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Transport aérien : lettre ouverte des acteurs du secteur aux gouvernements…

| Publié le 4 novembre 2015
Thèmatique :  Acteur privé   Initiative privée   Monde   Tourisme de masse 
             

A deux mois de la COP 21 et à 1 an de l’Assemblée de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (ICAO), les acteurs du secteur aéronautique réunis au sein de l’ATAG* se retrouvaient à Genève pour faire le point sur leur action et préparer ces deux événements majeurs. L’occasion pour eux de publier une lettre ouverte aux gouvernements rappelant combien leur soutien devient à présent essentiel à la réalisation de leurs ambitieux objectifs. Rencontre avec Gill Michael, le Directeur Exécutif de l’ATAG…

* Air Transport Action Group

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 Voyageons Autrement : En quoi ce « Global Sustainable Aviation Summit » réunissant les membres de l’ATAG à Genève le 29 septembre dernier était-il important pour l’industrie aéronautique et pour le climat ?

Gill Michael : Parce que nous approchons de deux événements majeurs : le sommet mondial sur le climat de Paris et, l’an prochain, l’assemblée, également mondiale, réunissant dans le cadre onusien les représentants des aviations civiles de tous les pays, lesquels auront, à cette occasion, quelques décisions capitales à prendre. Raison pour laquelle les présidents et directeurs des entreprises et organisations représentées à l’ATAG (plus de 90% du secteur aérien mondial), des Pdg de Boeing et Airbus au directeur du IATA étaient présents à Genève et ont tenus à adresser tous ensemble une lettre ouverte aux gouvernements pour montrer à la fois leur détermination à agir pour réduire l’impact du secteur mais également rappeler que rien ne pourra se faire sans une entente des gouvernements égale à celle des acteurs privés.

VA : Pouvez-vous nous expliquer en quoi le rendez-vous de l’an prochain avec l’ICAO est si important ?

GM : Naturellement. Dans notre lettre ouverte, nous avons commencé par rappeler les trois objectifs majeurs que nous nous sommes fixés dans le cadre de notre stratégie pour atténuer l’impact du secteur aéronautique sur le changement climatique. 1) Une augmentation annuelle de l’efficacité des carburants d’1,5% jusqu’en 2020. 2) La stabilisation de l’émission de CO2 à partir de 2020 (le trafic continuant, lui, sans cesse, d’augmenter !) 3) La réduction, à l’horizon 2050, de l’émission de CO2 à 50% de ce qu’elle était en 2005. Ce sont des objectifs réellement très ambitieux, mais nous pensons pouvoir les atteindre car il existe au sein de notre organisation une réelle détermination des acteurs à agir et à collaborer. Nous en avons d’ailleurs profité pour publier par la même occasion un petit recueil des 100 actions les plus importantes déjà menées dans l’industrie aéronautique pour diminuer notre impact.

ATAG Summit Michael Gill

Gill Michael, directeur exécutif de l’ATAG

VA : Pouvez-vous nous en cirer quelques-unes ?

GM : Cela va des progrès accomplis sur les nouvelles flottes d’avion (Airbus A 380/350 et Boeing 787 réduisant leur émission de CO² de 20%) à l’équipement solaire des aéroports (plus de 100 dans le monde aujourd’hui) ou encore aux nouvelles méthodes de contrôle aérien permettant d’économiser du carburant en passant, justement, par toutes les avancées liées à ces carburants ; Air France, par exemple, teste pour la première fois des vols (Paris-Toulouse en l’occurrence) effectués grâce aux seuls biocarburants. Autant de faits qui illustrent notre détermination mais rappellent aussi que si nous maîtrisons les trois leviers  d’action de la première phase de la stratégie mise en place pour atteindre nos objectifs, la seconde phase ne dépend plus uniquement de nous, mais, précisément, des gouvernements et de leur capacité à se mettre en phase à leur tour.

Passage de relais…

VA : Pouvez-vous nous rappeler quels étaient ces deux phases ?

GM : Pour atteindre nos grands objectifs de diminution du CO², nous pouvons agir de trois manières différentes (c’est la phase 1) : sur le levier des progrès techniques (en fabriquant des avions qui consomment moins et des carburants moins carbonisés), nous pouvons optimiser les opérations aériennes (plans de vol, etc.) et enfin, nous pouvons travailler sur les infrastructures (aéroports principalement), toutes choses que nous faisons déjà (d’où le recueil des 100 actions sélectionnées) et sur lesquelles nous commençons à avoir un peu de recul. Suffisamment en tous cas pour envisager de passer à la seconde phase : tirant la leçon de tout ceci, faire mettre en place par l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile, un système global de mesures et de règles garantissant la stabilisation des émissions de CO2. Un système qui s’appliquera donc à l’ensemble de l’aviation civile mondiale, deviendra la nouvelle règle pour tous et sera mis en application dans le monde entier dès 2020. Or, c’est précisément lors du sommet de l’an prochain que ce système doit être présenté et entériné par les nations réunies à l’assemblée de l’ICAO.

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Le bureau de l’ATAG présentant la Lettre ouverte aux gouvernements

VA : Et ce programme, il est prêt ?

GM : Loin de là, et il nous reste tout juste un an pour le mettre au point ; ce qui représente d’évidence un autre challenge considérable à relever, d’autant qu’à partir de maintenant, nous ne pouvons plus avancer seuls ; à quoi servirait de préparer un lot de mesures que les acteurs s’engageraient à suivre, mais pas les gouvernements ? Il nous faut donc à présent avancer ensemble et pour que nos efforts payent, il convient de plus que les gouvernements se préparent de leur côté à ce grand changement, se mettent à (ou continuent) d’agir dans le même sens que nous pour que ce que nous proposerons l’an prochain soit recevable pour eux, qu’ils puissent le valider et le mettre en place concrètement, légalement et techniquement. Ce qui ne sera possible qu’à la condition qu’ils manifestent leur soutien en agissant a minima dans quatre domaines que nous avons bien entendu rappelés dans notre lettre ouverte : la réforme des investissement liés au trafic aérien, le support de la recherche liée à l’amélioration des technologies et de la mise au point des carburants durables, l’amélioration du plan de transport intermodal de chaque pays et, enfin, l’accélération des décisions concernant la production et la mise à disposition de biocarburants alternatifs en quantité suffisante…

VA : Et vous pensez y arriver ?

GM : Notre sommet s’est tenu symboliquement un an exactement avant l’assemblée de l’ICAO. Le compte à rebours est désormais lancé. Stabiliser l’émission de CO² à partir de 2020 alors que l’on sait que le trafic doublera encore d’ici à 2030 est particulièrement ambitieux, accoucher d’une règle commune acceptée par tous en un an ne l’est pas moins, mais la volonté de coopérer, je vous l’ai dit, est manifeste. Aussi n’existe-t-il en définitive aucune raison de ne pas y croire…


Transport aérien : lettre ouverte des acteurs du secteur aux gouvernements… | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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