L’ESCAET : une école de tourisme et bien plus encore…
Etudiants, professionnels, entrepreneurs, l’ESCAET n’a cessé d’élargir sa palette d’offres en formations et accompagnements pour embrasser l’ensemble des métiers du tourisme et les nombreux enjeux d’un monde qui change. Rencontre avec Laurie Larchez, sa nouvelle directrice des opérations, qui imprime son engagement à une école plus que jamais tournée vers les défis du futur.
VA/ Pourriez-vous nous présenter l’ESCAET ?
Ecole supérieure de commerce spécialisée dans l’industrie touristique, nous existons depuis 1984. Basés à Aix en Provence, nous formons nos étudiants sur l’ensemble de l’industrie touristique, soit les trois pôles que représentent les métiers du tourisme (clientèle loisir), le voyage d’affaire (Business Travel) et l’Evènementiel et MICE. Cela se traduit concrètement par deux formations, un Bachelor spécialisé Travel, titre reconnu par l’Etat et correspondant à un BAC+ 3.* ; un MBA International Travel Management, titre reconnu par l’Etat et correspondant à un BAC +5 que l’on intègre après un bac + 3. Enfin, nous proposons également des parcours de formation pour les professionnels et un accompagnement auprès des porteurs de projets grâce à notre incubateur Provence Travel Innovation (PTI).
VA/ Vos étudiants viennent donc d’horizons très divers…
La moitié de nos étudiants en Bachelor viennent de BTS Tourisme et beaucoup de DUT, Tech de Co, etc. Pour le MBA, nous acceptons toutes les formations car nous faisons une remise à niveau de l’ensemble des pans de l’écosystème touristique. A noter que nos formations sont en temps plein avec quatre mois de stage au cours des deux années d’étude et un stage de six mois en fin d’étude. Pour la rentrée 2021, nous prévoyons également un projet d’alternance pour notre Bachelor.
VA/ Des étudiants qui vont s’intégrer facilement dans le monde du tourisme ?
Aujourd’hui, nos Bachelor sont très opérationnels quand nos MBA peuvent prétendre à des postes de Junior managers puisque sur cette formation, on analyse davantage les stratégies de marché. Que ce soit en loisir, affaire, ou évènementiel, nos cours vont donc apporter de nombreuses thématiques transversales telles l’innovation, le développement durable, la gestion de projet IT, le management, l’entreprenariat, etc.
VA/ Et la part donnée au tourisme durable dans vos enseignements ?
Chez nous, le durable est avant tout un état d’esprit, un positionnement autour des trois piliers que sont l’économique, le social et l’environnemental. Cette thématique est donc infusée dans l’ensemble des différents parcours sans cours dédiés mais plutôt comme un ensemble de valeurs que l’on distille. Par exemple, lorsque l’on parle de l’aérien, des réceptifs locaux, du tourisme de masse voire du surtourisme, on aborde forcément ces questions. Toutefois, ces dernières années, la prise de conscience pour le tourisme durable s’accélère et pour aider nos apprenants à aller plus loin dans les labels et les normes, nous avons introduit différents formats pour transmettre notre expertise sur la RSE.
VA/ Avez-vous la sensation que cette envie de durable vienne aussi des étudiants ?
Tout à fait. Par exemple, si l’on regarde les stages vers lesquels se tournent nos MBA 2ème année depuis fin mars, on voit qu’ils sont nombreux à rechercher un tourisme de sens. Ainsi, une de nos étudiantes travaille actuellement chez Terres 2 Découvertes, un TO Créateur de safari sauvage qui favorise l’observation et la protection des animaux. Je suis d’ailleurs assez satisfaite que ce soit elle qui ait eu cette démarche suite aux enseignements et aux valeurs que nous avons pu lui transmettre. Une autre de nos étudiantes, Nolwenn Guillaume, issue d’une école d’ingénieur et passionnée d’agriculture, est en train de monter un projet de « verger enchanté » autour de la biodiversité. Enfin, un de nos étudiant est stagiaire au sein de Provence Tourisme et représente la marque « Tourisme & Handicap » et un dernier monte actuellement une offre bien-être au travail pour les entreprises au sein d’une salle de sport. L’ADN de notre école est donc de donner des clés à des jeunes qui vont sur des missions qui rejoignent leurs valeurs.
VA/ Et pourtant la période n’est pas simple…
Certes, la période n’est pas simple mais sur 80 apprenants MBA, seule une vingtaine n’ont pas encore trouvé leur stage. L’activité repart, les professionnels préparent leurs saisons en local. Beaucoup ont ouvert leurs portes à nos étudiants. En outre, envers et contre tout, on vit une période formidable, quand on regarde les projets portés par nos apprenants, il n’y a jamais eu autant de latitude pour aller là où on veut. Il faut préciser également que nous restons une école à taille humaine avec 220 étudiants, ce qui permet un accompagnement individuel. On connait chacun d’entre eux et on suit chacun de leurs projets.
VA/ Des projets et des envies d’un tourisme différent ?
