Le changement climatique entre à l’école !
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Le 16 mars dernier, plusieurs organismes scientifiques ou à vocation éducative ont lancé l’OCE, un Office for Climate Education chargé de promouvoir et développer l’éducation au changement climatique. Rencontre avec celui qui est désormais le délégué général de cette association de bienfaiteurs, David Wilgenbus…
Voyageons autrement : Le 16 mars dernier a donc été lancé à Paris l’OCE. Par qui et pour quelles raisons ?
David Wilgenbus : L’OCE est une idée émanant de plusieurs partenaires : Météo & Climat, Météo France, la Fondation éducative La main à la Pâte, l’Institut Pierre Simon-Laplace pour les sciences de l’environnement, la fondation Siemens ou encore l’IRD. Ces différents organismes se sont mis ensemble dans le but d’accompagner les enseignants du primaire et du secondaire dans la mise en place d’activités d’éducation au changement climatique ainsi qu’il a été décidé lors de la COP 21. Concrètement, il va s’agir pour nous de fournir d’importantes ressources pédagogiques liées à la publication des rapports du GIEC et de former les enseignants pour qu’ils en fassent le meilleur usage possible.
VA : Quelle est la mission de l’OCE et en quoi est-elle essentielle ?
DW : Il s’agit dans un premier temps de développer différents types de documentations scientifiques accessibles aux enseignants. Principalement des activités et des séances clé en main, des serious games, des simulateurs ou encore des études documentaires, tout un panel de ressources favorisant la pédagogie active. Il est en effet essentiel que les enfants soient impliqués, deviennent eux-mêmes chercheurs et… trouveurs ! Avec une dimension nouvelle : un accent fort mis sur les questions d’adaptation, dépassant le problème pour se focaliser sur les solutions : comment limiter le changement climatique ? Quelles solutions pratiques mettre en œuvre pour l’atténuer ? Etc. Sachant, et c’est essentiel, que même si on limite ce changement, il va se poursuivre et avoir des conséquences fortes. Oui, mais lesquelles ? Et comment vivre avec ? Le but final étant de préparer ces jeunes qui seront devenus adultes entretemps à comprendre ce changement et, surtout, à vivre avec. Il est impératif de les mettre au fait des bouleversements inéluctables qui nous attendent et de les préparer à mettre en œuvre, au fil du siècle qui s’ouvre, les solutions qui conviennent.
VA : Qui va se charger de ce travail ?
DW : L’OCE est une petite structure, implantée à Paris. L’idée est donc de fédérer tout un réseau d’acteurs scientifiques, en France comme à l’étranger, des ONG travaillant dans le domaine scientifique comme la Main à la Pâte (qui forme déjà 8000 enseignants par an à la science ! ndlr) et d’autres qui interviennent dans le Développement Durable. Ensemble, ces partenaires vont créer des outils coproduits de manière décentralisée et en réseau. Outils que l’OCE va ensuite adapter, traduire et partager le plus largement possible.
VA : Justement : dans quels pays l’OCE compte-t-il intervenir ?
DW : La vocation de l’OCE est de toucher tous les pays. Mais comme nous sommes encore petits et que nous débutons, même si une vingtaine de pays sont d’ores et déjà partants, nous démarrerons avec quatre ou cinq territoires pilotes : la France, un ou deux autres pays développés et sans doute deux pays en développement, l’un francophone et l’autre d’Amérique latine. Des pays où nous serons efficaces rapidement grâce au réseau d’écoles mis en place par nos organismes partenaires. Notre groupe test sera ensuite composé de la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, deux ou trois pays en Afrique, idem en Asie et en Amérique latine. Puis nous essaimerons.
VA : Quels genres d’informations, provenant de quelles sources seront diffusés auprès des enseignants ?
DW : Nos sources sont des instituts scientifiques reconnus, l’originalité du projet étant d’être corrélé au travail du GIEC et d’accompagner ses rapports en produisant des outils pédagogiques adaptés aux résultats effectivement constatés par cet organisme majeur. On travaille ainsi actuellement sur la limitation envisagée d’une augmentation d’1,5°C et ses multiples conséquences sur les océans, les sols, etc. Sachant que le prochain rapport est attendu en 2022 et que nous travaillons en amont avec les auteurs eux-mêmes.
VA : Quand le programme sera-t-il mis en route ?
DW : Nous venons tout juste d’être créés; néanmoins, la production d’outils pédagogiques commencera dès le mois de mai prochain et l’évaluation des premiers outils mis au point cet automne. Notre première livraison officielle devant accompagner la sortie du rapport du GIEC sur l’océan à l’automne 2019. D’ailleurs, pour chaque publication, nous réaliserons un « Résumé pour les décideurs » d’une vingtaine de pages. Quelques éléments précurseurs devant, de plus, être testés avant cela pour se roder, un outil sur la limitation du réchauffement à 1,5°C en septembre par exemple.
VA : Pourquoi avoir choisi le terrain de l’éducation ?
DW : Il existe un enjeu éducatif, certes, mais au-delà, c’est quelque chose de bien plus important qui se joue : le changement climatique, inéluctable, va apporter un nombre de bouleversements conséquents qui, dans un premier temps, ne vont aller qu’en s’amplifiant. Or, ceux qui devront affronter ces changements sont aujourd’hui à l’école. Et il va y avoir des choses douloureuses à accepter ! Des changements dans nos modes de vie, entre autres et tout ceci ne sera possible que si l’on sait pourquoi faire un effort est essentiel et si on y a été préparé. C’est tout simplement l’article 12 de l’Accord de Paris, qui recouvre un des aspects les plus essentiels de la problématique : se préparer à ces changements qui vont prochainement intervenir quoi que l’on décide…
Le site de l’OCE, c’est (ou ce sera, selon la date à laquelle vous consultez)
http://www.oce.global/
Par Jerome Bourgine
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