Tictactrip, comparateur bus, train, co-voiturage et plus encore…
Vous souhaitez relier Lyon à Toulouse à la veille des vacances scolaires de fin d’année et malheureusement, vous n’êtes pas le seul, des milliers d’utilisateurs ayant les mêmes contraintes que vous tentent également d’avoir un trajet raisonnable pour rejoindre leur proche. Vous vous étiez pourtant pris à l’avance, mais il est des dates fatidiques où tout le monde cherche à partir et personne ne vous fait de cadeaux, surtout pas la SNCF qui a bloqué ses prix au plus haut du compteur depuis deux mois. Alors, un portail récent créé par deux jeunes entrepreneurs pourrait bien venir taquiner ces monopoles qui épuisent les consommateurs. Tictactrip, comparateur de voyage, établit différentes combinaisons transport – bus – train – et co-voiturage – pour proposer les trajets les moins chers possible.
Une start-up qui surfe sur la loi Macron
Ils sont passés par le Welcome City Lab, ont été lauréats Petit Poucet et gagnants du prix NTIC fin 2016… Hugo Bazin et Simon Robain n’ont pas froid aux yeux. Sitôt diplômés, quelques expériences en poche, ils lancent Tictactrip, mis en ligne dès septembre 2016. Très vite, ces jeunes, également repérés par SNCF Développement, ce qui peut faire sourire, lancent leur moteur d’itinéraires. L’idée : être à la fois un comparateur et un combinateur positionné sur l’intermodalité terrestre. En ce sens, le site combine différents comparateurs afin de proposer à l’utilisateur les trajets les moins chers possible qu’ils soient en bus, train ou voiture, voir les trois à la fois. Pour l’heure, plus de 50 millions de combinaisons sont possible et permettent de desservir des villes normalement non reliées entre elles à des prix imbattables. Ainsi, en pianotant en ce début d’année, on déniche des Paris-Toulouse en bus pour 0,99 €. Certes, il faut parfois ajouter 2 € pour faire voyager un bagage plus conséquent mais la facture reste raisonnable. Il faut dire que la loi Macron d’août 2015 a sacrément préparé le terrain aux plus malins, puisqu’ avec la guerre des prix à laquelle se livrent les compagnies de bus à travers toute l’Europe depuis la libération des tarifs, les billets d’entrée n’ont jamais été aussi bas. Flixbus, Ouibus, Isilines…. proposent des longs trajets à travers toute l’Europe à des prix défiant toute concurrence, pourtant réelle. En 2017, ils totalisaient déjà plus de 7 millions de voyageurs.
Comment ça marche ?
Concrètement, l’utilisation est très simple, de quoi rassurer tous les technophobes. Une fois le site lancé, un petit tableau permet de rentrer sa destination avec la date et quelques options (voyage direct ou pas, la station de départ, etc.), Tictactrip suggère de suite les tarifs les plus avantageux que ce soit pour le bus, le train, ou le co-voiturage. Plus de cent compagnies de bus et de train en Europe sont comparées. L’internaute peut alors choisir le billet qui lui correspond le mieux. Les trajets en bus ont souvent des tarifs imbattables mais sont plus longs et moins confortables que le train, où il est aussi possible de trouver des billets à prix raisonnable, en 1er ou 2e classe. Enfin, co-voiturage peut aussi s’avérer une solution intéressante, d’autant qu’elle crée du lien social et évite de multiplier les véhicules à moitié vides. En outre, le service offert par Tictactrip est totalement gratuit pour le consommateur puisque le modèle économique de la start-up est basé sur une rétro-commission versée par la compagnie partenaire. Ce n’est donc pas l’utilisateur qui paie, et il n’y a aucun frais de dossier à régler en sus. En outre, une demande d’immatriculation auprès d’Atout France est en cours afin d’instaurer le paiement direct sur la plate-forme, qui aussi disponible sur Ipad et smartphone.
Quels avantages ?
