#TourismeDurable
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Entreprendre le monde : un couple, deux vélos, à travers l’Europe

| Publié le 21 mai 2018
Thèmatique :  Monde   Portrait   Routes du Monde   Vélotourisme 
             

Jusqu’à son récent départ en voyage, Mila travaillait dans le monde de l’économie collaborative. Très sensible à de nombreuses causes, son engagement a commencé lorsqu’elle était toute petite. Grande fan des animaux, elle lisait ses fiches WWF le soir avant de s’endormir, et est d’ailleurs rapidement devenue végétarienne ! Quand son projet de partir voyager s’est lancé, elle ne se sentait pas à l’aise avec cette idée de “consommer le monde” (qui commence dès l’achat du billet d’avion). Elle a alors décidé, avec son copain Denni, de partir à vélo. En 2017, ils ont effectué leur premier tour d’Europe à vélo : 8000 km parcourus à travers 17 pays, en 7 mois. Et ils repartent d’ailleurs pour un second tour du vieux continent mi-juin 2018 !

Mila et Denni voyagent à vélo à travers l’Europe

Une anecdote de voyage liée aux problématiques de tourisme durable ?

Mila : « Je trouve super que le tourisme à vélo se développe. C’est une excellente opportunité et c’est durable. Le cyclotourisme offre d’ailleurs un merveilleux passe-temps aux personnes âgées (il y a beaucoup de jeunes retraités sur les routes). Les eurovélos sont en cours de réalisation un peu partout en Europe et les circuits connus, comme l’Eurovélo 6, sont plutôt fréquentés. Ça fait chaud au cœur !

En Croatie, l’Eurovélo 8 longera à priori toute la côte. Néanmoins, ce dernier n’est pas encore réalisé. En pratique, les cyclotouristes sont déjà bel et bien présents et suivent déjà les tracés probables de la future véloroute, tout comme nous l’avons fait. C’est l’un des pays où nous en avons croisé le plus de monde, alors que nous étions hors saison !

Le souci, c’est qu’aujourd’hui, il s’agit d’une double voie dangereuse où les cyclistes sont plutôt maltraités. En fait, pour être honnête, j’ai même vu ma vie défiler à plusieurs reprises… Selon moi, il y a deux grosses problématiques concernant cette destination :

1/ La première concerne la géographie du pays. J’ai peur que, par manque de volonté, la Croatie réalise l’eurovélo 8 en faisant passer les cyclotouristes sur les routes parallèles. Certes ces dernières sont calmes, mais inadaptées au voyageur à vélo qui trimbale tout son matériel avec lui. Pour prendre les routes parallèles, il ou elle devra au minimum affronter 600 m de dénivelé positif. Et il faudra redescendre régulièrement, car, là-haut, il n’y a rien : pas de ville, quelques petits villages, pas de boutiques pour se rassasier, des frontières réservées aux locaux, quelques côtes à 12 – 15%… Bref, cet itinéraire découragerait un cycliste en deux jours.

2/ La seconde problématique c’est que la route principale n’est déjà pas bien large. Actuellement, elle ne permet pas de réaliser une piste cyclable en double-sens. Les frais générés par la réalisation de l’eurovélo 8 ainsi seraient sans doute trop importants.

Le souci, c’est que si cet itinéraire n’est pas réalisé correctement, cette destination phare restera dangereuse. Mais, je crois que mon hypothèse est en bonne voie, car sur notre route, quelques panneaux indiquaient déjà aux cyclistes de prendre les routes parallèles en Croatie. Envoyés sur ces routes bien trop physiques, les cyclovoyageurs reviendront vite sur la route principale, plus facile à suivre. La communication autour de l’Eurovélo 8 une fois réalisée, augmentera la fréquentation. Si le gouvernement ne fait pas une campagne de sensibilisation des automobilistes sur la route principale, il y aura de graves accidents.

La Croatie est un exemple particulièrement fort, mais il nous est arrivé à plusieurs reprises de devoir prendre la route pour des raisons toutes bêtes. En Hongrie, nous nous sommes retrouvés dans un champs en suivant l’Eurovélo 6 et c’était bien le bon chemin. En Serbie, on faisait des centaines de kilomètres de détour dans des zones sans grand intérêt. Alors, on a fini par prendre la route.

Selon moi, le voyage à vélo explosera dans les prochaines années. Et c’est une bonne nouvelle car c’est un très beau moyen de voyager. Mais c’est important que les gouvernements investissent dans des structures adéquates pour recevoir tous ces nouveaux touristes. C’est bien beau de réaliser des itinéraires cyclables, mais il faut qu’ils soient réellement praticables !« 

Sur les routes parallèles de la Croatie

Ta définition du tourisme responsable ?

Mila : « En ce moment, il y a un mouvement qui marche beaucoup : celui des circuits courts. D’ailleurs, mes amis, collègues, connaissances sont plutôt de grands adeptes ! Ils font leurs courses au niveau local et consomment mieux. Mais en ce qui concerne le voyage, ils sont tout le temps en vadrouille, à l’autre bout de l’Europe ou de la Terre. Je comprends tout à fait leur envie. Il y a d’ailleurs quelques années, j’étais la première à tout faire pour fuir ma vie parisienne. Les billets d’avion pour Budapest étaient moins chers qu’un billet de train pour une petite ville française, alors je filais partout en Europe.

