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Le Val d’Aran : l’esprit libre et les semelles au vent !

| Publié le 10 novembre 2025
Thèmatique :  Itinérance   Patrimoine   Territoire 
           

Avec une langue unique et des eaux qui s’écoulent vers l’Atlantique en suivant la Garonne, les habitants du Val d’Aran cultivent une identité forte et fière nourrie d’influences occitanes et catalanes. Il faut dire que la vallée a longtemps appartenu au comté toulousain de Comminges et que ses montagnes regardent avec insistance vers la plaine haute-garonnaise. Pas étonnant que les Français représentent la majeure partie des visiteurs venus respirer l’air pur d’une vallée rebelle, une authentique « nation » pour les locaux, un territoire à part. Aujourd’hui, elle fait face au défi de préserver cette identité si singulière.

Artiga de Lin©GClastres

Préserver la singularité de l’Aran !

Dans le Val d’Aran, on est souvent trilingue. On parle le catalan, le castillan, mais avant tout l’aranais, une variante du gascon occitan, au point que les habitants se considèrent souvent comme les « derniers des Occitans ». Rebelle et fier, celui qui vient de l’Aran le clame haut et fort, « l’Aran » désignant la vallée, le val d’Aran devenant un doublé, un pléonasme, une redondance appuyée qui rappelle que l’Aran avant le val se suffisait à lui-même. Alors on ne danse pas la sardane mais la polka piquée, on apprécie pâtés, civets et crêpes, mais aussi le trinchat et l’escudella aranesa, deux plats montagnards qui requinquent après une journée de marche. La vallée possède également son propre conseil général avec une volonté farouche de préserver son identité. Les constructions neuves se doivent de respecter la tradition : murs de pierre et tuiles d’ardoises.

Paysage du Val d’Aran©GClastres

Ces dernières années, la pression touristique n’a toutefois pas manqué de faire apparaitre une flopée de résidences secondaires et d’infrastructures de loisirs avec cette récurrente problématique : concilier attractivité et maintien de l’authenticité architecturale et culturelle. A cette fin, les Aranais participent depuis 2019 au programme Smart Tourism Destination avec en ligne de mire une meilleure gestion des visiteurs, la promotion des mobilités douces, un inventaire en cours de l’architecture locale, la désaisonnalisation du tourisme, etc. Premier signe encourageant, en 2024, la vallée a été désignée « Réserve de Biosphère » par le programme UNESCO-MAB, formalisant son engagement en faveur de la protection de la nature, de la culture locale et d’un développement touristique équilibré.

Artiga de Lin©GClastres

Aux sources de l’Artiga de Lin

La biosphère, nous l’avons trouvée à l’Artiga de Lin, une vallée magnifique découverte en compagnie d’Ivan, guide naturaliste passionné. « Il fut un temps où la langue glaciaire partait de la montagne et remontait jusqu’à 50 kilomètres jusqu’à Saint Gaudens ». Il n’explique pas, il déclame. Aujourd’hui, le tracé de la Garonne atteste de ce passé qui regarde vers la France. Sur ces prairies d’altitude, troupeaux de vaches et de moutons viennent paître en été avant de redescendre les derniers jours d’automne. On trouve aussi des cerfs, des biches, des isards et même de rares ours bruns qui traversent occasionnellement la région. La flore est tout aussi variée. Ivan nous présente l’aconit, parfois appelée « plante bleue », à la fois fascinante et redoutable. Un milligramme seulement peut être mortel. Les Romains en connaissaient les propriétés et l’utilisaient comme poison pour leurs flèches. Pourtant, cette plante n’est pas que létale, elle a aussi des vertus médicinales et peut servir à traiter certaines infections. Connue sous des noms évocateurs tels « l’arbre de la peur » (Fear Tree), l’aconit illustre parfaitement le subtil équilibre entre danger et remède offert par la nature.