Tout à fait, je suis une ancienne de l’école (diplômée en 2008) et je peux témoigner d’une réelle évolution des envies. A mon époque, on voulait pour la plupart aller vers des acteurs en ligne comme les OTA ou bien des grands TO de renom. Depuis quatre à cinq ans, à l’inverse, je sens une envie toujours plus forte d’aller vers des entreprises qui correspondent à des valeurs qui nous sont personnelles. Si nos étudiants ne se trouvent pas en harmonie avec leur employeur, ils ne postuleront même pas. Certains acteurs plus classiques n’attirent plus les jeunes. Il faut que l’entreprise leur corresponde humainement, qu’elle respecte l’humain, la planète, toutes les questions que l’on se pose.
VA/ Avez-vous également le sentiment que les étudiants souhaitent recentrer leur projet professionnel plus près de chez eux ?
On est vraiment confronté aux deux cas de figures. Certains ont compris que l’herbe était aussi belle à côté de chez soi et se passionnent pour leur territoire. Ils vont alors se recentrer sur les régions, les OT, les CRT, etc. ; puis il y a ceux qui ont toujours voulu partir loin mais qui pour l’heure sont obligés de s’adapter et de rester là. Après, en terme de formation, on fait en sorte qu’ils soient assez agiles en les accompagnant à la polyvalence pour éviter qu’ils entrent prématurément dans des cases.
VA/ Outre les étudiants, vous proposez également des offres de formation continue pour les professionnels du tourisme.
Tout à fait, depuis dix ans, nous avons développé une offre de formation continue pour les professionnels. On les accompagne sur des plans de formation et on les aide à monter en compétence. On accompagne également des personnes venues d’autres horizons soit à intégrer l’industrie du tourisme, soit à créer leur entreprise. Ces profils de personnes en reconversion ou de start-up viennent chercher chez nous des compétences très précises sur les rouages de l’industrie, le digital, etc. En outre, depuis deux ans, nous constatons une explosion de la demande autour du tourisme durable. Sur la RSE par exemple, on prend alors le temps d’évaluer les besoins, de voir quelle stratégie mettre en place, les labels et normes existantes, etc.
VA/ Les différents confinements ne vous ont pas trop compliqué les choses ?
Sur la période précédant le premier confinement, nous avions développé une trentaine de modules de formation à Aix ou à Paris… Avec le confinement, nous avons du passer au distanciel. Nous avons alors fait le choix d’investir dans une plateforme de formation 100% en ligne. En quelques mois, nous avons produit plus de 200 heures de contenus et depuis octobre, l’ensemble de nos thématiques sont disponible. Or cette dernière rencontre un vif succès car elle correspond complètement à la demande du moment : chacun se forme à son rythme, autant qu’il souhaite, peut repasser des modules. Depuis novembre, on a formé plus d’une centaine de professionnels avec un taux de satisfaction de 80%. Cela marche très bien, cela redonne du souffle aux personnes sans activités d’autant que le fond national pour l’emploi a pris en charge 100% des formations pour les salariés en activité partielle. La RSE est d’ailleurs l’un des thèmes les plus courus. Evidemment, quand on sortira de la crise, on réintégrera aussi des rencontres plus personnalisées.
VA/ Outre les étudiants et les professionnels, vous portez aussi une offre pour les entrepreneurs ?
Tout à fait, nous avons toujours accompagné les créateurs d’entreprises mais il nous manquait un outil pour aller vers les start-up, les porteurs de projets. Ainsi, en lien avec Provence Tourisme, Marseille Innovation et la Région Sud, nous avons monté Provence Travel Innovation (PTI) qui permet d’amener pour les futurs créateurs d’entreprise un pack de formation allié à du coatching extérieur et de la mise en réseau. L’ensemble a permis de prendre le relais de Tourism’Innov qui s’est arrêté en 2018, un outil alors au service de l’innovation touristique de notre territoire. Nous en sommes à présent à la 4e promotion et nous avons organisé un « Travel Camp », une forme de concours entre porteurs de projets pour en sélectionner dix au final. L’accompagnement est pris en charge par la région à hauteur de 12 000 € avec pour conditions que les projets soient engagés et durables, valorisent le territoire, autant de critères totalement en adéquation avec le tourisme durable.
VA/ Au final, l’ESCAET est plus qu’une école, c’est une véritable petite entreprise transversale axée sur la formation et la transmission de valeur.
Nous essayons effectivement de multiplier les initiatives. Nous avons aussi un magazine et nous organisons le Forum des Pionniers, un club des décideurs où l’on part trois à quatre jours avec des dirigeants du tourisme pour échanger autour de tables rondes. Mais la période n’est pas simple et nous nous sommes recentrés sur notre coeur de métier la formation. On mélange beaucoup nos publics, on mutualise, on organise des journées d’échange entre start-up et jeunes. L’important est de porter nos jeunes, de créer des histoires, de donner des clés de lecture. Un projet comme celui de Nolwenn Guillaume sur la biodiversité serait passé à la trappe il y a trois ans et vient d’être sélectionné par notre incubateur Provence Travel Innovation. Car tout est aussi question de temps, de moment, et les jeunes savent qu’il est urgent pour le tourisme de se réinventer.
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- Attention l’ESCAET ne propose pas de post bac, il faut avoir au minimum un bac +2 pour candidater.
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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