Puis, un jour, j’ai changé. J’ai décidé de favoriser des destinations accessibles en train et je réservais en billets prem’s. Certes, c’était une autre organisation et nos week-ends étaient prévus longtemps à l’avance. Mais au moins, on pensait aux conséquences de nos mouvements.

Je rêve que les gens voyagent davantage localement. En fait, pourquoi ne pas faire un gros voyage une fois par an, sur une plus longue période et rester responsable pendant toute l’année ? Pourquoi ne pas prendre un vélo au lieu d’un avion pour un petit week-end de deux jours ? Ou encore le train et un petit sac à dos pour randonner un peu en Auvergne ? En fait, il y a des dizaines de manières d’éviter de consommer la planète tout en voyageant.

Je rêve aussi que cette mode du tour du monde tarisse peu à peu. J’ai l’impression que notre monde nous presse, nous faisant croire qu’on risque de le regretter si on ne fait pas tout, tout de suite, maintenant. Alors on achète un ticket tour du monde… Et on fonce, partout, au plus vite, voir les sites les plus connus. Mais pourquoi tout faire maintenant ? Et pourquoi vouloir tout faire ? Prendre son temps, s’imprégner, vivre et manger comme un local, c’est aussi ça ma définition du tourisme durable. « 

Bivouac dans un camping abandonné au bord du lac d’Ohrid, en Macédoine.

Et à travers ton rôle de blogueuse-voyageuse ?

Mila : « À travers mon blog, je tente de favoriser le développement du tourisme à vélo. Selon moi, les gens s’intéressent de plus en plus aux voyages alternatifs et les pistes cyclables qui se développent un peu partout aideront à cette alternative.

En fait, ce qui est intéressant pour mes lecteurs je crois, c’est que je n’avais jamais fait de vélo avant de partir. Je suis une personne plus que lambda. Je le dis régulièrement : je ne suis pas fan de vélo, même encore aujourd’hui. Je le vois comme un moyen de transport et une manière de voyager durable, géniale, qui permet de faire des tonnes de rencontres. Mais, je n’aime pas ça en soit. Si ce n’était pas pour le voyage, on ne me verrait pas souvent sur mon biclou ! Pourtant, j’adore le voyage à vélo et j’attends avec impatience de repartir en avril. Étonnant, non ?

Ce que je trouve chouette et que j’aime partager via mon blog, c’est la liberté que le voyage à vélo procure. Pas d’horaires, une tente en cas de besoin, une douche portable si l’on veut et de quoi se faire à manger, tout le temps sous la main. Et puis, la fréquentation des routes nous poussent vers les toutes petites routes et les petites bourgades. On dort au bord d’une rivière, dans le jardin des locaux, sur un terrain de foot. C’est là que la rencontre se fait et que c’est enrichissant !

Je suis plus que comblée, lorsqu’une personne me dit que mes récits ont terminé de la convaincre de franchir le cap. On me réclame de plus en plus d’informations pratiques, c’est un vrai plaisir pour moi :-)« 

Le premier col de notre tour, entre la frontière suisse et allemande : à 900m seulement, mais une sacré grimpette !

D’autres blogs de voyage à nous recommander ?

  • Enjolivélo : ce sont probablement les cyclovoyageurs les plus impressionnants que je connaisse. Ils ont réussi le pari de voyager à vélo pendant 17 mois, avec un bébé de 5 mois, leur matériel d’escalade, tout en conservant un régime végane ! Nous sommes définitivement des petits joueurs…  
  • Mi fugue – mi raison : parce que j’adore leur blog, le ton qu’ils emploient, leurs petits dessins du lundi et leur façon de voyager, très lente et donc, respectueuse.  
  • Deux évadés : les Deux Evadés, actuellement au Chili, ils  sont super engagés, et ça fait plaisir à lire.

Un grand merci à Mila pour ce moment de partage !

———— ALLER + LOIN ————

Visitez son blog : www.entreprendrelemonde.com


Entreprendre le monde : un couple, deux vélos, à travers l’Europe | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Florie Thielin
Florie Thielin fait partie du collectif de voyageurs-rédacteurs-journalistes de Voyageons-Autrement. Elle accompagne aussi des professionnels du tourisme dans leur stratégie marketing et digitale. Originaire d'un petit village dans la vallée de la Loire, elle vit aujourd'hui à Lyon. Elle a aussi vécu en Russie, Allemagne, Nouvelle Zélande et Espagne. Mais sa plus grande aventure fut en Amérique Latine où elle a sillonné les routes de 16 pays, de Cancun au Cap Horn, pendant près de deux ans. Elle troquait alors ses compétences en marketing pour le gite et le couvert, tout en réalisant des interviews-vidéos sur le tourisme plus responsable avec ses amis d'Hopineo. Elle a aussi mis à jour le guide de voyage du Petit Futé Nicaragua-Honduras-Salvador.
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