Echanges avec la salle
Sandrine MERCIER : Selon vous, le label ne serait donc pas nécessaire pour développer le tourisme responsable ?
B. SCHEOU : Si l’on considère, comme Harold Goodwin, que le touriste ne se préoccupe pas des éléments fondant le label mais ne regarde que le logo, autant admettre qu’il ne s’agit que de communication et construire des système d’évaluation plus adaptés aux différents contextes, sans forcément passer par la certification. Il faut séparer la communication du travail d’évaluation.
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De la salle (Comité Régional du Tourisme Paris-Ile de France)
Depuis une dizaine d’années, le développement durable est au cœur des discours, mais cette préoccupation ne se traduit pourtant pas en action. Actuellement, seuls 2 % des 1 560 hôtels parisiens sont labellisés. Les hôteliers ne sont pas incités à faire des efforts dans le sens de la labellisation, car leur taux d’occupation est d’ores et déjà très élevé toute l’année. Dans un contexte urbain, l’engagement environnemental de l’hôtelier ne fait pas partie des attentes de la clientèle. Dans ce contexte, les alternatives que vous citez ne peuvent pas fonctionner. Comment augmenter l’implication des hôteliers parisiens dans le développement durable sans argument économique ?
Bernard Schéou : Les alternatives évoquées peuvent paraître utopiques. Malgré ses défauts, la certification est la moins néfaste des solutions lorsqu’un nombre élevé d’acteurs est concerné. Mon discours concerne davantage le cadre des relations Nord/Sud. Mais, pour peser sur des problèmes d’ordre technique (les économies d’eau par exemple), la meilleure solution pourrait être l’intégration de critères durables dans les classements des hôtels. Malheureusement, le nouveau classement n’intègre que très peu ces problématiques.
De la salle (Consultant RSE)
Concernant les hôtels, certains d’entre eux sont peut-être engagés sur certains facteurs de développement durable, mais pas sur tous. Comment identifier l’ensemble des facteurs de développement durable mis en œuvre sur un territoire. Quels critères prendre en compte ? Quid de l’évaluation ?
De nouvelles « normes volontaires », dont la norme iso 26000 (développement durable et responsabilité sociétale), ne sont pas certifiantes mais engagent l’entreprise vers une démarche crédible et affichée. Cette norme permet d’intégrer l’ensemble des certifications et labels. Les normes volontaires permettent d’afficher des actions démontrables, visibles et cohérentes mettant en jeu la crédibilité de l’entreprise.
Bernard Schéou : Le fait que la démarche soit impulsée par l’acteur lui-même est fondamental. Les normes volontaires permettent à l’acteur d’intégrer une certaine dynamique. Mais la question de l’incitation reste entière. Néanmoins la norme volontaire répond en partie à mes objections, car il ne s’agit plus d’un contrôle technique, mais d’une réelle prise en compte de la réalité de la structure qui y a recours.
De la salle : (Syndicat National des Agences de Voyage)
Nous avons intégré le tourisme responsable dans nos travaux depuis quelques années. S’agissant d’un éventuel label, nous mettons en place un référentiel privé « qualité de service » avec l’Afnor, qui intègre des critères du tourisme responsable à la fois de manière interne à l’agence de voyage, mais aussi dans l’objectif de diffusion d’informations et de conseils auprès des clients. Par ailleurs, dans le cadre de notre commission technique axée sur le tourisme responsable, nous réfléchissions à un éventuel label, accessible uniquement, dans un premier temps, à nos adhérents, sur la base d’une démarche volontaire.
De la salle : (Voyag’Acteur)
Voyag’Acteur est spécialisé dans le tourisme responsable et solidaire. Nous nous interrogeons également sur la certification. Par exemple, comment évaluer des destinations comme la Palestine ou l’Algérie ? Dans ces pays, la demande correspond plus à une reconnaissance de leur façon de vivre qu’à un apport économique, bien que nous contribuions à développer l’économie dans les villages. Comment évaluer le côté immatériel de la solidarité que nous apportons dans les villages de ces pays ?
D’autre part, les questions de sécurité sont en contradiction avec la nécessité de réduire les intermédiaires. En Algérie et en Palestine, nous travaillons avec des professionnels locaux formés, mais cette dimension est difficilement évaluable.
Bernard Schéou : Est-ce dans une optique de communication que vous souhaitez évaluer cette dimension immatérielle ou pour améliorer votre façon de travailler avec vos partenaires locaux ? Dans ce dernier cas, un travail sociologique est nécessaire pour mener une enquête auprès des acteurs locaux afin de cerner leur ressenti sur votre partenariat.
De la salle : (Voyag’Acteur)
Nous ne sommes pas à l’origine de la demande d’évaluation. La structuration du réseau du tourisme responsable implique cette évaluation. Nous travaillons d’ores et déjà avec des sociologues, des philosophes, des psychologues…
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