça l’a été) ; que cela se voit, soit significatif et nouveau, pour interpeler. J’ai cherché ce qui avait été fait dans le genre : rien ! Hormis une personne qui s’était lancée le même défi, mais en territoire absolument sauvage. Alors que moi, je voulais le faire en terrain parfaitement commun, là où tout le monde va. Que cela puisse déboucher sur un usage immédiat, facile à mettre en œuvre. Et puis c’était là une voie qu’empruntaient nos ancêtres d’avant l’agriculture sédentaire. J’ai opté pour le plus ordinaire possible, un tracé au fil des routes communales et départementales. J’ai cherché des sponsors et mécènes, en vain et suis finalement parvenu à financer le projet grâce à la plate-forme participative Tipee. 

VA : Tu assures que non seulement, il y a des plantes comestibles en quantité, mais qu’elles nourrissent bien plus que les produits agricoles

VC : Oui, je m’en suis rendu compte très vite, d’expérience : mon alimentation habituelle m’offrait moins d’énergie que les plantes, les fleurs, en particulier. J’étais à la fois certain de ne jamais manquer de nourriture (80% des plantes sont comestibles) et d’être rassasié. Les plantes sauvages vivent sur leur territoire depuis des milliers d’années. Indemnes, elles sont toutes ou presque extrêmement riche du point de vue nutritionnelle et, toutes, médicinales. Au bout d’un certain temps, on arrive à satiété plus rapidement, on a besoin de moins manger. Ces plantes nourrissent davantage que des produits bio et beaucoup plus que ceux issus de l’industrie agro-alimentaire cultivés sur sol mort. Sans parler du goût, ce révélateur infaillible de la qualité nutritive.

VA : Le chemin que tu as suivi du nord au sud n’est pas dû au hasard…

VC : Non, en effet. Outre l’intérêt historique, il s’agissait surtout pour moi, en cours de route, de semer l’hiver et le gel ! (qui rend les récoltes plus difficiles) ; de gagner donc le printemps et le sud au plus vite. Parti de la baie de somme, j’ai atteint le Mont Saint-Michel 440 kilomètre plus bas en 22 jours.   

VA : Tu introduis dès le départ une dimension éthique à ton projet…

VC : Disons que je suis assez engagé dans la lutte contre les pesticides et que le spectacle de notre planète sacrifiée sur l’autel de l’agro-alimentaire me fait mal. Revenir à des produis plus respectueux, épargnant sols, insectes et animaux de toute sorte est devenu une priorité. Au départ, j’avais même appelé cette aventure « l’éthique quête »…

VA : La cueillette représentait 80% de ton alimentation. Quels étaient les 20% restant ?

VC : Essentiellement des graines germées, de lentilles très souvent, que je faisais germer dans une passoire. Et puis il y eut l’apport des gens. Au départ, naturellement, je n’avais pas la moindre envie d’accepter quoi que ce soit de qui que ce soit. Mais, très vite, face à la multiplication des sollicitations, je me suis dit qu’après tout, le milieu naturel, pour un humain, englobait les autres humains et que tant que l’apport restait peu important, il faisait partie du jeu. Nous en reparlerons sans doute, mais il est difficile de refuser ce qui est donné de bon cœur. Alors j’acceptais et donnais ensuite le riz aux oiseaux, jetais les sodas. On m’a également invité six fois à manger, trois au restaurant et trois chez les gens eux-mêmes. Mais l’essentiel des dons – les gens comprenant ma démarche – était constitué de légumes du jardin. J’ai également été très surpris par la quantité d’arbres fruitiers se trouvant sur mon chemin. Dans le sud, notamment, je me suis quotidiennement régalé d’oranges, citrons, kiwis et même fruits de la passion. D’une manière générale, mon crédo est très vite devenu : « Je dis oui à tout ce qui se propose, bon comme mauvais »…

VA : Comment résumerais-tu ton périple ? Y eu-t-il plusieurs « périodes » ?

VC : Côté temporel, parti début août, je suis arrivé fin février dans le sud portugais. Au milieu, j’ai donc du traverser l’hiver : pluies, tempêtes, gel. Une dizaine de jours d’affilée, notamment passés sous des torrents de pluies qui rendaient tout très compliqué. Côté géographie, j’ai commencé par la Suisse normande, bon échauffement, puis ce fut plat jusqu’aux Pyrénées et aux collines du Pays Basque. Là, là… j’en ai ch… terrible : Des centaines de km de montées ! Le seul remède consistait à boire beaucoup d’eau pour empêcher le corps de chauffer. Ce qui fonctionne admirablement. J’ai oublié de le faire une fois et l’ai payé très cher : une tendinite qui a failli m’obliger à arrêter… Quant au voyage intérieur, ce fut un bonheur réel, sauf lorsque j’ai abordé la partie espagnole. Ne parlant pas correctement la langue, ne parvenant donc pas bien à me faire comprendre, ni à communiquer, j’ai éprouvé pour la première fois une vraie solitude (ajoutée aux difficultés du terrain et à l’hiver plutôt rude). Au point que j’étais au bord de tout arrêter. Mais au bout de trois semaines difficiles, je ne sais trop pourquoi, j’ai soudain accepté que les choses soient ainsi et je me suis de nouveau senti parfaitement bien, à ma place. J’avais juste franchi une étape supplémentaire dans le processus naturel d’adaptation.  

