#TourismeDurable
foret_tropicale_aquarelle

Du paradigme de l’évaluation à la certification comme garantie suprême

| Publié le 13 juin 2011
             

L’humanité se situe actuellement à une étape cruciale de son histoire, car l’action transformatrice de l’homme sur la planète remet en cause son habitabilité. Le mode de relation de l’homme à la Terre est actuellement essentiellement technique, dans le cadre d’une relation d’exploitation. Les racines en sont profondes. Avec Aristote, la science a commencé à se dégager de l’éthique, et la rupture affective entre l’Homme et la Terre s’est réalisée à compter du 18e siècle. L’affectivité de l’Homme s’est alors portée sur les choses matérielles, sur lui-même et sur les autres, avec un regard détaché. Ce détachement a d’ailleurs permis l’essor de la science et son développement. La modernité s’est affirmée par la volonté d’exprimer la connaissance en langage mathématique et la mesure chiffrée est devenue l’expression ultime de l’objectivité et du détachement de l’homme. De là découle le fait que notre époque est caractérisée par le paradigme de l’évaluation, à laquelle est associée l’idéologie de la performance. Selon Jacques-Alain Miller, psychanalyste, « l’évaluation est en marche depuis l’émergence du discours de la science (..) ». Le rapport de l’Homme au monde s’est depuis basé sur l’efficacité technico-économique et la performance. Cette évolution historique explique pourquoi le paradigme de l’évaluation est aujourd’hui omniprésent.

L’évaluation implique l’attribution d’une valeur. Il s’agit d’une notation qui s’apparente à un jugement et le contrôle devient l’expression d’un pouvoir. Cette obsession du contrôle est le reflet des relations basées sur la méfiance, et entraîne la prolifération de normes et réglementations techniques qui s’accompagnent logiquement et de façon proportionnelle de procédures d’évaluation pour éprouver la conformité de la chose évaluée aux normes et standards. Le contrôle n’est finalement qu’un report du problème de confiance, non résolu par le contrôle. L’organisme de contrôle est lui-même « agréé », donc contrôlé. On peut alors s’interroger sur la mise en place d’un contrôle des organismes de contrôle, et ainsi de suite… Cet état de fait est l’aboutissement logique du rapport actuel au monde et aux autres, du rapport de l’Homme aux risques et à la vie. Il exprime le refus de prendre des risques, pour inhérent à la vie. L’obsession du contrôle s’accompagne, selon le philosophe Yves Michaud, d’une perte de sens : « L’évaluation devient la seule norme de l’activité et l’on oublie que l’activité avait une autre fin que l’évaluation. »  Au final, l’activité d’évaluation devient une activité auto-justifiée.

LES AUTRES ARTICLES DE CE DOSSIER


Du paradigme de l’évaluation à la certification comme garantie suprême | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Romain Vallon

Facebook

Partagez cet article

Une autre façon de soutenir Voyageons-autrement, média indépendant, gratuit et sans Pub c'est aussi de partager cet article. Merci d'avance 😉

   

Découvrez nos abonnements

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Informations utiles pour voyager

2 - Comment analysez vous le développement de Voyager autrement au cours de ces 10 années ? Marianne Didierjean : En 2007, nous avons rejoint l'Association des Tour-opérateurs Thématiques (ATT) pour progresser...

Les Oiseaux de passage, une nouvelle plateforme qui déploie ses ailes ! Fondée sous la forme d'une SCIC (société coopérative d'intérêt collectif), le projet de la plateforme Les Oiseaux de passage a vu le jour en...

5 questions à Lionel Bony, nouveau directeur de Chamina voyages Auvergnat pure souche et voyageur dans l'âme, à seulement 35 ans, Lionel Bony a déjà fait un sacré bout de chemin. C'est sur les sentiers de la Cappadoce...

JMTR 5e édition : TABLE RONDE : Les voyagistes engagés dans le tourisme durable Gérard Guerrier, directeur général, ALLIBERT TRECKING Yann Legendre, directeur général, LIBERTALIA Myriam Lallemand, directrice Développement...

Agir pour Tourisme responsable (ATR) - label et certification ATR - label et certification Agir pour Touisme responsable (ATR) - association des tours opérateurs d'aventure. ~ par Rédaction Voyageons-Autrement...

Rencontre avec Sylvie Pellegrin, présidente des Gîtes de France Depuis l’ouverture du premier gîte rural en 1951 dans les Alpes de Haute Provence, les Gîtes de France ont fait un sacré bout de chemin et proposent,...

DANS LE DOSSIER VOYAGEONS-AUTREMENT :

Le tourisme durable, quelles garanties ?

carte de toutes les partenaires de voyageons-autrement voir la carte
L'actu en continu
Les catalogues Voyagiste