Quand le voyage en Asie pose question…
Après une réouverture progressive tout au long de l’année 2022, l’Asie est en passe de revenir au mieux de sa forme voyageuse avec entre autres la possibilité récente de retourner en Chine, la quarantaine venant d’être levée. Toutefois, cette réouverture soudaine de l’empire du Milieu n’est pas sans inquiéter ni sans poser de question, à l’image de nombreux pays asiatiques qui peu à peu, retrouvent leurs touristes, ou souhaitent à nouveau attirer les foules voyageuses, mais à quel prix ?

Une réouverture progressive côté Chine
Hôpitaux submergés, pharmacies prises d’assaut, pénurie de médicament, l’arrêt soudain de la politique « Zéro Covid » n’a pas été sans créer de turbulence au cœur de l’empire du Milieu, la levée brutale de toutes les restrictions ayant entrainé une situation de chaos dans tout le pays avec des millions de Chinois contaminés chaque jour et de vastes parts d’ombre sur ce qui se passe réellement dans le pays. Il faut dire que la Chine était devenue une île, plus le droit d’entrer, plus le droit de sortir ; et des frontières largement fermées à tous depuis 2020. De la grande muraille à la grande barrière, elle s’était repliée sur ses frontières, imposant une quarantaine obligatoire à tous ceux qui arrivaient encore à passer. Depuis le 8 janvier, cette mesure d’isolement vient d’être levé, mais il reste encore compliqué d’envisager un voyage sans s’organiser un tant soit peu. Déjà, le test PCR négatif 48h avant le départ reste de mise. En outre, il faut absolument se renseigner sur le besoin de prendre (ou pas) une assurance « vacances » avec un spécialiste type Allianz Voyage. C’était alors demandé avant les années Covid comme condition à l’obtention du visa. C’est une disposition à vérifier absolument qui peut être rédhibitoire si elle n’a pas été anticipé. Enfin, attention aux prix des billets d’avion, multipliés par quatre alors, qui sont encore au double de leur tarif d’avant covid. La baisse devrait toutefois se poursuivre au fil des mois et la situation s’apaiser peu à peu, même si, ces dernières années nous l’ont appris, rien ne se passe jamais vraiment comme on peut s’y attendre. Le voyage en Chine reste toutefois possible, mais à quel prix ?
Une reprise plus affirmée en Asie du Sud est
Si le voyage en Chine reste donc toujours et encore une gageure au vu de la situation dans le pays et de la complexité organiser son voyage, d’autres pays d’Asie ont progressivement vu revenir les touristes. C’est notamment le cas de la Thaïlande, qui avait annoncé la réouverture de ses frontières dès juillet dernier et qui a totalement levé les restrictions le 1er octobre dernier. Ainsi, ils sont plus de 30 000 voyageurs à avoir sillonnée le pays courant 2022, dont un peu moins de 1300 Français. Des Français qui ont également plébiscité l’Indonésie et notamment Bali, occupant la 3e place sur le podium des arrivées dans l’ile avec près de 20 000 voyageurs. Singapour, le Vietnam, le Laos, la Malaisie, la Mongolie, le Cambodge, le Japon, autant d’autres destinations qui ont peu à peu levé les restrictions sanitaires et pu à nouveau accueillir des voyageurs. L’Asie devrait donc devenir une destination très recherchée en 2023, de nombreux touristes ayant reporté des voyages prévus alors et étant désireux d’y repartir au plus vite….

Partir ou ne pas partir, ces pays d’Asie qui font débat
Toutefois, au-delà des aspects pratiques liés à un certain retour à la normal, reste aussi la question de la volonté personnelle quand certains pays ne répondent pas forcément à nos éthiques personnelles ou à notre vision de l’ouverture, du monde et du voyage. Faut-il repartir en Birmanie par exemple, un pays qui a recommencé à délivrer des visas touristiques depuis l’an dernier après deux années de fermeture ? Une question tout à fait légitime quand on sait que les devises dépensées par les touristes iront probablement dans les poches de la junte militaire au pouvoir depuis le dernier coup d’Etat. Des activistes ont d’ailleurs appelé les voyageurs à boycotter le pays. Même questionnement pour la Papouasie Occidentale colonisée par l’Indonésie depuis les années 1960. Les peuples papous minoritaires aujourd’hui sur leurs terres natales sont menacées de disparaître dans l’indifférence générale. Outre les discriminations raciales qui les stigmatisent quotidiennement, l’exploitation de leurs ressources naturelles les exproprie progressivement de leurs terres. Faut-il alors boycotter cette région soumises aux appétits prédateurs du pouvoir indonésien ? Sans compter des multinationales qui le soutiennent. Comme le géant minier américain Freeport MacMoran, en grande partie responsable de cette situation politique qui hypothèque l’avenir des populations papoues ? Boycotter aussi alors les Etats-Unis et quid de l’avidité de ses multinationales? La réflexion on le voit est complexe et souvent à multiples tiroirs. Lequel ouvrir ? Lequel laisser fermé ? On pourrait encore citer ainsi bien d’autres pays asiatiques, sans forcément appeler au boycott mais tout au moins à la réflexion, la transparence, afin que les voyageurs aient au moins le réflexe de se renseigner avant de partir traverser des pages de papiers glacés qui masquent souvent des réalités moins reluisantes. L’autre face de réouvertures qui souvent posent question. Voyager, oui, mais à quel prix ?

Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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c’est vrai que pour ma part je préfère attendre un retour à une stabilité. 2023 risque d’être encore un peu mouvementé. Certains pays d’Asie sont encore sous le choc de la période post pandémie. Mais c’est une excellente réflexion. bon article!