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Pacifique Sud Exotique

Audrey Baccara, la bifurqueuse : vis sa vie de maison d’hôtes

| Publié le 15 mars 2023
Thèmatique :  Acteur privé   Bons plans   Portrait 
             

Audrey, je l’ai rencontré quand je bossais au Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Elle tient une maison d’hôtes à Arengosse dans les Landes. Rapidement ça a matché entre nous. J’aime son caractère assumé et son engagement. Audrey c’est un peu un couteau suisse de l’accueil touristique, elle fait tout et à fond. Elle a créé un blog pour parler de son quotidien : bref, elle a une maison d’hôtes.

Audrey Baccara avec son compagnon Micha et leur mascotte de chien Bacchus devant leur maison d’hôtes landaise.

Du luxe alpin à la ruralité landaise

Notre Audrey vient de loin, après presque 10 ans à bosser dans l’immobilier de luxe, chargée de marketing à Megève et Lyon. Une vie décadente où l’argent coule à flot ! Comme beaucoup de pré-trentenaires, elle craque à cause du surmenage professionnel. En quête de sens, elle plaque tout et pose ses valises dans les Landes, à Arengosse, petite commune de 700 habitants à 30 minutes de Mont-de-Marsan. Elle casse sa tirelire pour s’offrir une des plus belles (je dirai même LA plus belle) maison bourgeoise du village et go, elle ouvre sa maison d’hôtes en 2017 : le Baccaralodge. Soucieuse de l’environnement, elle engage de gros travaux pour tendre vers une performance énergétique (isolation, raccordement, …). Un gros chantier sur l’extérieur avec plusieurs centaines de mètres carré de jardin à entretenir. Elle se fera aider par des artisans locaux et c’est là qu’elle rencontre son chéri Michaël. Elle s’implique rapidement dans la dynamique locale et valorise les savoir-faire locaux auprès de ses hôtes. Elle va en plus redécorer les chambres avec énormément de goût (Pinterest n’a qu’à bien se tenir !) principalement avec des objets de récup qu’elle restaure et retape. Sa clientèle, plutôt CSP+, arrive dans un établissement haut de gamme et repart sensibilisée au développement durable grâce à une prestation de qualité et engagée.

Déco soignée et de récup

Un tourisme artisanal, éco-positif, local et zéro déchet

Qui a dit que le tourisme haut de gamme ne pouvait pas être écolo ? La preuve au Baccaralodge où le moindre détail est pensé éco-responsable et qualité. Son crédo ? « Un lieu où bon sens, raffinement et engagement se marient à la perfection » avec comme mantras : autonomie maraîchère, déco inspirée de la nature, soutien aux circuits courts. Elle passe des heures à dénicher des biens et services de proximité : rénovation de la maison par des artisans locaux, matériaux de proximité, literie naturelle made in France, … Elle chine tout à un tas d’objets dans les brocantes qu’elle détourne avec beaucoup de créativité. Elle crée un potager en permaculture, sans engrais, avec des semences paysages dont la production alimente le diner d’hôte. Elle va encore plus loin dans le zéro déchet avec du vrac, du DIY (do it yourself) et du réutilisable. On avait d’ailleurs organisé un atelier déco de Noël zéro déchet chez elle quand j’étais au Parc. En toute évidence, elle rentre dans le Cercle des Imaginaterres, réseau d’acteurs écotouristiques porté par le Parc régional et les offices de tourisme partenaires.

Rentrez dans le cercle pour qu’un autre tourisme s’invente ici

Le « Cercle des Imaginaterres » rassemble aujourd’hui une cinquantaine de prestataires (hébergeurs, prestataires d’activités touristiques, artisans, producteurs…), fédérés par le Parc et les Offices de Tourisme du territoire, sensibles aux enjeux de développement durable et engagés dans un tourisme plus responsable. Proches de la nature et conscients des richesses patrimoniales du territoire, ces acteurs partagent nos valeurs. Ils s’attachent au quotidien à placer la solidarité, l’environnement, la générosité d’accueil et l’identité gasconne au cœur de leur offre et se mettent, de la plus belle des façons, au service d’un « Un autre tourisme s’invente ici ». Véritables pionniers du tourisme de demain, “être Imaginaterres” les engage dans une démarche de progrès volontaire pour tendre vers une meilleure gestion environnementale et sociale de leur structure.

Solidarité et localité : vivons local haute Landes et Sud-Gironde

Quand on est au lodge, difficile d’oublier qu’on est dans les Landes et que la maîtresse de maison soutient l’économie locale.  Dépôt vente de produits du terroir et artisanaux, table d’hôtes quasiment 100 % locale (le lodge est référencé dans le réseau Tourisme gourmand dans les Landes), Audrey, fan de marchés de producteurs, cherche constamment des nouvelles pépites de proximité. C’est un peu une détective de local ! Sa philosophie est de promouvoir les producteurs de proximité afin de revoir le modèle de consommation alimentaire, privilégier la qualité à la quantité, le local à la grande distribution. 

Et comme elle dit : « Boire un canon, c’est sauver un vigneron. Ça vaut pour tous les producteurs et artisans ! ».

Lors d’un atelier sur le nudge et les monnaies locales, Audrey avec 2 autres participantes de la réunion lancent un groupe de partage pour consommer local sur Facebook « vivons local haute Landes et Sud-Gironde ». L’idée est de partager ses bons plans, producteurs, artisans, commerçants, talents et compétences pas loin de la maison. Cette page se dit « dédiée à l’écriture des possibles au service du développement de l’économie locale de notre territoire forestier Haute Landes Sud Gironde ». Créée en novembre 2019, le groupe compte aujourd’hui plus de 1000 membres !

