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Comment un tourisme plus vertueux est-il possible ?

| Publié le 22 septembre 2021
Thèmatique :  Conseils   Guides   Tourisme de masse 
             

La troisième table ronde consistait à débattre des vertus du tourisme. Marie-Julie Gagnon, autrice québécoise et chroniqueuse voyage, a ainsi débuté en rappelant qu’à la question « pourquoi voyage-t’on ? », il y aura certainement autant de réponses que de voyageurs : pour fuir quelque chose, être en quête d’autre chose, comme moyen thérapeutique…

Mais une chose est certaine : le voyage rend heureux. Une étude américaine sur la durabilité du bonheur a ainsi montré que les expériences liées au voyage apportent un bonheur plus durable que l’achat de biens matériels.

Une des vertus du voyage est, pour Marie-Julie Gagnon, de nous forcer à nous voir autrement grâce à la rencontre avec l’autre. En voyage, on regarde ce qui est différent / intéressant chez l’autre, ce qui nous oblige à réfléchir à nos habitudes, à notre manière de vivre et de nous comporter.

Mais face au dérèglement climatique, doit-on encore voyager ? Sa réponse a été sans équivoque un grand oui, mais il faudra à terme voyager différemment.

Et comme un écho aux réflexions de la deuxième table ronde, Marie-Julie Gagnon a insisté sur le fait que le voyage est un privilège, situation rappelée par la crise sans précédent de l’année dernière. Il faut savoir en profiter et surtout tout faire pour le préserver.

A sa suite, Saskia Cousin, une anthropologue qui vit et travaille au Sénégal sur l’usage des loisirs et les relations au temps, a repris la même conclusion : la pandémie nous a permis de redécouvrir à quel point le voyage est un privilège, mais également nous a forcé à redécouvrir des pratiques plus locales.

Mais d’une manière générale, elle a rappelé tout de même que 80 % des touristes français restaient déjà en France : la part du tourisme domestique était ainsi déjà prédominante avant la pandémie.

Elle a ensuite développé la théorie de l’emprise sur nos imaginaires des thématiques de l’aérien et de l’hébergement qui sont associées aux vacances avec cette idée sous-jacente qu’il faut avoir des pratiques distinctives du quotidien en vacances, comme partir à l’étranger.

Par l’histoire chrétienne, le tourisme doit également être « occupé », l’oisiveté ayant une valeur négative dans nos inconscients occidentaux. C’est la notion de valence différentielle : à l’actif, on associe le positif et le masculin, tandis qu’au passif, on associe le négatif et le féminin. Dans d’autres cultures, comme en Asie, le passif est au contraire perçu comme une vertu, car quelqu’un de passif est une personne qui sait se contrôler. Il faudrait donc redonner de la valeur à l’immobilité active ou à la mobilité passive pour que nous puissions réenchanter des voyages plus vertueux.

En conclusion, Saskia Cousin a indiqué que des choix politiques seront nécessaires pour faire évoluer l’avenir (ou même à-venir) du tourisme. Elle a en effet préféréce terme à celui du futur (utilisé pour annoncer le colloque), car ce dernier sous-entend des notions de progrès qui ne sont pas nécessaires à ses yeux.

Pascale Schuddings, la directrice belge de Visit Flanders, a évoqué ensuite le cas de la Flandre et notamment de Bruges qui fait face à un afflux majeur de touristes depuis plus de 10 ans. Et si, comme cela a été évoqué lors de la deuxième table ronde, « mesurer, c’est savoir », elle a insisté sur la nécessité d’écouter les habitants pour comprendre leur ressenti.

Le tourisme ne doit en tout cas pas être une fin en soi pour une destination, mais plutôt un moyen que tous (habitants, touristes, entreprises…) trouvent un équilibre qui satisfassent tout le monde.

Pour y parvenir, les projets touristiques qui peuvent prétendre à des subventions doivent obligatoirement être validés par la communauté. Avec ce soutien, il est fort à parier que les projets seront plus durables.

La table ronde s’est terminée avec l’intervention du philosophe Charles Pépin. Il nous a rappelé que le voyage est l’occasion d’une autre rencontre avec soi-même. La rencontre de l’autre permet de voir qu’il y a un autre en soi.

Voyager, c’est habiter poétiquement le monde, car on est dans une présence différente. Le mouvement qui fait sortir de chez soi est aussi un mouvement qui fait sortir hors de soi.

Le voyage permet ainsi de découvrir ses multiples identités, grâce à une sorte d’agrandissement du rapport au monde : on se rencontre soi, on rencontre l’autre et on rencontre le monde. C’est la synthèse des 3 qui fait le voyage.

Mais le voyage nous apprend aussi qu’on peut être chez soi loin de chez soi (un peu comme quand on se sent naturellement à l’aise chez des amis).

Le voyage permet également d’apprendre à aimer ce qui est surprenant, d’avoir un autre rapport à l’étrangeté. Il faut ainsi accepter d’être un peu perdu, accueillir l’altérité. Cela signifie également d’accepter de rater des choses, d’en voir moins, mais mieux. Si l’on a eu une seule émotion devant un des tableaux du Louvre, il n’est pas nécessaire de s’obliger à « faire » toutes les autres salles. Il ne faut pas chercher l’exhaustivité, mais plutôt l’émotion.

Les deux dernières tables rondes sur les thèmes « Tourisme et politiques culturelles » et « Rencontres professionnelles : évolution ou révolution ? » ne sont pas restituées, car l’auteur n’a malheureusement pas pu y assister.

Pour retrouver le programme complet du colloque et une présentation des intervenants : https://www.nantes-tourisme.com/fr/colloque-le-tourisme-du-futur


Comment un tourisme plus vertueux est-il possible ? | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Alexandre Tisné-Versailles
Créateur d'activités touristiques innovantes (cabanes dans les arbres, escape game, jeux de piste dans des châteaux…), citoyen engagé dans le Développement Durable et voyageur responsable avec 2 tours du monde au compteur. Rédaction d'articles sur le tourisme durable et la littérature de voyages.
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