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Pacifique Sud Exotique

Le véritable coût des low costs

| Publié le 15 mars 2019
Thèmatique :  Conseils   Tourisme de masse 
             

On estime aujourd’hui que 18% de la population mondiale est déjà montée dans un avion et, au train où vont les choses, ce pourcentage devrait doubler d’ici 2035. Ce qui représente plus de sept milliards de personnes dans les airs. Une aubaine pour les compagnies low costs ? Sans doute mais avec un prix cher à payer tant sur le plan humain, qu’écologique et social. Bilan sur un modèle économique certes rentable pour certains mais à quels prix ?

Le modèle économique du low cost

Depuis deux bonnes décennies, les avions low cost moyen courrier – vols de moins de trois heures – ont envahi les couloirs aériens européens. Mais qu’entend-on par low cost? Il s’agit d’un modèle économique concurrentiel qui repose sur une équation simple : simplifier les produits et les services pour diminuer les coûts et les prix. Rien à voir avec la pratique des promotions ou des soldes bien que les compagnies low cost s’y mettent aussi occasionnellement pour être encore plus compétitives. Il n’y a pas pourtant pas de miracle et payer son billet d’avion à des prix défiant toute concurrence se fait forcément sentir …

… au détriment de la sécurité

Quand on associe low cost et sécurité, le terrible crash du vol de German Wings – la compagnie low cost de Lufthansa – revient à la mémoire. Le 24 mars 2015, le pilote de l’appareil s’enferme seul dans la cabine de pilotage et plonge l’avion dans une chute suicidaire qui coûte la vie à 150 personnes. L’enquête révèle rapidement que German Wings n’avait aucune idée de l’état de son pilote, lequel ne bénéficiait d’aucun suivi médical sérieux. Pourtant, il n’aurait jamais dû voler. Cet exemple extrême devrait mettre en garde mais au nom du sacro-saint coût d’exploitation, les low costs continuent à embaucher des pilotes dans des conditions limites. Ces derniers ne sont en effet pas traités par leurs compagnies à la hauteur de leurs responsabilités (horaires, salaires, conditions de travail…). Le prestige de voler ou d’être pilote ne doit quand même pas se faire au détriment de la sécurité. D’ailleurs, depuis quelques années, les protestations se multiplient : en 2015, les pilotes d’Air France refusaient les conditions de travail de Transavia, la low cost de la compagnie française. Pendant l’été 2018, les pilotes de Ryanair se sont mis en grève simultanément dans cinq pays. Bref, il semble que le personnel se rebiffe enfin.

… au détriment de la planète et de son patrimoine

L’avènement des low costs a aussi contribué à développer une nouvelle façon de voyager. On voyage presque comme on respire – gardez toutefois en tête qu’aujourd’hui l’aviation est responsable de 2% des émissions de CO2 sur la planète – . Il n’y a qu’à se balader dans les aéroports londoniens de deuxième zone un vendredi pour découvrir une faune d’excités tout contents d’aller écumer les bars d’une destination européenne aux échoppes tout aussi low cost que leur vol… La compagnie peut être rassurée, ceux-là consommeront dans l’appareil et rempliront les caisses des hôtesses et des stewards, eux aussi sous-payés et du coup pas toujours aimables… Cette nouvelle consommation du voyage n’arrange pas notre planète et l’empreinte éthylique ne se substitue pas à l’empreinte carbone. Ça se saurait. De plus, c’est toute une économie locale qui est délaissée. Les stations balnéaires anglaises, par exemple, sont en désuétude depuis une génération et le tissu économique local sinistré. C’est tout un patrimoine en perdition.

… et au détriment des passagers

« Chouette, j’ai trouvé un aller-retour Marseille-Londres pour moins de 40 euros » ! Quelle aubaine… Mais attention aux frais cachés : l’enregistrement en ligne obligatoire sous peine d’amende, les excédents bagages, le placement dans l’avion, l’assurance qui se rajoute quasiment toute seule sur le site si on ne fait pas attention à décliner des cases… Voici tout un tas de leurres sournoisement pensés pour récupérer des sous sur chaque billet vendu… Et encore, il y a une dizaine d’années, Ryanair a même envisagé de faire payer les toilettes à bord, et plus récemment de faire voyager les gens debout ! Les frais cachés et sournois ne sont pas les seuls composants de l’iceberg enfoui, regardez aussi les horaires. Quand il faut partir à 6h40 de Londres ou plutôt de l’aéroport de Stansted, vous en avez pour 60 euros de taxi… Ou alors vous serez condamné à attendre le bus en vous gelant dans les courants d’air d’une station de bus peu accueillante ! Bref, les 40 euros se payent et doublent, voire triplent facilement. On peut ajouter à la mauvaise recette du vol qui est censé ne pas coûter cher les retards plus nombreux que pour les compagnies normales et du coup les consommations qu’on prend pour arriver à supporter l’attente et les autres qui peuvent très vite devenir … l’enfer.

Que faire ? Bien sûr, il existe une solution drastique : ne plus prendre de low cost et privilégier des compagnies plus « ecologically correct », ou qui ont au moins des programmes de compensation en matière d’émissions de dioxyde de carbone. Vous pouvez aussi changer de mode de déplacement et notamment prendre le train, ou pratiquer le co-voiturage. Dans ce cas, bien sûr, oubliez les weekends à Vilnius ou à Naples et profitez-en pour découvrir des destinations plus proches en prenant le temps d’y arriver… Quant à l’avenir du concept low cost, il n’est pas prêt d’être aspiré dans le Triangle des Bermudes puisqu’il gagne les longs courriers comme ceux de la compagnie Norwegian pour les Etats-Unis par exemple. Il gagne aussi d’autres secteurs tels que l’hôtellerie, la location de voiture, le train… Aïe. Vive la Slow Life et un minimum de services, quand même !


Le véritable coût des low costs | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Elisabeth Blanchet
Ancienne prof de maths, je me suis reconvertie dans le photo journalisme en 2003 à Londres où je vivais. J’ai travaillé pour différents magazines dont Time Out London et j’ai développé des projets à longs termes dont un sujet les préfabriqués d’après-guerre, une véritable obsession qui perdure, les Irish Travellers -nomades Irlandais- dans le monde, les orphelins de Ceausescu - je suis des jeunes qui ont grandi dans les orphelinats du dictateur depuis 25 ans -. Je voyage beaucoup et j’adore raconter des histoires en photo, avec des mots, en filmant, en enregistrant… Des histoires de lieux, de découvertes mais surtout de gens. Destinations de cœur : Royaume-Uni, Irlande, Laponie, Russie, Etats-Unis, Balkans, Irlande, Lewis & Harris Coup de cœur tourisme responsable : Caravan, le Tiny House Hotel de Portland, Oregon – Mon livre de voyage : L’Usage du Monde de Nicolas Bouvier – Le livre que je ne prends jamais en voyage : L’oeuvre complète de Proust à cause du poids – Une petite phrase qui parle à mon cœur de voyageur : « Home is where you park it »
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