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Des séjours en transports bas-carbone – UTD 2020

| Publié le 19 octobre 2020
Thèmatique :  Acteur associatif   Acteur privé   Innovation   Vélotourisme 
             

Retrouvez ci-dessous la restitution de l’atelier « Des séjours en transports bas-carbone » qui a eu lieu lors des dernières Universités du Tourisme Durable à Troyes le 08 octobre 2020.

Organisées par l’association Acteurs du Tourisme Durable (ATD), les Universités du Tourisme Durable sont un temps privilégié d’échanges et de réflexion autour des enjeux de développement durable dans le monde du tourisme.

Intervenants :

Animateur:

un feu rouge montre un vélo qui passe au vert

L’impact des transports dans le Bilan Carbone du tourisme

En attendant l’étude de l’ADEME sur l’empreinte Carbone du secteur touristique en France dont les résultats sont attendus au printemps 2021, il est possible de trouver quelques chiffres sur le rôle du transport dans les rares Bilans Carbone déjà réalisés.

Ainsi, celui de la Ville de Paris indique que 90% des émissions de CO² de la destination ont pour origine le transport des visiteurs (avec une forte proportion d’étrangers qui viennent en avion).

Le Bilan Carbone des Domaines Skiables de France présente lui une empreinte Carbone du transport correspondant à 60% du total des émissions de CO² (pour seulement 2% pour les retombées mécaniques).

Il est donc évident que la majorité des émissions de CO² du tourisme a pour origine le transport des visiteurs vers leur lieu de destination.

Or, pendant longtemps, les acteurs touristiques ont nié le problème considérant qu’ils ne devaient se préoccuper de l’empreinte Carbone des visiteurs qu’une fois ceux-ci arrivés à destination.

Il est temps maintenant de pleinement prendre en compte l’impact indéniable du transport des visiteurs (qu’il soit aérien ou en voiture) dans le Bilan Carbone de chaque acteur touristique et de proposer des solutions de transport alternatives, moins émettrices de CO².

Le vélo comme stratégie de transport bas-carbone

L’une des options possibles est alors de promouvoir l’utilisation du vélo par les touristes, le vélo étant par essence un mode de transport à l’empreinte Carbone quasi-nulle. C’est un des rôles de l’association Vélo & Territoires qui travaille pour un réseau de collectivités (régions, départements, intercommunalités) pour construire la France à vélo en 2030. Parmi les missions de Vélo & Territoires : achever des schémas vélo au profit de l’équilibre des territoires ; faire du vélo un outil de mobilité à part entière en faisant passer la part modale du vélo de 3 à 12 %; porter la France au premier rang des destinations mondiales du tourisme à vélo (elle est actuellement en 2ème position derrière l’Allemagne).

A ses côtés, le portail de France Vélo Tourisme assure la promotion de 15 000 km d’itinéraires structurés avec des indications sur les points d’intérêts, les prestataires spécialisés…

Le vélo est de plus en plus plébiscité par les touristes. Nombreux sont ceux à l’utiliser pour se déplacer sur leur lieu de vacances : le vélo fait partie de l’imaginaire des vacances. Cette utilisation permet par ailleurs de décongestionner un peu le trafic routier. Imaginez par exemple les routes de l’île de Ré si tous les touristes à vélo se retrouvaient dans leur voiture !

L’utilisation du vélo en itinérance est également en forte augmentation depuis 2013 (+5% en 2018 et 2019). Et l’année 2020 marque même un boom sans précédent avec une augmentation de 10% qui, si l’on exclut la période de confinement, monte même à + 29% !

La Vélodyssée – Bassin Arcachon

Il y a donc bien une explosion de l’utilisation du vélo en mode « loisirs-tourisme » qui a accompagné celle d’une utilisation plus « utilitaire ». Cela s’est vu dans les magasins spécialisés, régulièrement en rupture de stock, et où il faut attendre plusieurs mois pour bénéficier de l’aide de l’Etat pour faire réviser son vélo.

Cette augmentation de l’utilisation du vélo s’est également traduit par une augmentation de la fréquentation sur les grands itinéraires Eurovélo : +5% en 2019 et +23% en 2020 (en excluant la période de confinement). Les voyageurs ont plébiscité le vélo en itinérance, car il permet de profiter de l’extérieur, des grands espaces tout en étant bon pour la santé.

Le phénomène ne semble pas prêt de faiblir dans les années à venir, car il s’agit-là d’une tendance de fond : « Cycliste un jour, cyclistes toujours !».

Et avec la démocratisation des Vélos à Assistance Électrique (VAE), le nombre de néo-cyclistes augmente également : il a ainsi permis d’ouvrir un segment de cible en leur donnant l’illusion de raccourcir les distances et d’annuler les pentes. A noter, il a été constaté que le VAE permettait parfois à un foyer de se passer de la 2ème voiture : ainsi, même si son utilisation entraîne une consommation d’électricité, ce n’est rien comparé au bénéfice en terme d’empreinte Carbone si le cycliste utilisait un autre moyen de transport émetteur de CO².

Cette augmentation de l’utilisation du vélo par les touristes est une bonne nouvelle à plusieurs titres pour les territoires. Ces derniers voient d’abord là une manière de réduire l’empreinte Carbone des touristes. Lorsqu’ils utilisent leur vélo pour se déplacer, ils n’utilisent pas leur voiture !

