Un Monde Autrement : le tourisme durable incarné par huit agences partenaires !

Telle une poupée gigogne, Un Monde Autrement est une agence qui en cache bien d’autres ; l’historique, Bali Autrement, créée dès 1999 par Sandrine Watine et Grégory Delforge, suivie en 2005 par Thaïlande Autrement, puis en 2008 par Vietnam Autrement, en 2011 par Philippines Autrement…, jusqu’à former un réseau de huit agences locales entre Asie et Afrique. En vingt-cinq ans, le monde a changé, le covid a achevé de bousculer toute une profession, les huit compères sont aujourd’hui rassemblés sous la marque « Un Monde Autrement », agence mère basée en France pour structurer l’activité de l’ensemble, bien décidée à œuvrer toujours et encore pour le tourisme durable, un engagement de la première heure que le réseau souhaite plus que jamais porter haut et fort. Rencontre avec Jérôme Leclercq, dorénavant à la tête de Bali Autrement et co-fondateur d’Un Monde Autrement.

VA : Pouvez-vous présenter Un Monde Autrement pour nos lecteurs ? Les débuts de l’agence, ses développements, le nombre d’offres de voyage et de clients accueillis chaque année ?

UMA : Nous sommes aujourd’hui un réseau d’agences locales réparties dans huit pays : Indonésie, Thaïlande, Vietnam, Philippines, Cambodge, Laos, Madagascar et Tunisie réunis autour de valeurs simples : la qualité, le savoir-faire, l’authenticité, la convivialité, la confiance et le respect. Nous organisons des séjours privés en dehors des sentiers battus pour des petits groupes de 8 à 10 personnes, des couples, des familles, des groupes d’amis. Nous réalisons environ 800 voyages par an, ce qui équivaut à 2 500 – 3 000 voyageurs. Depuis le Covid, nous nous sommes structurés en France avec Un Monde Autrement, une agence à part entière basée en France, afin d’être plus présents au niveau national sur toutes les questions de tourisme responsable et d’offrir aux voyageurs plus de garanties.

VA : Au-delà des chiffres, Un Monde Autrement est aussi une agence qui s’est fondée dès le départ sur des valeurs fortes, en témoigne l’origine « associative » de plusieurs de ses membres fondateurs ?

UMA : L’idée, à la base, avec Bali Autrement, était de créer des voyages tels qu’on les aimait : au plus proche de la population, de la nature, du vrai visage du pays. Assez rapidement, nous avons intégré la rencontre d’associations et d’acteurs locaux, ce qui nous semblait intéressant à la fois pour les voyageurs mais aussi pour contribuer à des initiatives locales exemplaires. Personnellement, j’ai travaillé dans le commerce équitable pendant sept ans, chez Artisans du Monde, où j’organisais des campagnes de sensibilisation dans le secteur textile, notamment sur le travail des enfants. Cet ancrage associatif et nos valeurs font que nous avons beaucoup de voyageurs fidèles, certains reviennent presque chaque année. Nous avons même des voyageurs venus enfants qui reviennent avec nous une fois adultes, pour leur voyage de noces par exemple.

VA : Ce lien avec le monde associatif vous a également donné envie de faire des associations l’un des pivots du voyage. Comment les sélectionnez-vous dans les différents pays où vous êtes présents ?

UMA : Comme nous sommes sur place, nous entendons parler d’elles via nos réseaux et nous pouvons les rencontrer directement, suivre leur travail, évaluer la pertinence de leurs actions. Ensuite, cela dépend aussi de la sensibilité des dirigeants de chaque agence locale. Le fait d’être sur le terrain nous permet en tout cas d’établir un lien de proximité. Beaucoup sont même devenues des amis. Par exemple, en Indonésie, nous collaborons depuis vingt ans avec l’association ANAK qui aide les enfants de milieux défavorisés via des programmes d’éducation. Les voyageurs qui le souhaitent vont directement dans un des centres ANAK et peuvent rencontrer les enfants, partager un ou deux jours avec eux. Le tout se fait dans des lieux isolés, hors des sentiers touristiques, ce qui favorise l’authenticité des rencontres avec l’association et les enfants. ANAK propose également un système de parrainages permettant à des centaines d’enfants de suivre une scolarité complète, l’association assure le suivi médical de ces enfants et adolescents et agit activement sur la sensibilisation à la protection de l’environnement. ANAK organise enfin des actions ponctuelles permettant de financer l’achat de matériel scolaire, et a récemment construit un foyer et ouvert un lycée associatif pour permettre aux adolescents de poursuivre leur scolarité dans les meilleures conditions. »

VA : Comment cela se traduit-il pour les locaux et pour les voyageurs ? Peuvent-ils aider ces associations lors des voyages, garder un lien ensuite ?

