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Mongolie : une destination à VIVRE !…

| Publié le 21 février 2019
Thèmatique :  Acteur privé   Bons plans   Portrait   Territoire 
             

Tombé amoureux de la Mongolie voici plus de 15 ans, Sylvain a fini par s’y installer afin de pouvoir faire découvrir aux visiteurs de passage ce peuple et cette culture uniques au monde qu’il adore. Rencontre avec un passionné engagé dans la défense de l’authenticité mongole
Voyageons autrement : Vous dites que la Mongolie est une destination à « vivre » plutôt qu’à « faire » ou à « voir ». Nous aimons beaucoup cette précision sémantique. Que recouvre pour vous ce choix dans les mots ?
Sylvain Recouras : Monuments, musées, lieux célèbres… généralement, quand ils voyagent, les gens veulent voir tel ou tel endroit renommé. La culture nomade mongole n’offre pas de tels monuments, mais la Mongolie se vit, au jour le jour, au contact de ses habitants, un peuple unique dont la rencontre vous bouleverse. Je peux affirmer sans exagération qu’il se passe ici, au niveau humain, quelque chose de très fort, qui vous remue à l’intérieur. Habitant, guide, chauffeur, éleveur… un Mongol reste un Mongol quels que soit les circonstances et le job effectué et, si vous acceptez ce parti pris, vous pénétrez dans une autre dimension du voyage. Voyage au terme duquel vous quitterez des gens sincèrement en pleurs, devenus des amis. Certains clients nous disent : « Je veux voir le nord, le sud et l’Altaï. J’ai 15 jours ». A ceux-là, nous répondons : alors vous allez passer la moitié de vos deux semaines assis à l’arrière d’un véhicule et, au final, vous n’aurez pas vu grand-chose ! Acceptez en revanche de nous faire confiance et venez passer 2, 3 voire 4 jours auprès des mêmes personnes et nous vous garantissons des souvenirs que vous n’oublierez ja-mais. On ne « fait » pas la Mongolie. C’est la Mongolie qui vous fait… quelque chose.

VA : Quelle est la meilleure période pour aller en Mongolie ?
SR : La saison est très courte et s’étend de juin à septembre, l’été donc. L’idéal étant de s’y rendre en juin, jusqu’au 7 ou 8 juillet. Ou alors, en fin de saison, entre le 20 août et le 15 septembre.


VA : Quand et comment l’aventure Horseback Mongolia a-t-elle commencé ?
SR : En 2003, j’ai effectué une année de césure durant mes études. Nous devions partir en Amérique du Sud avec des amis mais le voyage fut annulé au dernier moment et je me suis retrouvé en Asie arrivant par le train dans cette Mongolie dont, en vérité, je n’avais jamais entendu parler. En revanche, faisant de l’équitation depuis l’âge de 5 ans, je me suis retrouvé très à l’aise à me rendre au marché du village à cheval. Et par l’intermédiaire d’une jeune fille rencontrée dans le train, je suis également entré de plein pied dans la vie locale : grand barbecue et réunions familiales. J’ai adoré tout cela, comme la liberté totale qui soufflait encore sur les steppes sauvages. Aussi, mes études finies et après un essai déprimant dans les tours de la Défense, ai-je décidé de venir ici, de me lancer et de monter, en 2006, une agence qui me permettrait de faire partager le meilleur de ce que ce pays a à offrir.

VA : Vous vous impliquez beaucoup dans l’organisation des voyages et restez disponibles en continu. Mais vous insistez également beaucoup sur l’importance des équipes accompagnantes…
SR : Lorsque je me suis lancé, les gens m’ont dit : « Pourquoi pas… Par contre, tu n’arriveras jamais à fidéliser guides, chauffeurs et Cie, c’est im-pos-ssi-ble ! » Résultat : le premier guide avec lequel j’ai travaillé est encore à nos côtés, près de 15 ans plus tard. Dès le départ, nous avons commencé de travailler et vivre ensemble. J’ai organisé des soirées, des BBQ, des sorties… et dès que l’entreprise a commencé à bien marcher, j’ai emmené nos collaborateurs en voyage, qu’ils découvrent leur voisinage : Chine, Russie Indonésie, Cambodge,… Et notre plus ancien guide, donc, après avoir accueilli des Français durant toutes ces années a lui-même pu découvrir notre pays récemment : châteaux de la Loire, Alpes, Paris… Nos bureaux sont en open-space et nous entretenons un climat à la fois très pro et très familial en nous réunissant souvent et célébrant beaucoup de choses. Même aujourd’hui, avec un cœur d’équipe de plus de 50 personnes, conserver cet esprit de corps est un challenge que nous avons vraiment à cœur de relever tant, comme je l’ai dit, la dimension humaine nous parait capitale pour le voyageur.

VA : Justement, quelle est la part faite à la rencontre avec les locaux dans vos voyages ?
SR : Considérable. Au fil des années, nous nous sommes constitués un réseau de familles amies, une petite centaine, des éleveurs entre autres, vivant dans toute la Mongolie. C’est chez eux que s’effectuent 60 à 70% des nuitées de nos voyages. Car, comme je l’ai dit, cette dimension de la rencontre se trouve, en Mongolie, au cœur même du projet de voyage. Aussi, même si vous ne partez pas avec nous, n’allez surtout pas dans ces « camps » pour touristes où vous passerez à côté de l’essentiel de ce que ce coin du monde a à offrir et vous en ferez une idée fausse. Certes, cela implique parfois un petit sacrifice côté confort, mais nous engageons vraiment les gens à passer lors de leur séjour au minimum deux nuits chez l’habitant, pour mieux découvrir et partager son quotidien. Et je ne me souviens pas que quiconque ait jamais regretté après coup ce choix…


