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A l’assaut de la Cordillère blanche : Carnet #1

| Publié le 1 mars 2018
Thèmatique :  Bons plans   Espaces protégés   Monde   Routes du Monde   Vélotourisme 
             

Enfin au Pérou! Depuis la frontière équatorienne de Balsa, ou j’ai du me résoudre à prendre une camionnette vu l’état de la route défoncée de glissements de terrain boueux à souhait, je retrouve avec joie des routes en bon état, gravissant petit à petit les dénivelés impressionnants. Les plantations de café et de cacao me rappellent bien la Colombie. Les rivières se font torrents tantôt déchaînés, tantôt calmes. Passage rapide par Jaen et traversée du rio Marañon, principal affluent de l’Amazone avant de rejoindre le département Amazonas et le territoire des Chachapoyas.

J’en sors après une superbe descente, avec les couleurs du soleil tombant, ou les freins chauffent terriblement! Retour dans la fournaise à 900m d’altitude, manguiers, orangers, papayers… Le lendemain sera une dure journée avec une montée de 45km pour un dénivelé de 2200m.

Des Chachapoyas aux contreforts de la Cordillère blanche

La route n’en finit pas de zigzaguer! Je vois les prochains virages en face où je n’y arriverai que 2 heures plus tard. Mais ça se fait bien, malgré le poids de mes 2 charges de 65kg à tracter : la mienne et celle du vélo. Non content de cette belle montée, je poursuis mon chemin jusqu’à la tombée de la nuit pour camper. Cajamarca, ville qui croît rapidement enivrée par la folie minière. Je suis étonné de voir autant de mendiants dans la rue, conséquence directe du développement minier qui a fait exploser le coût de la vie locale. Je me ressource à Huamachuco, charmant petit village, avec un chocolat chaud et des bonnes pâtisseries confectionnées par des adolescents. Proyecto Amigo : un projet social et solidaire bien intéressant de la Casa Marcelino.

Routes sinueuses et montagnes russes

Balafres paysagères encore plus flagrantes par la suite. La plupart des cimes des montagnes est grignotée par les mines industrielles et/ou artisanales (les secondes le plus souvent illégales et insécurisées). Or, cuivre, zinc, plomb… Une douche glaciale de grêlons sur un haut plateau me résoudra à rejoindre la côte péruvienne.

Trujillo, métropole anarchique dans la moiteur tropicale. Les grands projets d’irrigation développés pour l’agriculture côtière ont transformé le désert en oasis ultra-productive, avec des effets collatéraux évidents. Le sauna devenu hammam en somme. J’ai déjà hâte de retourner dans les montagnes! Tant de trafic, de pollution de toute sorte, de bruit omniprésent, c’est trop. Juste le temps de visiter les deux sites archéologiques majeurs : Huacas la Luna et Chan-Chan.

Compagnons de voyage

Le premier n’est qu’à 15 kilomètres du second. De la civilisation Mochis, c’est l’ancêtre de plus de 500 ans du second qui est de la civilisation Chimus. Bien que n’étant pas très porté sur les musées et sites figés, je me laisse conquérir. Ce sera mon meilleur moment sur la côte péruvienne…

Parti à l’assaut des cimes enneigées de la Cordillère blanche, je traverse tour à tour désert de dunes, vallées miraculeusement verdoyantes, d’autres stériles et minérales aux couleurs de l’arc-en-ciel. En quelques jours, je passe du niveau de la mer à plus de 5000 m.

Kuélap, le Machu Picchu du nord péruvien

La Cordillère blanche est la chaîne montagneuse tropicale la plus haute au Monde. Pas un végétal ne tente de s’agripper à ses parois rocheuses qui fréquemment s’écroule sous l’effet de la gravité et des pluies diluviennes. Les couleurs témoignent de leur richesse en minéraux. Les mines ne sont pas loin. Des villages entiers dédiés à cette exploitation. Huallanca, un village fantôme, cerné de boue, aux habitants en habits fluos d’ouvriers de chantier.

