Rencontre avec Moussa Zamaki, guide touareg dans le Sahara algérien

« Au bout de la patience, il y a le Ciel », dit un proverbe touareg. Je ne vous promets pas tant, mais au bout de votre patience, je vous livre enfin l’interview de notre guide touareg Moussa Zamaki officiant dans le Grand Sud algérien, au cœur du Sahara. L’article relatant notre périple dans le Tassili-n-Ajjer est à (re)découvrir ici : périple en terres touarègues, dans le massif du Tassili N’Ajjer

Les racines d’un enfant du désert

Voyageons-autrement : Moussa, pouvez-vous nous parler de vos racines touarègues ?

Moussa Zamaki : Je suis né à Djanet (oasis et principale ville du sud-est du Sahara algérien, ndlr) et j’ai grandi entre Djanet et le désert. Mes parents sont Touareg, mais c’est ma grand-mère maternelle qui m’a appris la vie touarègue : comment se déplacer dans le désert, se diriger grâce aux rochers et aux arbres, trouver des gueltas (points d’eau), du bois pour le feu, distinguer les traces des animaux — chacals, gazelles, mouflons, gerboises, oiseaux, serpents — repérer les plantes médicinales ou encore détecter les signes d’une tempête de sable.

Ma langue maternelle est le Tamasheq que je parle avec ma famille, mes amis et tous les Touareg. Je parle aussi l’Arabe, ainsi que le Français, que j’ai appris à l’école.

Devenir guide : une adaptation au changement

VA : Comment devient-on guide touristique quand on est Touareg ?

MZ : La sédentarisation des Touareg et les difficultés liées au dérèglement climatique nous ont obligés à nous adapter. Le tourisme existe ici depuis plusieurs décennies. Au départ, il concernait surtout la découverte des œuvres pariétales, très nombreuses dans la région (le Parc culturel du Tassili-n-Ajjer est l’un des plus vastes musées d’art préhistorique à ciel ouvert au monde, ndrl).

Je suis guide depuis 2002. J’ai commencé à travailler à 17 ans avec différentes agences comme guide, chauffeur et cuisinier. J’ai appris à cuisiner en observant les Touareg plus expérimentés. Il faut une bonne organisation pour penser à tout selon le nombre de personnes dans les groupes. J’ai également appris à réparer les véhicules : c’est indispensable dans le désert.

Le tourisme renaît dans le Sud algérien

VA : Comment se porte l’activité touristique aujourd’hui ?

MZ : On accueillait déjà un important tourisme national et international avant le COVID. La reprise après la période de COVID a été très importante, surtout avec l’ouverture d’une ligne directe entre Paris et Djanet en décembre 2022. J’ai participé à son inauguration, avec d’autres Touareg

Des séjours entre dunes et silence

VA : Quels types de séjours proposez-vous ?

MZ : Nous accueillons des groupes, déjà constitués ou non, de 3 à 15 personnes, d’octobre à fin avril pour profiter de conditions météorologiques idéales. Nous adaptons chaque séjour aux attentes des voyageurs : sous la tente ou à la belle étoile, en formule tranquille avec quelques heures de marche par jour, ou plus sportive en trekking ou en méharée, sur le plateau du Tassili ou à la Tadrart Rouge.

Un lien spirituel et culturel avec le désert

VA : Pour conclure, parlez-nous de votre rapport au désert et à votre culture.

MZ : Ce qui me rend heureux dans le désert, c’est le silence, l’espace et le feu du soir, autour duquel on raconte des histoires en buvant les trois thés.

Nous, les Touareg, nous aimons les histoires longues, nous aimons les écouter. C’est la tradition : autrefois c’est par ces histoires que les Touareg avaient des nouvelles des uns et des autres, de leurs troupeaux. Nous aimons les détails. Pour nous, c’est comme ça qu’une histoire doit être racontée. Nous voulons continuer à faire découvrir le désert et à en prendre soin.

Nous voulons continuer à faire découvrir le désert et à en prendre soin.

Contact : Moussa ZAMAKI – Agence Tissoukai Djanet
Tél. : +213 663 259 636
Email : m.touareg@yahoo.fr