UMA : Quand nous organisons des rencontres avec les associations pendant les séjours, une donation est intégrée au prix du voyage, ce qui constitue un soutien direct à l’association. Le voyageur peut aussi apporter un don supplémentaire sur place. Avec ANAK, en Indonésie, beaucoup de clients deviennent parrains pendant plusieurs années. Certains rencontrent leur filleul lors de leur séjour. Comme dans la plupart des pays du réseau, en Indonésie, nous proposons aussi des étapes chez l’habitant, ce qui représente un apport direct. Ces étapes ont lieu dans des villages sans hôtels : l’impact est concret. La répartition se fait de façon harmonieuse avec les guides locaux, selon le système communautaire balinais.

VA : Pourriez-vous nous donner quelques exemples d’associations particulièrement inspirantes qu’Un Monde Autrement a contribué à soutenir ?

UMA : À Kalimantan (Indonésie), nous soutenons l’association Kalaweit, fondée par un Français, Chanee, qui s’est installé à Bornéo à 18 ans pour dédier sa vie à la protection des gibbons. A Bornéo et Sumatra, l’association prend soin de 330 gibbons, siamangs, ours et crocodiles rescapés des trafics. L’association se concentre aujourd’hui sur la protection des forêts. Elle créé des réserves protégées avec la collaboration des populations locales, évitant ainsi la déforestation liée à l’industrie de l’huile de palme. Avec Bali Autrement, nous avons élaboré un système de contribution climatique intégré au prix du séjour qui permet de récolter environ 5 000 € par an, et ainsi de préserver 4 hectares de forêts chaque année. Depuis sa création en 1997, Kalaweit a secouru des milliers de gibbons, siamangs, macaques, ours, orangs-outans, nasiques, loris, oiseaux, reptiles etc et déjà sauvé plus de 3 000 hectares de forêts, chiffre qui augmente régulièrement.

À Madagascar, l’agence locale soutient l’association Fanomezantsoa, un centre d’hébergement géré par une communauté religieuse pour les enfants dont les parents sont en prison. Les clients qui le souhaitent peuvent déjeuner avec les enfants et les rencontrer. J’y suis allé récemment et j’ai pu partager un moment fort avec les enfants. C’est très intéressant en termes d’échanges. Cela montre un visage différent du pays que l’on n’appréhende pas toujours lors d’un circuit purement touristique. Or Madagascar reste un pays très pauvre où le tourisme a du mal à se développer. L’équipe locale de Madagascar Autrement vient d’ailleurs du monde associatif.

Enfin, au Laos, Sandrine et Claude de Laos Autrement soutiennent depuis sa création « Vientiane Rescue », une association créée par un français, Sébastien Perret. Elle a pour objet de proposer les premiers secours et un système d’ambulances jusqu’alors totalement inexistant. Fondée dès l’origine sur la base du bénévolat, elle est aujourd’hui animée par des jeunes qui assurent le système des ambulances (conduite, premiers soins…). Formés aux secours d’urgence, ils interviennent majoritairement dans le cadre d’accidents de la route mais aussi d’incendies, noyades, etc. L’agence reverse chaque année 1% de la valeur de chaque circuit en toute transparence avec les clients, qui ont toujours été solidaires. Laos Autrement accorde aussi des subventions lors d’urgences spécifiques et des aides ponctuelles à d’autres association (un centre des femmes handicapées, un centre de conservation des éléphants, etc.).

VA : Un Monde Autrement, ce sont donc huit pays et depuis 2024 un siège en France. À ce sujet, souhaitez-vous intégrer un collectif tel qu’ATR ou ATD, deux associations qui portent le tourisme durable en France ?

UMA : Avant de créer l’agence Un Monde Autrement en France, nous étions avant tout un réseau informel présent au niveau local. Dorénavant, grâce à notre agence française, nous allons être plus visibles et pouvoir participer davantage à tous les échanges. Nous comptons donc rejoindre ATR et ATD, deux collectifs qui nous permettront de continuer à contribuer à un tourisme plus responsable. C’est ce que nous faisons depuis 25 ans, mais nous avons envie de participer plus activement à la réflexion sur les différents enjeux du tourisme durable.

VA : Une dernière chose à nous confier, une actualité du moment ?

UMA : L’actualité du moment est la prochaine rencontre de nos huit agences locales qui vont toutes se retrouver à Bangkok à la fin du mois de novembre. Une rencontre que nous avions déjà organisée en 2016. Ce sera un moment d’échange sur nos différentes expériences et pratiques, pour élaborer de nouveaux projets et renforcer notre démarche.

———– Aller plus loin ———-

Retrouver l’ensemble des agences d’Un monde Autrement.

Un Monde Autrement – Le premier réseau des artisans du voyage

Associations citées dans le texte :

Anak : Association ANAK à Bali

Kalaweit : Association Kalaweit à Sumatra et Bornéo

Fanomezantsoa : Solidarité à Madagascar

Vientiane Rescue : https://www.laosautrement.com/solidarite-au-laos/