Grignotage minier de la montagne

C’est spécial comme ambiance… Je retrouve des cyclistes, croisés quelques jours auparavant, qui ont tenté le passage en force par les chemins en terre. Résultat : je les retrouve couverts de boue et épuisés. Chemin défoncé, en tôle ondulée, le cauchemar du cyclo-voyageur. Route fermée pour cause d’éboulement? Je ne me fie plus aux commentaires des locaux. L’un vous dit ceci, son voisin le contraire. Canyon du canard (Cañon del Pato), nom suspicieux, qui me fait rêver un temps au magret et au foie gras, mais des paysages merveilleux, parois verticales où la route étroite se taille un chemin improbable, et suit une ribambelle de tunnels. Coup d’adrénaline entre les tunnels obscurs et au guet ou en sprint pour en sortir avant qu’un nouveau camion s’y engouffre ou que des rochers ne me  tombent dessus!

Trujillo

Canyon du canard

Continuant la remontée en altitude, je traverse à la hâte des villages charmants : Caraz, Yungay, Carhuaz pour enfin arriver à la bruyante capitale régionale : Huaraz. Chacun tente de tirer son épingle du jeu touristique, sans aucune coordination territoriale. La proximité de Lima, la capitale péruvienne, et un patrimoine naturel et culturel fourni copieusement explique l’attractivité de cette région. Le fleuve Santa qui y coule s’est faufilé un chemin entre la cordillère blanche et la cordillère noire. La différence entre les deux? Le blanc de ses neiges éternelles, enfin…

Cordillère blanche deviendra noire…

Faute d’une météo propice, je ne ferai pas beaucoup de treks dans ce haut-lieu de l’andinisme. Mais parfois le soleil se fait plus généreux. Repos bien mérité à la Santiago’s House avec la famille de Santiago, d’où je fêterai mes 33 bougies avec de fameux Pisco Sour , cocktail national, en compagnie de Fiona, une cyclo-voyageuse anglaise. L’âge du Christ. Justement, la Semaine Sainte approche, il faut que je fuis dans les montagnes pour éviter le flot de touristes. Après hésitations, je traverserai la cordillère blanche par la piste du célèbre glacier Pastoruri.

Sur la piste poussiéreuse de la Cordillère blanche

Puyas raimondii sur la route du Pastoruri

Au pied du glacier Pastoruri, 4900m d’altitude

Superbe piste de montagne, se frayant un chemin entre des géants de glace. Elle est dénommée « Route du changement climatique » . Dû à la fonte accélérée de son glacier Pastoruri (5100m), la municipalité mise sur la diversité d’attraits de la vallée toute entière pour pérenniser l’activité touristique : peintures rupestres, Puyas raymondii (sorte de yuca à l’inflorescence qui peut mesurer plus de 8 mètres), œil d’eau, sources d’eau gazeuse, tourbières, fossiles, etc… Un pari qui me semble bien judicieux, car il faut s’adapter au changement. Aujourd’hui, le glacier recule de plus de 23 mètres par an! Ce site emblématique de la cordillère peut devenir un laboratoire d’étude du changement climatique. On peut y voir et toucher du doigt l’effet d’un changement global : le réchauffement climatique. N’en déplaise aux climato-sceptiques blagueurs. C’est ainsi qu’évolue la Cordillère blanche, qui un jour deviendra noire, comme sa voisine!

Je savoure donc de cette montée vers le glacier. Chahuté dès le début d’après midi par l’arrivée de la pluie, voire de la grêle, je dois raccourcir mes journées, ou les commencer plus tôt. Ce qui me conduira à camper à l’abri des maisonnettes au pied du glacier Pastoruri, à plus de 4800m. Première nuit à hauteur du sommet de l’Europe! Je la passerai blanche, sans fermer l’œil, effet du manque d’oxygène. Et heureux d’être là, au plus près des éléments. De là-haut, le Mont Blanc de ma belle France me paraît bien pitchoun. Le lendemain, encore engourdi et endormi, je passerai le col avant de passer versant oriental. Chemin désolé, lugubre presque, battu par un vent glacial. Risquant l’hypothermie, j’accélère. J’aperçois néanmoins au passage des empreintes de dinosaures dans la roche, et des fossiles végétaux. Désormais, je fuis la pluie (je crois du moins) vers la jungle péruvienne, à travers la région de Huanuco, puis d’Ucayali. Je veux de la chaleur!!! Je vais être servi! Direction l’Amazonie!

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A l’assaut de la Cordillère blanche : Carnet #1 | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par David Gasc

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