Passion Terre : La force des voyages respectueux
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C’est pour faire vivre ses valeurs environnementales et humaines qu’Isabelle Pécheux a créé Passion Terre, une agence de voyages qui offre le meilleur du monde au Québécois et le meilleur du Québec au reste du monde. Rencontre avec une passionnée engagée…
Voyageons autrement : De quel souhait, quel rêve ou quel impératif est né Passion Terre ?
Isabelle Pécheux : D’une combinaison des trois. C’est d’abord un souhait car mes valeurs écologiques et humaines m’ont toujours orienté vers la découverte de lieux et d’initiatives en lien avec la préservation de l’environnement, assurant de meilleures retombées économiques et sociales locales. C’est aussi un rêve, très certainement, car un projet qui vous passionne ou vous touche très profondément part souvent d’un rêve. Enfin, c’est un impératif ; obligatoirement. Car consciente des problèmes climatiques et de pollution que connaît notre planète aujourd’hui, quoi que j’entreprenne, il fallait que la dimension environnementale y soit présente. J’ai d’ailleurs repris et achevé mes études au Québec sur « l’impact du tourisme sur l’environnement »… Cela n’a rien d’un hasard.
VA : Passion Terre se positionne clairement comme une agence de tourisme durable et vous vous sentez porteur d’une « mission ». Cela signifie quoi, dans les faits ?
IP : L’activité touristique offre un avantage considérable : elle permet de mettre en œuvre une vraie sensibilisation au développement durable. On peut, dans ce domaine d’activité, sensibiliser les autres sans tomber dans le militantisme. Faire cela tout simplement par conviction et plaisir. Car, faire du tourisme durable, c’est quoi ?… Offrir des activités et des expériences correspondant à tous les budgets et tous les types de voyageurs. Proposer naturellement un voyage qui fait rêver, mais qui entraîne le moins de dommages possibles sur l’environnement. Un voyage qui favorise l’économie locale et les rencontres, mais laisse, en plus, du temps pour l’observation et la compréhension d’un milieu, d’une communauté. Sans oublier les plaisirs de la table que l’on s’offre ici avec des produits du terroir excellents et respectueux de l’environnement.
VA : Vous proposez des voyages sur les 5 continents. Comment avez-vous choisi vos destinations (Bénin, Madagascar, Népal, etc.) et qu’est-ce qui caractérise vos voyages à l’étranger ?
IP : Au départ, il y a toujours un coup de cœur pour la destination. Ensuite, il faut que nous ayons – ou nos accompagnateurs – une bonne connaissance du pays. Enfin, cela naît également souvent du désir de travailler avec des partenaires locaux de qualité avec lesquels nous partageons des valeurs et une vision du métier. Ainsi, pour le Népal, avions nous entendu parler d’une agence de trek montée par trois femmes dans le but d’aider les autres femmes à s’intégrer d’une manière ou d’une autre dans les activités touristiques, en favorisant donc ainsi une société plus juste. Nous les avons rencontrées et avons alors décidé de travailler avec elles. Au départ, comme vous le voyez, il y a toujours un but, un sens, une rencontre, en un mot : une raison à la fois belle et valable. Et puis, le fait d’être membre de l’ATD*, nous aide à nous diriger vers d’autres structures engagées.
* Association pour le Tourisme Durable
VA : Vous êtes également réceptif proposant des circuits au Canada. Qu’avez-vous choisi de faire découvrir de votre immense pays ?
IP : Nous agissons à l’intérieur de la même façon qu’à l’extérieur : choisissant d’emmener nos hôtes vers des paysages authentiques et préservés, mais surtout vers des expériences et des rencontres avec des activités et des personnes qui sauvegardent leur environnement naturel, leur savoir-faire, leur patrimoine. Même si, aujourd’hui, nous sommes essentiellement sur des propositions de circuits trouvant place dans la province du Québec, étant donné que notre clientèle est essentiellement francophone.
VA : Pouvez-vous nous donner l’exemple d’un circuit ou d’activités illustrant bien votre philosophie et qui plaise particulièrement aux voyageurs ?
IP : Toutes nos propositions illustrent notre philosophie, mais pour vous donner un exemple, nous avons, au Québec, un circuit insolite sans voiture où les voyageurs se déplacent en train, bateau et bus local. Sachant que nos trains n’ont rien de TGV ; il s’agit ici de petits trains qui traversent villages et forêts en offrant des points de vue magnifiques sur le pays. Choisir cet itinéraire mis en place par Passion Terre, c’est choisir d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement tout en profitant pleinement des grands espaces comme de nuitées insolites : nuit en tipi, tente de prospecteur, antique pourvoirie, etc. Chaque étape ménage de surcroît des rencontres avec des gens passionnés (et passionnants !) ainsi que des activités écotouristiques : approche des baleines, nuit auprès des caribous, etc. Nous invitons nos visiteurs à découvrir les régions du Québec au fil de leurs trésors cachés sans qu’ils aient à conduire. Et, grâce au transport responsable, ils se mêlent au passage à la population québécoise. Une manière très instructive d’ouvrir les portes d’un Québec convivial où l’authenticité est au rendez-vous. De manière plus ponctuelle, cela peut également prendre la forme d’escapades à la journée ; escapades gourmandes entre autres, vers des producteurs bio locaux.