C’est également une bonne nouvelle, car un cyclotouriste a un panier-moyen élevé. Sur la Loire à Vélo, il est passé de 68 à 80 € en moins de 5 ans, car la destination a su se structurer pour proposer notamment l’itinérance en « one-way » avec le Train Loire à Vélo. L’itinéraire attire maintenant beaucoup de touristes venant de moins de 200 km à la ronde pour seulement 20% d’étrangers.

© Region Pays de la Loire / A. Monie – Les beaux matins

Le profil des touristes est un peu différent sur la Vélodyssée avec plus de familles et plus d’étrangers qui ne font qu’une portion de l’itinéraire, alors qu’ils se trouvent en séjour sur le littoral.

Enfin, c’est également une bonne nouvelle, car l’augmentation de l’utilisation du vélo se traduit automatiquement par une augmentation de la perception positive du territoire par les touristes.

Les territoires ont donc un triple intérêt à favoriser et à structurer une offre touristique liée au vélo.

Cette structuration doit se traduire notamment par une amélioration de la possibilité pour les cyclistes d’utiliser le train pour se rendre sur leur destination ou pour revenir au point de départ lors d’une itinérance. En effet, même si les choses évoluent positivement, le transport multi-modal est un vrai sujet. Ainsi, les objectifs européens parlent de 4 places de vélo dans les trains rénovés ou les nouveaux trains. Mais un décret français va même plus loin en indiquant un nombre de 6 vélos (non-démontés) par train. Le nombre de cyclotouristes ayant maintenant atteint une masse critique, il est fort à parier que la SNCF va s’y intéresser de près pour leur proposer de nouvelles offres. Car si elle ne le faisait pas, l’ouverture des lignes à la concurrence en fin d’année permettra aux nouveaux acteurs de cibler cette clientèle : Railcoop, qui a un projet de ligne Bordeaux-Lyon, prévoit ainsi de réserver plus de places aux vélos dans ces trains. Mais il faudra également penser à améliorer l’accessibilité des gares aux cyclistes pour qu’ils puissent réellement profiter de ces offres.

Le train comme une alternative à l’avion dans les séjours courtes distances en Europe

L’agence Nomade Aventure est membre d’ATR et réfléchit depuis longtemps à la manière de réduire l’empreinte Carbone générée par ses voyageurs. Il y a 10 ans, l’agence compensait déjà 100 % des émissions de CO² des vols du personnel et 20% de celles des vols de ses clients. Il y a 2 ans, elle a augmenté ses efforts pour absorber 100% des émissions des vols de ses clients. Et aujourd’hui, elle absorbe également 100% des émissions sur le hors-aérien (qui représentent 15 à 20 % de l’empreinte total d’un voyage).

Les projets d’absorption de CO² prennent la forme de reforestation de mangrove. Ce choix a été fait pour éviter de planter des arbres qui pourraient être coupés rapidement pour être exploités commercialement ou qui pourraient partir en fumée.

Auparavant, Nomade Aventure agissait donc en mesurant l’impact de ses voyages et en compensant les émissions qu’ils engendraient. L’année dernière, un nouveau virage a été pris avec la volonté de réduire directement les émissions de CO². Avant d’absorber ses émissions (ce qui est déjà bien), Nomade Aventure a pris conscience qu’il fallait surtout essayer de réduire ses émissions.

L’une des idées a alors été de proposer, dès que cela était possible, des déclinaisons de leurs séjours au catalogue avec un départ en train depuis la France, plutôt qu’en avion. Pour que le séjour puisse être proposé avec un départ en train, il fallait que la durée sur place soit équivalente (ce qui signifie un temps de séjour plus long au total, car le temps de transport est plus important en train) et qu’il y ait au maximum 2 changements en train. Au final et après un long travail (il n’y a pas d’uniformité dans les réseaux de train au niveau européen), 35 séjours ont pu être proposés avec une alternative en train, par exemple à destination de l’Écosse, de l’Albanie, de l’Espagne ou de l’Italie.

D’après les estimations de Nomade Aventure, chaque séjour en train permet d’émettre 3 fois moins de CO² que le même séjour avec un départ en avion.

Mais les motivations écologiques ne sont pas les seules avancées par les premiers voyageurs : la facilité d’accès aux gares, la peur de l’avion, l’attrait du voyage en train en lui-même sont autant de raisons qui pourront inciter les voyageurs à tenter l’expérience de ces nouveaux séjours.

Et si les séjours en train semblent au premier abord un peu plus cher que ceux en avion, il faut rappeler que, rapportés au nombre de jours du séjour, ils sont en fait moins chers ! Il faut juste prévoir un peu plus de temps de transport. Avec 35 % de retraités parmi la clientèle de l’agence, le défi pourrait s’avérer gagnant.

Car pour le moment, il est difficile de juger du succès de ces offres, l’année 2020 n’étant en rien une année traditionnelle… Mais au-delà de l’intérêt commercial, il était important pour Nomade Aventure de proposer une alternative à l’avion pour faire réfléchir les voyageurs à des modes de transport bas-carbone. C’est un des rôles des acteurs touristiques engagés que de proposer des solutions moins émettrices de CO² à leurs clients. A eux ensuite de faire leur choix en toute connaissance de cause.


Des séjours en transports bas-carbone – UTD 2020 | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Alexandre Tisné-Versailles
Créateur d'activités touristiques innovantes (cabanes dans les arbres, escape game, jeux de piste dans des châteaux…), citoyen engagé dans le Développement Durable et voyageur responsable avec 2 tours du monde au compteur. Rédaction d'articles sur le tourisme durable et la littérature de voyages.
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