Rail and Ride : Un train d’avance sur les voyages nature
Fanny Cathala est accompagnatrice en montagne dans les Alpes françaises. Sa passion pour les voyages en immersion dans la nature l’a conduite aux quatre coins de l’Europe. Mais avec quelques amis, ils ont souhaité rendre leurs voyages plus cohérents avec leurs valeurs et cesser d’utiliser l’avion pour se déplacer. Entretien avec une aventurière de la mobilité douce.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le collectif Rail and Ride?
Rail and ride a été créé il y a trois ans, à la suite d’un voyage en Laponie Suédoise. Nous sommes une équipe de 5 personnes, tous passionnés de sports de pleine nature et plus particulièrement de sports de montagne.
Nous avons toujours voyagé et fait des voyages nature. En 2008 nous nous sommes rendus en Islande en avion, et je me suis longuement questionnée sur notre mode de transport, et le paradoxe qu’il y avait entre un voyage nature et des déplacements extrêmement polluants.
A notre retour, nous avons ouvert nos atlas et choisi une destination européenne la plus lointaine possible, et on s’est rendu compte que la Laponie était très accessible en train! Nous avons fait une première expédition en 2010, comme une sorte de test : un départ en plein hiver avec tout le matériel de ski. L’expérience fut tellement bonne que nous y sommes retournés en 2011 et 2012.
Pourquoi ce choix de la Laponie Suedoise et quel fut votre parcours?
Nous parcourons au quotidien les pays de Savoie qui sont des espaces magnifiques mais très habités. L’idée est d‘aller chercher les grands espaces en Europe qui sont à portée de train, d’où le choix de la Laponie Suedoise.
Nous n’avons pas fait le choix d’un pays mais plutôt celui d’un milieu. En l’occurrence, ce qui nous intéresse ici c’est d’aller chercher la Toundra et la Taïga qui sont des espaces sauvages fabuleux au sein desquels on se retrouve en totale autonomie. On y apprend à vivre avec la nature et c’est ce qui nous attire avant toute chose. De plus, ces espaces ne sont pas vides d’hommes puisque des nomades les parcourent encore.
Partis en train de chez nous, nous nous sommes tous retrouvés à Genève pour rejoindre la Laponie Suédoise en remontant par la Suisse, l’Allemagne, le Danemark et la Suède pendant 2 jours et 2 nuits. Nous sommes arrivés à la gare de Gällivare puis un bus nous a ensuite déposé aux portes du parc national du Sarek, qu’on surnomme l’Alaska de l’Europe.
On a traversé ce massif du Sarek et suivi la route de migration du peuple Sami jusqu’à leur camp d’été situé au bord de la mer en Norvège.
Un voilier nous a alors récupéré dans un fjord pour nous déposer ensuite à l’arrêt de bus le plus proche.
Comment fait-on pour partir si loin avec pour seul mode de déplacement la mobilité douce?
On nous dit souvent « pour partir en vacances en train, il faut 6 mois de disponibilité! » Et le but de ces trois voyages est justement de montrer qu’on peut voyager en train sur des longues distances dans un temps normal de vacances. Deux jours Aller puis deux jours Retour, le temps passé dans les transport peut paraitre long. Mais le temps du transport n’est pas un moment d’attente mais bien un moment fort du voyage, une expérience humaine unique pour le groupe. Ca n’est en aucun cas du temps perdu sur place, puisqu’on est déjà dans un voyage. De plus, le train permet aussi de se rendre compte des distances que l’on parcourt.
Le réseau ferré européen est très bien maillé, et on peut facilement envisager des voyages nature de la sorte aux quatre coins de l’Europe.
De cette façon, on prend le temps de voyager, alors que dans la vie de tous les jours on n’a jamais le temps de rien.
De cette aventure a découlé un documentaire, Terminus Boréal. Quel est l’objectif de ce film?
L’idée de départ est de faire découvrir la mobilité douce au plus grand nombre. Le projet a intéressé une maison de production et une chaine de télévision et nous sommes donc partis avec un professionnel pour filmer.
Au delà des belles images que nous avons pu ramener, notre but avec ce film est de donner des clefs et de dire : « mais vous aussi vous pouvez le faire! ». On trouve dans notre DVD toutes les informations pratiques pour reproduire ce genre de voyage. Le film est donc construit en deux parties, avec des images dans le train ainsi que des images sublimes de paysages en Laponie.
Vous avez organisé de nombreuses projections, comment le film est-il reçu par les spectateurs?
Le film est très bien reçu, tant sur les festivals que lors de projections plus confidentielles pour des associations locales par exemple. Il ne présente pas un exploit mais bien une aventure humaine entre amis, ce qui fait que les gens se projettent facilement dans le voyage. Après chaque diffusion, je reçois des quantités d’emails dans lesquels les gens me posent des questions pour organiser eux-mêmes leurs voyages en train.
Nous continuons la tournée des festivals, et serons dès la semaine prochaine à St Etienne les 22 et 23 mars, à Lyon le 24 mars pour le salon de la randonnée, à Paris le 4 avril sur le festival Partir autrement, et nous finalisons actuellement toutes les autres dates. Sinon, le film est en rediffusion régulière sur Montagne TV et il est possible de commander le DVD sur notre blog.
Vous rentrez tout juste d’une nouvelle expédition à l’Etna, comment s’est passé ce nouveau voyage?
C’était un petit voyage qui avait pour objectif d’ouvrir le concept de Rail and Ride à plus de monde et cette fois nous étions quinze. L’idée était de faire découvrir à la fois un long voyage en train, 24 heures en l’occurrence, et de profiter sur place des sports de pleine nature. Nous sommes allés skier sur les pentes de l’Etna. C’était une initiation à ce type de voyages pour la plupart des participants et ça s’est tellement bien passé que tous souhaitent partir à nouveau!
Quelle suite souhaitez-vous donner à Rail and Ride?
Aujourd’hui Rail and Ride est une association qui souhaite donner les clefs à tous ceux qui désirent organiser des voyages nature en train en Europe. Nous créons actuellement un site internet communautaire où les gens pourront partager leurs trajets. On a véritablement développé des compétences sur le sujet : par exemple, on trouve en quelques secondes toutes les informations pour organiser un Chamonix – Bratislava, alors que ça sera très compliqué d’obtenir ces informations par la SNCF. On souhaite donc continuer d’être des conseillers sur le sujet.
On organise régulièrement des petits voyages à destination des membres de l’association ainsi que des initiations sur des courtes distances en utilisant les transports en commun.
Bien sûr d’autres projets de grands voyages sont en discussion. On en dira plus sur le sujet bientôt.
Si vous avez la moindre question sur l’organisation d’un voyage nature en train ou en ferry en Europe, n’hésitez pas à contacter Fanny par le biais de son blog.
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Par Sebastien Repeto
Fondateur de l'Agence Social Media My Destination, Sébastien est avant tout un passionné de voyage.
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Grand amateur de régions nordiques et de Laponie, où je suis allé plusieurs fois, j’ai beaucoup aimé Terminus Boréal, tant au niveau du film que de la philosophie qui s’en dégageait…
Voyager lentement, dans nos vies toujours en quête de temps, est quelque chose permettant vraiment de retourner aux sources !
J’y suis allé en avion a chaque fois (jusqu’à Stockholm), puis en train pour monter, et le reveil en Laponie est magique !
Rien que d’y penser me donne envie d’y retourner :-)
Brevo en tout cas !