Grand Sud algérien : périple en terres touarègues, dans le massif du Tassili N’Ajjer

La « destination Algérie » n’est pas encore une évidence. Le pays recèle pourtant d’atouts qui tiennent tout autant à la variété de sa topographie qu’à son patrimoine culturel et historique, sans parler de la tradition d’hospitalité de son peuple et de sa gastronomie. Cités balnéaires nichées sur un superbe littoral méditerranéen, villes radieuses à découvrir le nez en l’air et l’esprit grand ouvert, massifs montagneux luxuriants et vivifiants… L’Algérie déploie une myriade de perspectives pour le voyageur. L’une des plus fascinantes émane du mythique Sahara, qui couvre près de 90 % du pays. Zoom sur une région emblématique du Grand Sud algérien, au gré d’une itinérance au cœur du Parc culturel du Tassili, en compagnie de Moussa Zamaki, notre guide Touareg.

Une diversité de paysages, une unité d’émerveillement

Disons-le d’emblée : la rencontre avec le Sahara sera source d’émotions, mais aussi d’étonnement. L’image d’une succession de dunes de sables, plus majestueuses et graphiques les unes que les autres, à perte de vue, comme seul horizon, est un mirage. La réalité est tout autre…

Notre périple commence à Djanet, oasis nichée au sud-est du Sahara algérien et capitale du Tassili N’Ajjer, dont elle est la porte d’entrée grâce à son aéroport. À partir de là, la traversée de l’oued d’Essendilène et de ses canyons époustouflants nous plonge dans un véritable décor de western. Sur le plateau d’Ihrir, où nous passons la nuit dans une zeriba communautaire (ce sera la seule nuit passée sous un toit), nous admirons en contre-bas l’oued d’Idaran, sa palmeraie et le campement touareg, fait d’enclos, de silos de séchage des dattes et de petites zeriba en pierres. C’est dans ce canyon que nous descendrons marcher le long de l’eau, dans laquelle baignent les palmiers… que nous imiterons avec délice.

Après l’arrêt au village d’Ihrir pour un couscous dans la famille de Saya, qui accompagne Moussa, nous découvrons les magnifiques gravures du site de Tin Taghirt, sur le plateau de Dider, témoignages de la faune diversifiée d’un Sahara verdoyant aujourd’hui disparu : autruches, gazelles, girafes, buffles… Les gravures sont d’une incroyable finesse et modernité, parfaitement conservées malgré leurs 10 000 ans d’âge, à l’instar de l’ensemble des œuvres rupestres, peintures et gravures, qui fourmillent au sein du Parc culturel du Tassili, l’un des musées d’art préhistorique à ciel ouvert le plus vaste du monde. Nous admirerons également durant notre périple de nombreuses peintures pariétales ainsi que la légendaire « Vache qui pleure », gravée sur un immense monolithe émergeant du sable et datée de plus de 7 000 ans. La découverte de ces œuvres gagne en émotions grâce aux explications de notre guide, fier et ému de partager avec nous le patrimoine et l’histoire du peuple Touareg.

Au fil du voyage, les paysages du Tassili N’Ajjer, particulièrement tourmentés, se font tantôt lunaires, tantôt surréalistes, toujours époustouflants : immenses plaines rocheuses, forêts de monolithes sombres creusées de failles et de canyons, arches et obélisques de grès, cathédrales de roches ocres semblant avoir été « coupées à l’épée » tel l’imposant site de Tikobawin… Nous y découvrons aussi l’ambiance merveilleuse d’une guelta, cavité creusée au fond d’un canyon, où l’eau, ressource précieuse s’il en est, s’est accumulée.

L’erg Admer, immensité de sable de 100 km de long et 200 km de large, aperçu à l’horizon au gré de nos déplacements, nous offrira quant à lui un fabuleux décor de carte postale : un sable doux comme une caresse sous nos pieds et un chapelet de dunes dorées aux crêtes effilées et aux flancs tantôt striés de rides, tantôt immaculés, tantôt dans l’ombre, tantôt baignés de lumière… Magique.

Programme sur-mesure et logistique « aux petits oignons »

La réussite de notre séjour tient en premier lieu à la qualité de notre accompagnement. Dans un pays où ils sont souvent marginalisés économiquement et culturellement, en première ligne face au dérèglement climatique, les Touaregs sont nombreux à s’être sédentarisés et tournés vers le tourisme comme moyen de subsistance. C’est le cas de Moussa Zamaki, parfaitement francophone et guide aguerri, qui a su adapter le séjour en fonction de nos attentes. Trois heures de marche quotidiennes, pour laisser du temps au repos, à la discussion, la rêverie ou encore la lecture et l’écriture. Pour autant, notre guide organise tout aussi bien des séjours plus « sportifs », trekkings ou méharées-randonnées, sur le plateau du Tassili ou dans la Tardrat rouge.

Chaque soir, la recherche du lieu de bivouac suscitait des discussions étoffées entre nos guides, discussions parfaitement nébuleuses pour nous qui ne comptions que trois mots de Tamasheq à notre vocabulaire : Tanemert (merci), Madjian (bonjour) et Artoufat (bonne nuit) ! Les nuits « à la belle étoile », entourés de roches majestueuses et coiffés d’une voûte céleste prodigieuse, furent une expérience saisissante, inoubliable. Si la présence de l’astre, rond et lumineux au-dessus de nos têtes, n’avait pas démenti notre impression, nous aurions pu nous croire sur la lune !

Côté confort, les matelas individuels nous ont offert de bonnes nuits de sommeil. Quant aux températures – notre séjour s’est déroulé fin février, les équipements adaptés nous ont préservés du froid nocturne (entre 5 et 7 degrés) et de la chaleur – modérée – en journée (entre 25 et 30 degrés).

Et que serait la découverte d’un pays et de sa culture sans l’initiation à sa gastronomie ? De ce côté-là aussi nous fûmes gâtés. La logistique culinaire, parfaitement maitrisée par nos guides, nous a régalés à chaque repas, avec des produits frais et variés, mitonnés avec soin. Une mention spéciale pour la Taguella, pain confectionné sous nos yeux et cuit sous la cendre. Sans compter le petit-déjeuner, au pain grillé directement dans la braise et tartiné de Vache qui rit, véritable star dans la région. Enfin, le rituel ancestral du thé, ses gestes lents et maitrisés, le temps suspendu… fut une expérience fascinante. Ce rituel compte trois tournées traditionnelles, préparées sans changer les feuilles mais en rajoutant du sucre. D’où le proverbe Touareg, « le premier thé est âpre comme la vie, le deuxième thé est doux comme l’amour, le troisième thé est suave comme la mort. » Et, selon nos guides, le quatrième… pour les enfants ! Ces moments de partage furent riches d’échanges et de rires, nos amis Touaregs excellant dans l’art de la devinette…

Une expérience humaine incroyable, à vivre en toute confiance.

A suivre, très bientôt : une interview de notre guide Moussa ZAMAKI

Contact pour plus d’informations

Email : m.touareg@yahoo.fr
WhatsApp : 00213 663 25 96 36

Infos pratiques

• Saison touristique : d’octobre à mars inclus.
• Programme « visa à l’arrivée » à l’aéroport de Djanet (se renseigner auprès des instances consulaires algériennes) pour des démarches facilitées.