Parmi les effets positifs et notables d’une telle plateforme, il y a clairement celui de toucher de nouvelles clientèles qui ne voyageaient pas ou plus découragées par les tarifs prohibitifs des transports. Ainsi, dans un entretien donné à TourMag en août 2017, Hugo et Simon précisent : « Nous nous sommes lancés sur le marché du bus, libéralisé en 2015 par la loi Macron. Depuis, ce sont plus de 8 millions de passagers, dont 20% qui ne voyageaient pas auparavant. » Autre point intéressant : relier des villes normalement non accessibles entre elles grâce aux combinaisons train-bus-covoiturage. Un vrai avantage pour certains trajets parfois compliqués. Avez-vous déjà essayé par exemple de prendre le train entre Mende et Périgueux, pourtant pas si éloignés que cela sur une carte de France ? Ici, grâce aux trajets combinés, non seulement les prix baissent, mais aussi le temps de transport. Enfin, faciliter les transports et donc les déplacements, c’est aussi offrir de nouvelles opportunités touristiques aux destinations visées, et donc par le mouvement, créer de l’activité et de la consommation, ce qui n’est jamais perdu, surtout dans des territoires alors enclavés. « Hormis les cinq plus grandes villes françaises, le maillage de l’Hexagone est souvent mal optimisé et nous comptons y remédier. »
Quelles limites ?
Pour l’heure, Tictactrip note que l’on peut voyager en bus pour 0,05 € en moyenne partout en France. Mais faut-il vraiment s’en réjouir ? Est-il vraiment durable de vouloir toujours payer moins ? Car s’il est important d’ébranler quelques monopoles qui finissaient par user le consommateur, toujours courir après les tarifs les plus bas peut finir par avoir un autre coût. On peut légitimement s’interroger sur la qualité du service, sur les conditions de travail des employés des compagnies de bus, sur la sécurité et le contrôle des véhicules. Un article de Libération de Septembre 2018 cite Cyril Darbier, propriétaire d’une entreprise de transports, qui a fini par jeter l’éponge tant le tarif au kilomètre proposé par FlixBus (85 centime du kilomètre) était ridicule quand son seuil vital est à 1,30 euro du km. En outre, il faut savoir que les compagnies se mangent entre elles, toutes vendent à perte (60 millions d’euros de perte pour l’ensemble des prestataires de bus en 2016), et certaines en appellent déjà aux états pour aider à améliorer les services dans les gares routières et autres infrastructure, en gros ce que l’utilisateur ne paie pas, c’est le contribuable qui le paiera. En novembre dernier, on a également appris que Ouibus, lié à la SNCF, l’opérateur le plus ancien et le plus puissant du marché, serait racheté par BlablaCar sur fond de pertes qui atteignent 165 millions d’euros entre 2013 et 2017 (dont 35 millions pour la seule année 2017) pour l’entreprise public. Hum… La situation était devenue intenable pour la SNCF. Alors, certes, en 2017, près de 7,1 millions de personnes ont utilisés des bus Macron (,5 % de plus qu’en 2016), certes, la barre des 300 villes desservies dans l’Hexagone a été franchie (28% de plus qu’en 2016) mais ils sont de moins en moins de transporteurs à se partager le marché entre Ouibus (BlaBlaCar), FlixBus (groupe allemand qui a racheté Megabus) et Isilines (Eurolines). La libéralisation a donc forcément un prix, et ce que ne paient pas les consommateurs rejaillit d’une façon ou d’autre autre en effets pervers, ou en émissions carbone, c’est selon…
En guise de conclusion
Quoi qu’il en soit, Tictactrip est bien décidé à tracer sa route en profitant de ces circonvolutions du marché. A l’avenir, elle souhaite poursuivre son développement en devenant la première plateforme où créer son voyage soit-même, simplement, et de A à Z, en proposant en plus des moyens de transports, de l’hébergement, mais aussi des activités à destination. « Nous souhaitons être le premier acteur du e-tourisme à développer l’intermodalité en Europe. » Et elle compte bien sur les algorithmes développées par son équipe pour continuer à titiller les compagnies qui se font la guerre. Au fait, des concurrents à Tictactrip ? Pas vraiment sur ce créneau de l’intermodalité, mis à part quelques comparateurs classiques tels GoEuro ou Busradar ou des comparateurs allemands mais qui, pour l’heure, ne développe les combinaisons de transport. En outre, Tictactrip affûte ses équipes et ses projets pour avoir toujours plus de répondants. Déjà quelques acteurs du voyage sur-mesure frémissent. Que le meilleur gagne. Ou pas…
https://www.tictactrip.eu/
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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