Partir en vacances avec son CSE. L’exemple de Michelin.
Chaque année, environ quatre Français sur dix sont privés de vacances. Budget, mobilité réduite, manque d’information, autant de raisons qui peuvent expliquer pourquoi certains restent chez eux quand d’autres vont découvrir d’autres horizons. Il existe toutefois de nombreux dispositifs pour favoriser les envies d’évasion, à l’image des coups de pouce fournis par les comités d’entreprise qui réservent une partie de leur budget à des aides au départ. Rencontre avec Lilian Nobilet, directeur du CSE Michelin, qui propose à ses salariés un catalogue extrêmement varié.
VA/ Quel type de voyages peut-on faire avec le CSE Michelin ?
Il y a vraiment une palette très large de propositions, et peut être la première d’entre elles, un catalogue que l’on édite et dans lequel on intègre les offres de partenaires spécifiques que nous avons ciblées et qui nous permettent de répondre aux besoins et aux pratiques de vacances d’une manière général. Par exemple du camping plutôt en Méditerranée ou vers l’océan, qui répond aux attentes de nos salariés avec également le souci de garantir la qualité de l’offre que nous sélectionnons.
VA/ Un catalogue et des tarifs privilégiés pour vos salariés ?
Effectivement, ce qui est présenté dans ce catalogue fait l’objet d’une aide particulière puisque ce sont bien sûr des offres subventionnées. Mais nous disposons aussi des catalogues ouverts de nos partenaires, c’est-à-dire des acteurs que l’on a identifiés et qui permettent à nos adhérents d’avoir des tarifs négociés et ensuite d’avoir une aide après coup du CSE quand ils nous présentent leur facture. Enfin, il y des aides du type camping libre où le salarié choisit le camping de son choix et nous présente ensuite sa facture sans qu’il y ait forcément de limitation de la part du CSE. Cela concerne les emplacements libres, pas les logements. Ces aides sont calculées d’après le quotient familial des familles. A Michelin nous distinguons seize tranches différentes ce qui permet une aide qui réduit de 20 à 50% le prix d’un séjour.
VA/ Sentez-vous une demande plus accrue de vos salariés en cette période difficile de crise et de pouvoir d’achat contraint ?
La question est complexe. Je ne voudrais pas y répondre de manière trop simpliste, mais oui, bien sûr, on sent qu’il y a un fort besoin de rupture, de repos. On essaie de faire évoluer nos offres pour répondre à ces besoins. Je pense notamment à un travail important que l’on a réalisé sur des courts séjours de proximité qui permettent de multiplier les départs, des séjours de rupture, de repos, et avec cette idée que l’on n’a pas besoin d’aller loin pour être dépaysé et être dans de la découverte.
VA/ Qu’apportent le CSE comparé à un prestataire privé classique ?
C’est une question centrale car justement, l’une des difficultés des CSE aujourd’hui, d’une manière générale, c’est de se distinguer du secteur privé et lucratif classique, et de ne pas être seulement l’outil qui va permettre un accès à cette offre lucrative, mais de renouer peut être avec certains principes qui ont amené à la création des CSE et au développement du tourisme dans les années 50/60. Un CSE se doit donc d’être un prescripteur afin de contribuer à orienter, à sensibiliser, à donner du sens aux pratiques touristiques et pas seulement les considérer comme un simple produit sur un maché concurentiel.
VA/ Possédez-vous également quelques biens immobiliers (les châteaux du social !) réservés à vos salariés ?
Nous avons un patrimoine qui s’est pas mal réduit au fil des années mais nous sommes très attachés à ce qui nous reste. Nous mobilisons des moyens importants pour sa rénovation avec des partenaires du tourisme social. En revanche, ces biens ne sont plus uniquement réservés aux salariés Michelin, nous sommes toujours dans des logiques de partenariat avec d’autres acteurs. Je peux citer un exemple un peu original dans notre histoire, un centre situé sur l’Ile d’Yeu où l’on envisage d’investir avec ODCVL, un acteur du tourisme social, afin de créer une SCIC pour l’exploiter. Il s’agit là d’un modèle d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui s’inscrit complètement dans une logique de développement local puisque l’idée est d’intégrer l’ensemble des parties prenantes dans la gestion du centre, la collectivité, des associations, des personnes physiques.
VA/ Pour conclure, auriez-vous un projet particulier à nous confier qui tient à cœur au CSE Michelin ?
Un projet que l’on peut évoquer serait des courts séjours que l’on a mis en place. Cela permet d’éviter justement cette logique de marché et des appels d’offre où on cherche le moins disant ou le moins cher. On a préféré au contraire se remettre dans des logiques de projet, des dynamiques de développement local avec des acteurs du territoire. Je pense à l’association « la route des villes d’eaux » qui concerne plutôt des villes thermales, à des Parcs Naturels Régionaux qui ont des approches du développement touristique très intéressantes. On a réfléchi ensemble en termes de projets, ce qui donne du sens auprès de nos adhérents qui constatent les pratiques de vacances que l’on promeut. Nous en sommes très fiers. Les acteurs sont inscrits dans une dynamique qu’ils nous décrivent comme très positive y compris dans le rapport au territoire que cela a pu déclencher. Surtout, nos adhérents ont répondu présents, nous avons réalisé 1300 nuitées sur l’Auvergne en 2022. C’est donc une belle réussite. Les élus ont décidé de pérenniser l’action, la prochaine édition commence ce mois d’avril. A terme nous envisageons de couvrir le Massif Central grâce au réseau des PNR qui sont organisés à l’échelle de ce territoire.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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