Table d’hôte 100% locale, conviviale et gourmande (testée et approuvée par mes soins)

Le tips d’Audrey : l’humain avant tout (ils ne sont pas méchants les landais) pour créer du contact et du lien avec les producteurs et artisans, prendre le temps de « tchatcher », il n’y a rien de mieux pour trouver des produits ayant un super rapport qualité – prix !

Bref, elle a une maison d’hôtes

Audrey a bon être à fond et partout (elle s’engage comme conseillère municipale et file des coups de main à l’office de tourisme du Pays Morcenais, entre-autres choses), elle décide de lancer un blog pour partager son quotidien avec beaucoup d’humour. Ses hôtes l’avaient en effet interrogé, car elle a tellement à raconter que ça mériterait un bouquin. Ses articles c’est un peu la découverte d’une aventure humaine et engagée, avec des hauts et des bas. Elle nous parle de sa rencontre avec Micha (trop drôle) et nous montre l’état de la maison avant travaux (peinture rose dans les WC, heureusement le kitch ne tue pas !).  Elle nous livre ses galères pour trouver des produits locaux et du paradoxe entre conviction personnelle (quasi militante) et le côté pro qui soutient les Booking.com et autres géants du tourisme qui étouffent les prestataires touristiques. Quand on est client, on ne voit pas tout le travail derrière, on arrive, on pose ses valises et on met les pieds sous la table mais Audrey et Micha, eux sont au taquet pour vous accueillir dans les meilleures conditions. Épuisant de garder la banane quand on finit le repas d’hôte à 23h (avec un petit Armagnac) et que le petit déj fait maison est prêt à 6h ! Et en bonne « écolo », Audrey parle aussi des écogestes à avoir durant son séjour. Pas de discours moralisateur de sa part, elle sensibilise à l’apéro (et ça marche !!).

J’aime beaucoup l’infographie qu’elle a faite pour un article sur l’eau : ne boire que du vin, n’est pas forcément la meilleure solution ! (que du vin pas forcément, mais Audrey est une super mixologue, je me souviens d’un gin to local avec fraises et basilic du jardin, on en redemande !!).

E-reputation quand tu nous tiens

Avec toute la sincérité qui la caractérise, Audrey est transparente sur la difficulté d’être au top tout le temps auprès de ses convives. Certains lui rendent clairement l’appareil, en attestent les avis hyper positifs sur les réseaux sociaux : des 5 étoiles sur Google et 10/10 sur Booking.com, les commentaires sont plus qu’élogieux : « Fabuleux ! Expérience humaine et gustative qui a largement dépassée nos espérances. Je recommande et souhaite que d’autres hébergements s’inspirent de ces merveilleux hôtes Audrey et Micha. » Quand je vais chez elle, j’aime bien lire le livre d’or, les retours des clients sont gratifiants pour le couple (à juste titre). Il y a toujours un petit mot pour Bacchus, la mascotte de la maison d’hôte (il est tellement coco, on devient vite accro).

« Bacchus : notre peluche est un landais pure souche ! 40kg d’amour ! Il ne sait pas aboyer, n’a aucune once d’agressivité. Son job : vous donner de l’amour, vous accueillir avec la plus pure des bienveillances. »

Mais la e-reputation a ses limites. Facile pour un client de balancer derrière son écran au lieu d’en parler avec les hôtes.  Elle nous partage dans un billet de son blog les pires clients qu’elle a reçu. Perso, je n’aurai pas pu, je suis trop sanguine pour garder mon calme ! Ça va du client qui vient avec un lapin qu’il laisse dans la chambre, sur le beau parquet ciré, à l’autre qui laisse les portes grandes ouvertes invitant les poules du lodge à rentrer. Pas évident de garder son calme lors des repas d’hôtes où la conversation dérive sur des sujets à débats comme l’immigration. Mais la pression est faite sur les hôtes de garder le sourire (et se taire) pour s’assurer des précieuses étoiles et bonnes notes. Parfois les clients sont dans le total irrespect, incivilité voire insultes. C’est pas croyable ! Certes on paye une prestation, mais il y a des gens derrière qui se plient en 4 pour vous accueillir dans les meilleures conditions. Le client est roi, c’est que l’on dit et c’est bien dommage, un con reste un con même s’il est votre client.

J’ai hâte de retrouver ma Audrey (et de séjourner dans la chambre « campagne » seule que je n’ai pas testé). Je dois toujours l’aider pour ses confitures maison et je dois m’assurer qu’elle ne perd pas la main sur ses cocktails. Cœur Cœur à ma hackeuse anti-greenwashing du tourisme.

Aller plus loin


Audrey Baccara, la bifurqueuse : vis sa vie de maison d’hôtes | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Caroline Le Roy
Bretonne et fière de l'être, j'ai toujours été sensible aux enjeux du développement durable tant dans mon bénévolat associatif que sur mon rapport à la nature. J'ai pu évoluer dans le réseau des parcs naturels régionaux où j'ai eu la chance d'accompagner des acteurs touristiques du changement. Ma sensibilité a rapidement évolué en engagement puis en militantisme. Mon défi professionnel est de développer un tourisme respectueux de la planète et des hommes grâce à l'accompagnement et le conseil aux professionnels sur les nouvelles tendances touristiques et sur les attentes des clientèles toujours plus exigeantes. Enfin je souhaite faire prendre conscience d'une conciliation possible entre transition environnementale et besoin client appliquée au tourisme et au quotidien. Je suis actuellement en préparation d'une thèse doctorale sur le vaste (mais non moins passionnant) sujet de la performance environnementale du tourisme.
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