Route du Champagne en fête : 2 jours pour coincer la bulle !
Thèmatique : Acteur privé Bons plans Coffrets / Cadeaux Territoire
Cela fait 20 ans cette année que les vignerons de la Côte des Bar, dans l’Aube champenoise, ont décidé d’ouvrir leurs caves (et leurs bouteilles !) aux visiteurs un week-end au cœur de l’été… Résultat : record d’affluence battu cette année aux Riceys : 20.000 « coupes passeport » vendues, 50.000 visiteurs en tout et une délicieuse ambiance de foire à l’ancienne.
Un soleil à tomber par terre, un (très beau) village de pierre blanche interdit à la circulation, des décorations florales partout (370.000 fleurs artificielles ; fruit du travail de dizaines de bénévoles qui s’y sont « collés », des mois durant, lors des longues soirées d’hiver), des mannequins de chiffon illustrant des scènes viticoles, des panneaux calligraphiés de citations circonstanciées : « Je ne bois du Champagne qu’en deux occasions : quand je suis amoureuse et… quand je ne le suis pas ! » (Coco Chanel), des stands de fête foraine un peu partout et, sur la place du village, une scène sur laquelle tournent divers groupes (on a dansé fort tard dans la nuit de samedi à dimanche). Et puis des artisans en tous genres, des échoppes dédiés aux (nombreux !) collectionneurs de capsules coiffant les bouchons de champagne qu’on appelle des « muselets» (je le découvre, ainsi que le nom de cette « collectionnite » particulière : la placo-musophilie !), des graveurs sur flute et sur bouteille (pour les occasions importantes), des artistes de rue, un orchestre tropical ambulant et, partout, en groupes, couples ou famille, déguisés même pour certains, la flute-passeport portée autour du cou comme médaille olympique, des visiteurs qui arpentent les rues, passant d’un vigneron l’autre (24 avaient ouverts leurs portes), marchant, encore et encore (le village est assez étendu et les propriétés grandes, parfois), échangeant informations et blagues, demandant leur chemin pour rejoindre telle cave. Pour tous ceux qui se sentent un peu moins en jambe, heureusement, un petit train fait la navette entre Ricey-Bas et Ricey-Haut ; chargé à bloc…
Quand le Champagne coule à flot…
Cette année donc, les 1er et 2 août, c’était au tour des Riceys d’accueillir la manifestation tournante. Situé à une vingtaine de km de Troyes, ce village discret dissimulant quelques hôtels particuliers et propriétés somptueuses (certaines caves datent du XI° siècle) se trouve au cœur de la Côte des Bar, laquelle jouit du plus grand terroir viticole de Champagne et produit 3 appellations : Champagne, Coteaux champenois et… le trop méconnu Rosé des Riceys, micro-appellation typique qu’honorent moins d’une dizaine de viticulteurs en tout, les bonnes années principalement, lorsque les grappes abondent, le Champagne possédant, encore, un pouvoir d’attraction supérieur sur le consommateur. Un pouvoir tel semble-t-il que les organisateurs faillirent bien se laisser déborder par le succès rencontré. Alors que l’on n’avait jamais dépassé les 40.000 visiteurs les autres années, un quart de plus s’est invité cette année et il a fallu ressortir les coupes non utilisées des éditions précédentes (17.000 fabriquées pour plus de 20.000 vendues). Et les quelques 250 bénévoles investis de tout cœur dans la promotion de leur territoire eurent fort à faire, courant d’un « point buvette » à l’autre pour les réapprovisionner en eau comme en kits de dégustation qu’à chacune des entrées du village, les visiteurs acquéraient en échange d’un billet de 20 € : flûte gravée, porte-flûte à porter en sautoir, précieux carnet de route comportant la carte du village et l’emplacement des 24 oasis à bulles (mais aussi celui des toilettes et arrêts petit train), gobelet à eau et, bien sûr, éthylotest pour l’examen final…
A la très bonne franquette
Un deal économiquement fort avantageux sachant que le ticket d’entrée donne droit à la dégustation d’une coupe par cave (en échange du coin inférieur de la page du carnet dédié au viticulteur) et qu’il s’en trouve donc 24 en tout (mais l’on peut, bien sûr, déguster davantage, notamment les cuvées spéciales, en échange, sur place, de quelques euros supplémentaires). Sans oublier le « Point de dégustation panoramique » d’où l’on admire vignobles et village en trouvant ce spectacle bucolique en-chan-teur… Sans doute, rendu à ce point, perd-on un peu de son objectivité pour différencier les différents nectars goûtés. Heureusement, les points restaurations abondent également, des assiettes de charcuterie et fromages sont souvent proposées par les vignerons (en dehors des diverses « cantines » installées dans les rues), tandis que ceux qui disposent de davantage d’espace, ont fait dresser, sous leur hangar, des tablées de vingt mètres, quatre ou cinq côte à côte tant qu’à faire, où face à son andouillette ou sa moules-frites (vendus, partout, pour une somme modique ; très appréciable !), au son de l’accordéon (les « grandes » maisons ayant engagé leurs propres musiciens), dans le joyeux brouhaha des conversations, style banquet final d’Astérix, on sympathise avec son voisin pour apprendre qu’il a fait tout ce chemin, depuis… Bruxelles, « pour voir ça, une fois. Des amis nous en avaient parlé ». Et si les Belges se comptaient cette année par centaines, (par milliers ?), Néerlandais, Anglais et Allemands les suivaient, aux anges.
Qui veut la paix… boit du Champagne
Une grosse organisation donc et une presse (foule) que l’on ne ressent guère en réalité, étant donné l’étendu de l’espace partagé. Chaque année, en réalité, la « Route du Champagne en fête » est organisée dans un (ou des) villages différents, en fonction du nombre de caves des villages. L’an passé par exemple, c’était le secteur de la vallée de la Seine et les villages de Polisot, Buxeuil, Neuville, Gyé, Courteron, Plaines St Lange et Mussy qui étaient sur la brèche. Et l’an prochain, plusieurs villages du secteur de Bar sur Aubois, jusqu’à Colombey les deux églises seront de fête les 23 et 24 juillet 2016. Mais le plus étonnant pour le Béotien que je suis, ce ne furent pas les magnifiques caves cisterciennes de chez Morizet (où une partie du personnel était vêtue en moines pour rappeler l’origine du lieu) ni les sculptures sur bois exposé par le dernier représentant de cette lignée de vignerons qui se double d’un artiste. Ce ne fut pas non plus de découvrir d’excellents champagnes (pas tous, bien sûr, mais la grande majorité), produits par de « petits » vignerons et coûtant moins cher que certaines marques en renom de qualité moindre. Ce ne furent pas non plus, au final, les 30 ou 32.000 bouchons (!) ayant sautés durant ces deux jours, mais bien plutôt le fait qu’au cours de ce week-end, en dépit du nombre de personnes impliquées comme des quantités importantes d’alcool qui furent consommées (et pas par tous « avec modération », c’est évident), aucun – zéro, nada – incident lié à la sécurité ne se soit produit. Ce que l’on appelle l’esprit festif et le vin gai. Bravo !
NB : Pour ceux que le champagne, à lui seul, ne saurait mettre en mouvement, de nombreux points d’intérêt valent alentour, l’abbaye de Clairvaux en premier chef, dont le créateur, (saint) Bernard de Clairvaux initia de surcroit la viticulture locale. Il a bien mérité son auréole !
NBis : chaque année, une journée professionnelle (viticulteurs, distribution, tourisme) est organisée quelques jours avant la grande liesse populaire…
Par Jerome Bourgine
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