VA : Qu’est-ce qui t’a le plus enthousiasmé, surpris, déçu ?  

VC : Le plus enthousiasmé : les paysages grandioses, et moi, seul, au milieu (un délice pour l’âme). Le plus déçu : avoir vécu ce que l’on appelait jadis « le silence des campagnes » : vers septembre-octobre, j’ai bien été obligé de constater : plus d’insectes, plus d’oiseaux, plus d’animaux autour de toi. Cela te mine. La Bretagne est très touchée, la Vendée pareil et les Landes, c’est terrible… Quant à ce qui m’a le plus surpris, c’est moi tout simplement. Car cela a été 10 fois plus difficile que ce que j’avais imaginé. C’est ma capacité d’adaptation, la capacité d’adaptation de l’humain qui m’a estomaqué. Et également le fait qu’à chaque fois que j’acceptais un don de la part d’une personne croisée, j’avais l’impression d’être celui qui donne, tant je ressentais chez l’autre un véritable « besoin » de donner. Un élan naturel aujourd’hui trop souvent contrarié.

VA : Combien de temps prenait chaque jour le volet cueillette-cuisson ?

VC : Moins d’une heure en tout. 30 minutes de cueillette (et le plus souvent, je mangeais ensuite cru, ce qui a des vertus). 10 minutes de préparation et dix pour manger.

VA : As-tu trouvé suffisamment à manger tout du long ?

VC : Oui, sauf durant la dizaine de jours où il a gelé. J’avais bien fait de m’en inquiéter et de tracer la route au départ. D’autant qu’à ce moment je longeais la côte espagnole où il n’y a que des villes. C’est à ce moment que j’ai décidé d’obliquer vers Saint Jacques. Ce furent 10 jours à moins de zéro, passés en partie sous la tente et durant lesquels je fus bien obligé de m’acheter des aliments.

VA : 80% des plantes sont comestibles, 12% toxiques, 8% mortelles nous apprends-tu. Certaines, parmi les dernières sont-elles très répandues ?

VC : Oui, la cigüe, l’arum, la digitale… sachant qu’une plante toxique est généralement très amère au goût. Le plus grand danger se situant au printemps, lorsque les jeunes pousses dégagent peu d’arôme. D’où la nécessité absolue (!) de ne consommer que des plantes que l’on a reconnues, dont on est certain. Je me suis fait avoir une fois au tout début de mon apprentissage (cigüe) et ai retenu la leçon. Au départ, il faut absolument apprendre avec quelqu’un qui connait. Du coup, je n’ai commis aucun impair durant mon périple.

Vianney Clavreul torse nu

VA : A quoi ressemblait un repas ordinaire ?

VC : Pissenlits (feuilles ET fleurs), plantain, mauve, fenouil, lierre terrestre… liés par une constante essentielle : la vinaigrette. Comportant du sel gris marin pour les apports en sels minéraux (que l’on perd dès que l’on transpire (et j’ai transpiré !), le vinaigre se chargeant de tuer les petites bêtes et l’huile apportant oméga 3 et 6 faisant défaut aux plantes. Donc, la vinaigrette est in-dis-pen-sa-ble !

VA : Comment choisir ses plantes ?

VC : Je choisissais selon deux critères principaux. L’abondance d’une plante dans tel ou tel coin pour ne pas nuire à l’équilibre local et la beauté esthétique. Une plante belle est en bonne santé et sera riche nutritivement. Sachant qu’il n’y a pas forcément besoin de s’éloigner de la route pour en trouver de telles.

VA : Tu as emporté avec toi un métronome et assure que ce serait l’objet que tu emporterais en priorité sur une île déserte. Pourquoi ?

