Plongée au cœur du Lagon Bleu de Djibouti
Le soleil se couche sur l’île Musha, je suis avec Gassira et Hussein qui nous reçoivent dans l’écologde du Lagon Bleu. Sous l’eau, poissons chats, clowns, chirurgiens, murènes, raies mantas, mérous, tortues, un festival coloré exceptionnel. Sur l’eau, une conversation au fil du soleil descendant pour mieux percevoir les dessous d’un centre de plongée pas tout à fait comme les autres.
VA/ Depuis quand existe le centre de plongée du Lagon Bleu ?
L’écologde date de 2005 et le centre de Plongée de 2006. Avant il y avait un club associatif militaire avec un enseignant français, Luc Poirier, qui a formé les premiers djiboutiens moniteurs de plongée, huit au total, dont six travaillent toujours au Lagon Bleu. Grâce à un partenariat avec l’office de tourisme, nous avons réussi à garder la majeur partie des Djiboutiens sur le site.
VA/ Qui vient plonger au Lagon Bleu ?
Notre clientèle est locale. La majeure partie se compose d’expatriés, de militaires, et de quelques jeunes qui nous ont connu par internet. En moyenne, nous recevons 1 200 à 1 800 personnes dans notre éco-lodge chaque année. Elles restent rarement au-delà d’une nuit. Quant au centre de plongée, il accueille de 3 à 4 000 personnes par an. Nous faisons de l’initiation, proposons de passer les diplômes. Nous sommes affiliés à la Fédération Française de plongée.
VA / Quels conseils donnez-vous à vos clients quant au respect de la faune aquatique ?
Les Français sont déjà habitués à la protection de l’environnement. En revanche, c’est tout nouveau pour la clientèle américaine. Il faut leur apprendre à ne pas toucher aux requins baleine, aux coraux. Nous organisons aussi une « journée verte » avec l’école française. Les enfants viennent avec leur poubelle et passent une journée dans la mangrove. Toutefois, nous recevons peu de touristes. Le site est encore préservé. En outre, il est protégé par sa façade rocailleuse.
VA/ Quelle est l’objectif du centre et de l’écologde à terme ?
Nous ne voulons surtout pas faire du tourisme industriel. Le centre a été entièrement financé par une famille djiboutienne, les Farah, qui a beaucoup voyagé et pour qui il s’agissait surtout d’une passion. Ils ne souhaitent pas que nous ayons trop de monde. Le but n’est pas le chiffre. Il faut juste que cela fonctionne, que les Djiboutiens apprennent la plongée.
VA/ Utilisez vous les énergies renouvelables sur votre site ?
On a beaucoup d’idée mais on manque de savoir-faire et on est limité en terme de gestion. Pour l’eau, nous avons une pompe pour l’eau de mer avec deux désalinisateurs et un groupe électrogène. Les chasses d’eau de nos toilettes fonctionnent à l’eau de mer. Dans le futur, on aimerait développer le solaire et l’éolien. L’idée, mettre en place trois bungalows en solaire. Avant, nous avions aussi une petite éolienne, malheureusement elle est tombée en panne.
VA/ Combien de personnes vivent au centre ?
Trente personnes. Ils vivent ici toute l’année. Ils sont nourris, logés, blanchis. Et redescendent chez eux tous les mois à tour de rôle. On compte des cuisiniers, un pâtissier, des techniciens, électriciens, gardiens… A part nous, sur l’île, il y a juste deux ou trois villas. C’est une petite économie locale. Les pêcheurs viennent chercher leurs cigarettes ou s’arrêtent pour boire un verre. Pendant les vacances d’été, le khamsin souffle et l’activité est limité car les sorties en mer sont trop dangereuses. On en profite pour retaper le lagon et faire de petits travaux de maintenance.
VA/ Avez-vous eu vent d’autres projets sur l’île ?
Il a été question de mettre en place des pilotis de luxe mais rien de concret. Il souhaite capter la clientèle qui allait alors plonger en Egypte et pour qui ce n’est plus possible pour l’heure. Ici, le site est magnifique. Chaque année, près de 250 requins baleines passent au Goubet. En décembre, les plongeurs se bousculent pour les voir. Heureusement, l’office de tourisme va légiférer.
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Merci à Gassira, Hussein, et toute l’équipe du Lagon Bleu qui nous a chaleureusement reçu sur Musha.
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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