Ivan à l’Artiga de Lin©GClastres

La balade forme une boucle qui rejoint le « Uelh deth Joèu » littéralement (en aranais) l’œil de Jupiter (uelh = œil, Joèu = Jupiter), une résurgence spectaculaire des eaux du glacier de l’Aneto étudiée notamment par le spéléologue Norbert Casteret. Dès 1931, ce scientifique prouva qu’il s’agissait là des eaux de la Garonne dont ce serait la source principale, issue du Trou du Toro, cette cavité naturelle située dans le massif de la Maladeta, en Aragon, au pied de l’Aneto. La Garonne concentrerait donc toutes les eaux du glacier dans l’œil de Jupiter, pour filer ensuite vers la plaine haut-garonnaise puis l’Atlantique, ne respectant pas la ligne de partage des eaux et alimentant un vieux débat franco-espagnol. Car arpenter l’Artiga de Lin revient aussi à faire rejaillir les interrogations sur la source officielle du fleuve, les Espagnols ayant longtemps désigné le Pla de Beret, plus accessible, d’où part un petit ruisseau appelé la Garona de Beret, considéré comme le premier cours visible de la rivière. Je comprends mieux à présent pourquoi Ivan m’a désigné la Garonne beaucoup plus bas dans la vallée, ignorant la source. On ne détourne pas si facilement le cours des traditions aranaises.

Oeil de Jupiter à l’Artiga de Lin©GClastres

Trois projets transfrontaliers en guise de conclusion

Artiga de Lin©GClastres

Fier Val d’Aran, dont les sentiers ont tant de fois porté l’histoire. Trois projets transfrontaliers issus de la Communauté de communes Pyrénées Haut Garonnaises viennent rappeler ce passé partagé. Le premier, « Chemins de la Liberté », évoque le sort des populations juives d’Europe fuyant la persécution nazie et tentant de franchir la frontière pyrénéenne. Le deuxième travaille à une variante du chemin de Saint-Jacques de Compostelle via le Val d’Aran et le port de Vielha. Enfin, une piste cyclable transfrontalière, Transgarona, est en cours de réalisation : 170 km pour pédaler le long de la Garonne entre Toulouse et l’Espagne ! Et bien entendu, les cyclistes arriveront au cœur du Val d’Aran. Ainsi se boucle la boucle : du Val d’Aran à la plaine toulousaine, les chemins de liberté, de foi et d’aventure continuent de relier les deux versants des Pyrénées.

Moto électrique avec Electric Riders©DR

Pour en savoir plus sur ces projets transfrontaliers :

Nos coups de cœur et expériences à vivre

Le site incontournable www.catalunya.com

Randonner à l’Artiga de Lin

La durée approximative de cet itinéraire en boucle, parfaitement balisé, est de 70 minutes et son niveau de difficulté est faible, ce qui en fait une activité parfaite pour toute la famille, même avec des enfants. En revanche, le spectacle est de grande qualité : vous pourrez profiter de la rivière, d’une cascade, d’une faune et d’une flore riches, bref, d’une expérience immersive dans la nature.

www.pirene430.com

S’essayer à la moto électrique avec Electric Riders

Installer sur l’ancien golf de Salardu, Christobal propose des balades en moto électrique pour petits (3-15 ans) et grands. L’occasion de parcourir les sentiers du Val d’Aran et de profiter de points de vue exceptionnels. Et pas besoin de permis ni d’être un pro de la moto !

Toutes les infos pratiques sont sur le site : https://www.electricriders.net/cuylas-ski-school

Hôtel Ciervo à Vielha©GClastres

Un hôtel inoubliable !

On n’oubliera pas l’hôtel Ciervo, sis au cœur de Vielha. Formidable accueil, chambres confortables avec des balcons donnant sur la petite place, mais aussi, un must, un petit-déjeuner digne des plus grands banquets, une farandole en 12 plats d’une créativité impressionnante. Le chef y passe ses nuits pour un moment unique, un véritable point d’orgue du séjour.

Galeria – Hotel el Ciervo

Hôtel Ciervo à Vielha©GClastres

Le restaurant du Jardin des Pommers, El Jardí dels Pomers

Une savoureuse cuisine aranaise de saison, généreuse, sublimée par un formidable accueil. Un menu qui marque les papilles : le délicieux pâté de campagne, la salade d’épinards et champignons, et figues, le civet de biche, les fromages locaux, la tarte aux pommes.

Restaurant El Jardi dels Pomers, a Bagergue, Vall d’Aran

La Garonne à Vielha©GClastres
Moto électrique avec Electric Riders©DR

Le Val d’Aran : l’esprit libre et les semelles au vent ! | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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