VC : Certains soirs, l’on se retrouve sans énergie, affalé. Et voici que résonne une musique que l’on adore. Sans même réfléchir, on se relève alors d’un coup, boosté, et on se met en mouvement, naturellement. C’est dû au tempo, à la magie du rythme (qui définit tout dans la nature), l’essence même de la musique. Or, un métronome (un tout petit peu évolué, modulable) délivre ce rythme, cette essence vitale, et il agissait ainsi sur mon système nerveux personnel, régulant mon pas à mon rythme PERSONNEL (qui n’est pas compliqué à déterminer, il suffit pour cela de créer une tension statique, en serrant le poing très fort par exemple ; qui se met alors à trembler à notre rythme propre). Une des raisons du succès de l’entreprise fut que je marchais toujours à mon rythme, sans forcer ni me réfréner. De plus, durant la marche, le métronome régularise la respiration ; tu accordes ainsi l’ensemble de ton instrument à l’activité dédiée ; tu t’accordes à ton corps et ton corps au monde (comme pour une guitare le « la 440/s »). Cela dit, tu peux régler sur un rythme swing, groove, etc. comme une boite à rythme minimale. Ta pensée se fait alors musique et t’accompagne dans ta contemplation, tes imaginations, te donnant énergie et force. Et, sur une ile déserte, tu trouves dans le métronome un compagnon musicien inspirant.

VA : Quelles erreurs faut-il éviter ?

VC : Boire l’eau sans l’avoir filtré, surtout stagnante ! Ce fut ma grande erreur du périple (avec le fait de ne pas boire assez un certain jour). J’ai rincé une salade sauvage dans l’eau d’un étang qui paraissait pourtant extrêmement claire. Sauf qu’elle contenait des cyanobactéries qui sont un tord-boyaux très violent. J’ai twisté pour le coup.

VA : Tu étais seul et dormait dehors. As-tu eu peur ? De qui ? De quoi ? A juste titre ?…

Vianney Clavreul en pleine cueillette de mûres et de framboises

VC : J’ai parfois eu peur, oui, mais jamais à juste titre. Je n’avais pas envie de croiser des gens (le soir), donc je me dissimulais. J’ai surtout eu peur des sangliers, par endroit. J’avais un petit sifflet pour les éloigner mais ne m’en suis pas servi. Quand il y avait trop de traces, je me rapprochais d’un village pour dormir.

VA : Au final, depuis tes tout débuts, tu t’es intoxiqué combien de fois ?

VC : Trois fois en tout. La première fois, aux tout débuts en confondant cigüe et cerfeuil, la seconde donc en buvant cette eau contaminée et la troisième pour cause de générosité inversée ; en acceptant un plat cuisiné pour faire plaisir et en le consommant pour ne pas le gâcher. Erreur…

VA : Tu dis qu’à ce régime-là, on finit par découvrir sa véritable odeur

VC : Qu’est-ce qui génère nos odeurs ?… Les bactéries liées à la nutrition. Or, à ce régime absolument naturel – et même médicinal ! – tu te détoxifies en profondeur. Ne subsiste donc aucune odeur nauséabonde ; ni dans les selles, ni sous les aisselles !

VA : Et le voyage intérieur ; tu pensais à quoi en tirant ta charrette, tout du long ?

VC : Je pensais souvent à mon objectif, au bonheur qu’il y aurait à l’atteindre et cela me motivait. J’ai plutôt tracé dans l’ensemble, de 7 à 9 km/h en tirant la charrette. Je me laissais aussi emporter dans des musiques ou bien je songeais à ce que j’allais bien pouvoir faire après. Mais, constamment, j’étais ramené à ma sécurité et au Ici & Maintenant car il y a quand même beaucoup de voitures, même sur les petites routes !

VA : As-tu fait de belles rencontres ?

VC : Plein, oui. Et connu de sacrées coïncidences également : en croisant des amis ou des gens de la famille dans endroits tout à fait inattendus. J’ai rencontré par exemple un barde, conteur de la forêt de Brocéliande avec qui je suis resté deux jours. Il improvisait en musique en marchant, c’était extra. Un autre soir par un temps effroyable, alors qu’il me restait encore une ville à traverser avant de me poser quelque part, je me suis dis : « non ; il y en a marre. Ce soir je fais une pause, je picole et je danse toute la nuit ». 400 mètres plus loin, je croise un gars qui me regarde paisiblement arriver en tirant ma carriole et me demande : « Qu’est-ce que tu fabriques donc ? ». Là-dessus, sentant l’histoire longue, il me paie un verre, puis un autre. Et on est resté comme ça, à danser, jusqu’à 5h du matin. Matin où je suis reparti aussi sec. Idem un gars de France 2 qui avait fait un sujet sur moi pour le journal télévisé et m’avait proposé de m’arrêter chez lui quand je serais arrivé dans son coin. Et m’a super bien reçu !  

