L’île paradisiaque de Santorin, un enfer pour ses ânes
Peut-être avez-vous déjà eu la chance de parcourir la Grèce et notamment ses îles. Situé en mer Égée, au nord de la Crête, l’archipel de Santorin est une destination prisée des touristes du monde entier. Ce, au détriment des centaines d’ânes présents sur l’île : autrefois utilisés comme moyens de locomotion pour les habitants et agriculteurs, leur rôle a peu à peu dévié vers l’industrie touristique, sans le moindre respect de leur bien-être.
Le bien triste sort des ânes de Santorin
L’âne a toujours fait partie des animaux proches de l’homme. Facile à domestiquer – même si un âne peut toujours de montrer têtu comme une mule… – il est un compagnon utile dans de nombreux endroits du monde, où il aide l’homme dans ses déplacements, le plus souvent par le biais de transport de matériel. Longtemps, les ânes de Santorin avaient cette seule fonction : aider les habitants à gravir les longues marches et passages étroits en transportant des denrées sur leur dos. Malheureusement, leur rôle de bête de somme n’a plus suffit lorsque les touristes ont commencé à affluer sur l’île : quoi de plus pittoresque que de leur faire gravir les 600 marches qui relient le port au village de Fira à dos d’âne ?…
Comme d’autres bien trop nombreux animaux à travers le globe, les ânes de Santorin sont devenus les victimes directes du tourisme de masse. Désormais, ils parcourent des kilomètres chaque été sous un soleil de plomb, le plus souvent sans accès à l’ombre, à de la nourriture ou à de l’eau, et sans soins – le matériel d’attelage était souvent précaire et blessant les animaux. Et n’oublions pas les coups de fouet…
Cela n’empêche pas des milliers de touristes de continuer de grimper sur leur dos chaque année. Les ânes de Santorin, ou « taxi-mules », ne sont pas les plus costauds de leur espèce : d’un poids moyen allant de 150 à 200kg, ils peuvent normalement supporter une charge allant jusqu’à 20% de leur poids, ce qui signifie qu’à part un enfant… personne d’autre ne devrait se permettre de monter un âne. Et pourtant, nombreuses sont les photos où l’on voit des adultes, souvent en surpoids voire obèses, se déplacer sur le dos des pauvres bêtes… qui supportent alors 50 à 80% de leur poids !
Une « règlementation » toujours pas respectée
Un véritable enfer pour ces animaux sensibles, doux et qui méritent tout sauf d’être maltraités pour satisfaire l’envie d’exotisme du touriste peu consciencieux. Les choses auraient soit-disant bougé courant 2018, suite à des plaintes d’associations de protection animale, mais la mairie peine à se mettre à dos les muletiers… Il devrait notamment être interdit de proposer le transport de touristes de plus de 100kg (ce qui est déjà beaucoup trop), mais l’association PETA, qui s’est rendue sur place en 2022, a pu constater que le règlement n’était pas respecté. Sur place, de nombreux animaux souffraient encore de plaies ouvertes non soignées, d’épuisement, de manque d’accès à l’eau… et de véritables souffrances physiques comme psychologiques.
À une époque où le bien-être animal est de plus en plus source de préoccupation, la situation des ânes de Santorin commence à paraître archaïque. Le problème est soulevé depuis des années, combattu par les associations de défense des animaux, remis régulièrement sur le tapis par le biais de pétitions et de manifestations, et pourtant, peu de choses bougent.
La meilleure solution reste toujours la même : ne jamais prendre part à ce type de tourisme. Car si les choses ne bougent pas, c’est que le fond du problème persiste : la demande existe. Or, si tous les touristes visitant Santorin faisaient l’effort de se renseigner sur ce sujet et de prendre conscience de la souffrance infligée aux animaux, ils trouveraient d’autres moyens de locomotion. Et ils existent ! A commencer par la marche, qui permet d’accéder à son rythme aux hauteurs de l’île. Si toutefois cela paraît inaccessible, il existe un funiculaire pour s’y rendre – moins cher que le transport à dos d’âne !
Sur Voyageons-Autrement, nous défendons un tourisme qui n’exploite les animaux sous aucune forme. N’acceptez jamais une sortie touristique dans laquelle un animal est utilisé, et n’hésitez pas à signifier votre désapprobation auprès de l’agence ou de l’organisme qui vous le propose. C’est ensemble que nous pourrons faire stopper ces pratiques, pour un tourisme plus responsable et bienveillant !
Par Mélusine Lau
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