VA : Quelle est votre marque de fabrique, ce qui vous caractérise et, peut-être, vous différencie ?
SR : Cet ancrage et cette collaboration avec le tissu humain local, entre autres. Les séjours chez l’habitant n’existaient pas avant notre arrivée. En tous cas, pas de la façon, très authentique et respectueuse, dont nous l’envisageons. A l’opposé, si nous sommes « locaux » en tout, il m’a paru essentiel que nous soyons très occidentaux côté sécurité et services. J’ai donc fait importer des casques d’équitation, impossible à trouver dans le pays. Et équiper les voitures (russes) de ceintures de sécurité (aucune n’en a). Nous nous sommes également ouverts à Trip Advisor dans un souci de transparence et nous ouvrirons bientôt un bureau à Paris pour rendre les choses plus faciles encore pour les clients à qui nous souhaitons offrir toutes les garanties. Ce qui implique naturellement une très forte présence et disponibilité : jours, nuits, week-ends. Même pour moi, aujourd’hui encore !

VA : De quelle manière s’exprime votre engagement pour un tourisme durable et solidaire ?
SR : De plusieurs manières. Tout d’abord en travaillant avec les locaux et en les rémunérant bien, nous leur permettons de poursuivre un mode de vie nomade non seulement en recul mais de plus en plus dénigré par les Mongols des villes. Mode de vie que, naturellement, de notre côté, au contraire, nous cherchons à revaloriser. Puis nous menons de nombreuses actions ciblées comme la participation, l’an dernier – aux côtés de l’association Educate – à la construction de deux écoles sous yourte, dans les steppes. Sachant par ailleurs que 10% de nos revenus sont donnés à des associations locales. Enfin, nous tachons d’éviter les dérives les plus outrancières du « modernisme », expliquant par exemple inlassablement que si, pour eux, des toilettes en béton au milieu de la steppe semblait être le nec plus ultra, les voyageurs n’avaient pas forcément le même regard. Il faut dire que, de ce point de vue, la brièveté de la saison représente une vraie chance dans la mesure où elle évite que toutes ces familles ne « basculent » exclusivement dans le tourisme et se focalisent entièrement dessus. Dans tous les cas, neuf mois durant, il leur faut revenir à leurs activités traditionnelles…


VA : Vous prêtez une attention particulière à la nourriture (si importante pour les Français) proposée aux voyageurs. De quelle manière et pourquoi ?
SR : La nourriture locale est bonne, c’est vrai, mais limitée. Que l’on vous propose un grand BBQ de viande, c’est génial ; mais à tous les repas ?!… Hors les repas traditionnels d’accueil des familles, nous avons donc apporté un peu de variété, essayé diverses formules, puis carrément ouvert des cuisines à Ulan Bator où nous préparons de bons petit plats que nous mettons ensuite sous vide. C’est un gros travail, mais il porte aujourd’hui ses fruits et les clients sont ravis.

VA : Pouvez-vous nous détailler une proposition de voyage qui vous paraisse emblématique de ce que vous faites et que vos clients apprécient particulièrement ?
SR : Nous avons ce circuit : « Entre steppes et désert » qui représente de loin notre meilleure vente. C’est un 14 jours offrant une grande variété de paysages ce qui n’est pas évident dans un pays aussi vaste que vous parcourrez généralement à la vitesse des chevaux, soit 20km/h en moyenne. En peu de temps, vous découvrez ici plusieurs types de steppes différents, les montagnes plus le désert de Gobi. C’est, en outre, un circuit équilibré comprenant trek et épisode chamelier ; 7 nuits chez l’habitant et 3 nettement plus confortables. Il est très apprécié des Français (moins des Américains) qui sont prêts à sacrifier un peu de leur confort habituel pour vivre quelque chose de véritablement authentique et fort. Nous y avons inclus un petit vol intérieur qui permet d’économiser 3 jours de voiture et de découvrir un maximum de choses. Ce qui ne nous empêche pas de tâcher, par ailleurs, de développer des régions sauvages, « naïves » presque aurai-je envie de dire. Car vous n’imaginez pas l’émotion éprouvée par une famille de la steppe qui s’apprête à accueillir ses premiers voyageurs !…

VA : Votre compétence est aujourd’hui si bien reconnue que des professionnels renommés vous confient leurs clients. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
SR : Allibert nous a fait confiance pratiquement dès le début, en 2008 et la plupart des agences du Transsibérien travaillent avec nous, ainsi que Kuoni, Terres Oubliées et nombre de petites agences indépendantes. Il faut dire que nous sommes l’un des très rares à proposer des départs regroupés, plus de 150 chaque été. Sur 15 jours et sur une destination où les coûts fixes sont très importants (véhicule, chauffeur-guide, cuistot…) cela peut représenter jusqu’à 900 € d’économies pour le client ! Cela ouvre des perspectives…

VA : Que n’a-t-on dit qui soit important pour vous ?
Que venir en Mongolie, c’est se proposer de découvrir une autre culture et, surtout : un autre mode de vie : le mode de vie nomade, ce qu’il en reste sur cette planète. S’y mêle donc comme je l’ai dit dès le départ une dimension humaine si chaleureuse, brute, simple, que la plupart des gens en repartent bouleversés. Cela devient pour eux un voyage incroyable. Au point que certains parents amènent leurs enfants ici uniquement pour leur permettre de déconnecter et comprendre qu’il existe autre chose que l’électronique on line sur notre planète. Et des policiers font la même chose avec de jeunes délinquants. Et ça marche ! Ces jeunes, qui étaient « paumés » repartent de l’expérience mogol transformés.

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Mongolie : une destination à VIVRE !… | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Jerome Bourgine
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