Vianney Clavreul, guide nature passionné par l’autonomie alimentaire devant sa charrette

VA : Ta plus grosse galère ? Ton plus grand bonheur ? Ta plus belle surprise ?

VC : La galère, c’est la fois où je n’ai pas écouté mon corps, pas bu assez d’eau et me suis retrouvé avec une tendinite sévère. Mais une galère qui a débouché sur un immense bonheur : découvrir et expérimenter qu’en marchant pieds nus (ce fut un peu ardu au départ), tout se remettait dans l’ordre tout seul, naturellement, et que j’ai pu continuer quand je pensais devoir renoncer, avoir échoué. Quant à la plus grande surprise, elle fut de découvrir en arrivant au bout du bout, tout en bas que le voyage s’achevait le 31 décembre alors que j’étais parti le 31 août, six mois avant exactement. Et que j’avais parcouru 2222 km.

VA : Qu’est-ce qui t’a manqué en  chemin ?

VC : Parfois un peu de compagnie. Et quand il pleuvait beaucoup, un petit peu de confort. Je pensais à mon canapé, bien au chaud, puis je me souvenais que j’étais ici par choix, non en errance et que c’était momentané ; alors, les nuages s’allégeaient.

VA : Une fois le périple achevé, tu as eu envie de quoi ?

VC : Manger un vrai bon repas cuisiné tout simplement. Qui fut d’ailleurs très cool !

VA : Comment partages-tu aujourd’hui ce que tu as appris ?

VC : J’ai écrit ce premier livre, donc, et les éditions Terran m’ont demandé une suite. Et puis il y a les sorties nature (de 3h à la journée) et, à partir du printemps, les stages et les ateliers de cuisine sauvage. Des activités dont je suis bien aise de pouvoir vivre aujourd’hui (voir mon site). Ce qui ne m’empêche pas, par conviction, de poursuivre mon activité de formateur éco-citoyen auprès des écoliers et des jeunes citadins (organisés par des associations).

VA : En fait, a t’en croire, il y a assez à manger pour tout le monde sur terre ?

VC : Pas de manière directe, plus aujourd’hui où l’agriculture a détruit énormément de vie sauvage (jusqu’au sol lui-même). Tout du long ou presque, ne me restait que ces un ou deux mètres entre le ruban de la route et les cultures. Mais si l’on utilisait les plantes sauvages de nouveau et les laissait reconquérir de l’espace, on pourrait y parvenir. Cela dit, pour un individu seul, aucun souci. C’est d’ailleurs ce que pratiquaient les premiers « agriculteurs nomades » qui passaient d’un bivouac à un autre, semant au passage (pas forcément intentionnellement) noisetiers et fruitiers divers.

VA : Que conseiller aux gens que tente l’aventure pour commencer en douceur ?

VC : De déguster quelques pissenlits et pâquerettes et également des graines germées, excellentes pour la santé. Histoire de voir l’effet que cela produit sur leur corps. C’est très simple, très sain, d’une grande valeur nutritive et… bougrement économique. Ce qui leur donnera certainement envie de continuer. Je les invite également à découvrir un autre fondement de la vie sauvage : l’usage de l’argile ; en pansement pour nos tuyauteries, mais pas que. L’argile est vraiment une panacée universelle.

VA : Dans quel région exerces-tu ton métier de guide nature ?

VC : Dans la baie de Somme. Mais je me déplace avec plaisir partout où l’on m’appelle.

VA : De quoi n’a-t-on pas parlé qui te soit cher

VC : Ce périple m’a permis de vérifier qu’en effet : « la nécessité fait loi ». J’ai été vraiment stupéfié par notre capacité d’adaptation ; qui est bien plus importante qu’on ne l’imagine souvent. Encore ne me suis-je intéressé ici qu’à un sujet : je n’ai rien à manger, je fais quoi ?… Et bien je m’adapte. Rien à voir avec moi personnellement, c’est juste la formidable intelligence du vivant qui s’exprime à travers moi comme elle le fait depuis des millions d’années.

« Le Manuel de la vie buissonnière » aux éditions Terran. 240 pages, 18 €
Exergue du livre : « Retrouver les traces de nos ancêtres, relever des pans de culture, réveiller la mémoire oubliée de ce qui était nécessaire à la vie à cette époque d’avant l’agriculture. Reprendre racine par la branche même que nous avons coupée. » 

« Le Manuel de la vie buissonnière » aux éditions Terran. 240 pages, 18 €

https://www.laviebuissonniere.com


Retour aux sources… de l’alimentation | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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Une réponse à Retour aux sources… de l’alimentation

  1. patrick roillet a commenté:

    Quelle belle histoire que de se jeter ainsi en pleine nature. Belle leçon de vie

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