VA : Vous proposez également des séjours en hébergement écoresponsable. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
IP : Pour ceux qui ne souhaitent effectivement pas que l’on leur organise un circuit tout entier, nous commençons à mettre en valeur des séjours dans des hébergements écoresponsables du Québec. Ces hébergements sont engagés à différents niveaux dans le développement durable. Par exemple l’Auberge le Baluchon que nous mettons souvent en avant, a été lauréate des Grands Prix du tourisme québécois (durable) et voici quelques-unes de ses actions :
– création un système d’épuration des eaux par des roseaux « épurateurs »,
– réalisation d’un « théâtre en rivière » qui, tout en racontant l’histoire de la région, utilise la rivière comme structure d’accueil des spectateurs
– utilisation de produits cosmétiques biologiques
– l’Éco-café sur le site du Baluchon représente une vitrine du développement durable de l’auberge. Le décor s’apparente à un magasin général d’époque et met en valeur la riche histoire de la rivière. Les menus utilisent plus de 40 produits du terroir local et certains d’entre eux sont vendus à l’épicerie fine de l’éco-café.
VA : Votre engagement ne se limite pas aux voyages eux-mêmes que vous proposez. Vous agissez également en dehors, non ?
IP : Le tourisme durable est avant tout une affaire de collaboration. Nous travaillons ainsi avec Enracine, une entreprise québécoise, pour la Compensation carbone et la reforestation sociale (au Nicaragua). Nous faisons de la sensibilisation au tourisme durable autant que nous le pouvons. Auprès des jeunes (école primaire) mais également des universitaires (conférences) et participons au Salon Écosphère. Enfin, nous tachons de contribuer au développement (durable forcément) d’Haïti avec la FJDD et notre partenaire associatif Zoom sur Haïti.
VA : La rencontre avec les habitants est un souhait de plus en plus souvent exprimé par les voyageurs. La favorisez-vous ?
IP : Oui. On peut dire que c’est une valeur de base chez nous, une valeur fondatrice. On peut même aller jusqu’à dire que c’est le fer de lance de nos propositions, leur vraie force, et que la réussite de nos circuits repose en grande partie sur ces personnes choisies vers lesquelles nous dirigeons les visiteurs. Personnes qui représentent à n’en pas douter la plus grande richesse de nos circuits !
VA : Les accompagnateurs représentent souvent plus de la moitié de la réussite d’un voyage. Qu’est-ce qui caractérise les vôtres ? Sur quels critères les choisissez-vous ?
IP : Nous proposons à la fois des circuits en liberté et d’autres avec des accompagnateurs. Ce qui est certain, c’est que ceux-ci partagent les mêmes valeurs que nous. Mais plus encore qu’à des accompagnateurs, c’est très souvent à des guides locaux que nous faisons appel. Car ces guides locaux sont davantage capables encore de connaître et mettre en valeur les richesses d’un territoire : le leur ! Pour faciliter l’immersion des visiteurs dans la culture locale, nous pouvons compter sur leur expertise et leur connaissance du terrain, mais surtout sur le fait qu’ils sont tous, sans exception, des passionnés ! Férus de leur domaine de connaissance, ils n’aiment rien tant que partager leur savoir et savent prendre le temps de le faire, créant, à l’intérieur des petits groupes (toujours) dont ils ont la charge une ambiance chaleureuse et vivante, propice à la découverte et à l’émerveillement.
VA : Vous évoquez la capacité d’émerveillement de vos guides. Quand vos clients, en fin de voyage, ont à leur tour des étoiles plein les yeux. Que disent-ils avoir le plus apprécié, en général ?
IP : Il s’agit pratiquement toujours, justement, de ce que nous venons d’évoquer : l’accueil reçu, l’interaction et les échanges avec des passionnés, bref : l’humain. Tout le reste, même la grande beauté de certains paysages, passe généralement après. C’est de tel guide, tel artisan ou producteur, tel patron particulier d’une pourvoirie (qui est aussi un personnage hors norme) dont on nous parlera d’abord. Comme dans les voyages de jadis, les gens sont ravis de pouvoir découvrir et partager des moments uniques en bonne compagnie.
VA : Que n’a-t-on pas évoqué et qui soit important pour vous ?
IP : Nous croyons sincèrement que les activités touristiques que nous proposons ont une incidence sur les individus et sur les collectivités ; sur l’économie aussi tant régionale, nationale que mondiale. La préoccupation environnementale dans notre offre touristique est importante pour nous tant au niveau de notre mission que de nos actions. Nous continuerons donc à mettre en avant tous nos partenaires d’affaires et nos fournisseurs. Car, tous, font de belles choses et sont des exemples dans leur domaine. A ce jour, nous n’avons pas trouvé de meilleur moyen d’aider nos contemporains à changer leur vision du monde et à y intégrer l’indispensable protection de notre environnement commun…
Par Jerome Bourgine
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