Slow tourism au cœur de l’Aube en Champagne
Avec le troisième meilleur parc d’attraction européen, une truffe d’automne qui se marie extraordinairement bien à la finesse du champagne et des bulles pour s’endormir au cœur de la nature, l’Aube en Champagne parie sur l’excellence et le raffinement, l’insolite et le durable. Rencontre avec des professionnels passionnés qui s’engagent pour vous faire passer un séjour immersif et responsable en territoire aubois.
Une bulle peut en cacher une autre…
Lorsque David Moreau a commencé à conter devant un auditoire tout ouïe sa nouvelle idée visant à créer une route des bulles, une bonne partie du public a tout de suite pensé aux bulles de champagne, l’un des fleurons du département de l’Aube avec plus de 6 000 hectares dédiés au vignoble. Toutefois, lorsqu’aux confins arborés du vaste domaine du château de Montabert, un manoir de 1862 entièrement rénové avec son orangerie, sa piscine, ses vastes dépendances, est apparu une première soucoupe transparente montée sur son estrade de planche, l’acception de bulle a pris un autre sens, celle d’un havre de paix appelant à des nuits apaisées et sereines. David Moreau : « Ces bulles à rêver invitent à une expérience exceptionnelle au plus proche de la nature. En outre, elles disposent du premier dispositif écotouristique temporaire permettant d’atteindre l’autosuffisance énergétique et la bio-climatisation. »
C’est au cœur du parc de 14 hectares qu’il gère avec son épouse que David Moreau a eu l’envie de créer cette route des bulles. Au-delà des chambres d’hôtes cossues proposées au sein du château, ces structures transparentes et aériennes essaiment ici sous un séquoia centenaire, là au bord d’un étang, voire immergées dans le vignoble, invitant à revivre ces nuits à la belle étoile en mode cocon avec un minimum d’énergie et de matière pour un maximum de confort. David Moreau : « Nos bulles éco conçues sont fabriquées en France. Elles permettent une symbiose avec la nature en minimisant la consommation d’énergie et de matière tout en maximisant le confort et l’interaction avec l’environnement. » Une façon insolite et durable de se fondre en terre auboise le temps d’un week-end.
Au royaume de Niglo !
Niglo. Nigloland. En s’interrogeant sur l’origine de cet étonnant nom, on comprend que ce parc d’attraction n’a rien de classique. Mais qui donc se cache derrière Niglo ? Tout simplement le petit hérisson des gens du voyage, niglo en romani, un animal porte-bonheur dans la culture gitane. Un animal totem aussi, puisque les créateurs de Nigloland, Patrice et Philippe Gélis, sixième génération de forains, décidèrent de fonder au cœur de l’Aube, à Dolancourt, un parc à thème qui compte aujourd’hui quatre villages thématiques, près de 40 attractions et huit restaurants. Devenu troisième meilleur parc d’attraction européen en l’espace de trente ans (depuis 1987) avec quelques 600 000 visiteurs annuels, Nigloland est aujourd’hui géré par Rodolphe Gélis, le fils du fondateur, revenu depuis quelques années en terre champenoise avec à cœur de poursuivre la gestion durable et responsable du site : « Nous sommes en bordure d’une Zone Natura 2000, au cœur de la forêt d’Orient alors pas question pour nous de faire n’importe quoi. Nous respectons les essences présentes, l’existant, en préservant cet environnement exceptionnel par une gestion écologique de nos espaces verts. Par exemple, nous replantons des espèces endémiques – hêtre, épicéas, pins noirs, houx, noisetiers, églantiers, saules – enfin que se développe tout un écosystème du vivant – écureuils roux ou petits oiseaux, gobe-mouches noirs, pics-mare, grives musiciennes, etc. ».
Le parc a aussi lancé une attraction pédagogique et immersive autour de l’importance des abeilles pour l’écosystème (Zabeilles), met à disposition des mangeoires pour les écureuils, un hôtel à insectes. Sur place, il travaille au maximum avec des producteurs locaux de l’Aube et de l’Yonne voisine dont on retrouve les produits dans les différents restaurants du site. Les déchets sont recyclés et valorisés, une action explicitée aux familles pendant les files d’attente des attractions afin de sensibiliser les plus jeunes à l’importance du recyclage. Dans le même esprit, Nigloland s’investit pour la préservation du patrimoine locale en démontant et remontant des bâtiments historiques de villages environnants à l’intérieur du parc. Les attractions font l’objet d’un bilan énergétique mesuré pour tendre vers la basse consommation électrique. Enfin, les familles qui ne souhaitent pas consommer dans les restaurants peuvent pique-niquer autour de petits braseros. Et lorsque l’on demande à Rodolphe Gélis la raison pour laquelle il a fait le choix de rentrer en Champagne avec une carrière en cours à l’international, il explique qu’il aurait été malheureux que la belle aventure familiale « made in France » soit rachetée par un conglomérat d’actionnaires quand Nigloland tend justement à se démarquer de ses concurrents…
L’Empreinte de fées…
Suite et fin de notre tournée champenoise au cœur de la Côte des Bars, terre de vignoble où près de 20% du raisin achève sa course en appellation Champagne. Une famille atypique et lumineuse nous accueille pour finir d’éclairer notre slow tour aubois. Là, trois générations cohabitent au service de la terre et du ciel, un monde de fée et de lutins égayé par une petite dernière malicieuse et gracile qui accompagne son vigneron de papa dans un atelier pédagogique visant à expliquer l’engagement de cette famille qui s’est convertie à la biodynamie et produit un champagne sans entrants chimiques, en étudiant la lune, le silice et les plantes, un cocktail détonnant mêlant bouse de vache, corne enterrée et eau dynamique. Peu après, Delphine, biologiste et écologue, nous fait une lecture de paysage afin que nous saisissions plus concrètement combien la Côte des Bars et ses coteaux boisés, truffés de haies, est propice au bio, avec ses écosystèmes régénérés.
Alors, quand on déguste ce champagne maison sous l’œil bienveillant du patriarche vigneron depuis des générations, on comprend qu’il y a là bien plus que du raisin et de la terre…. Et afin de transmettre toujours plus ces expériences et d’initier au gout et au savoir-faire au-delà de la simple dégustation, Delphine a imaginé l’Empreinte des fées, un ensemble d’ateliers ou modules ou vous pourrez vous initier aux mystères de la vigne, découvrir la truffe d’automne (Delphine est aussi trufficultrice !) au cœur de la forêt de Clairvaux, visiter la cave, parcourir le vignoble, résoudre des énigmes et jeux de pistes, autant de façon d’aborder la vigne, la forêt et la biodiversité locale. Ou comment repartir avec des bulles plein la tête et des étoiles plein les yeux !
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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