L’Espagne et ses galgos, ou l’histoire d’une race de chien martyre

Le nom « galgo » ne vous dit peut-être rien, même si vous êtes l’ami.e des chiens : il s’agit de celui donné aux lévriers espagnols, utilisés pour la chasse sans fusil depuis de nombreuses décennies. Une pratique désuète et illégale en France, mais malheureusement toujours d’actualité chez nos voisins ibériques… Considérés comme des outils par les galgueros, leurs propriétaires, les galgos sont martyrs en leur pays, et victimes des pires sévices.

Une douceur à l’image de leur souffrance : infinie

Les galgos, ainsi que leurs cousins les podencos, font partie de la famille des lévriers, des chiens aux origines très anciennes, athlétiques et chasseurs, sélectionnés pour leur rapidité et leur agilité. Les lévriers sont également réputés pour leur incroyable douceur ; ce sont des chiens calmes et adorables, bien souvent sans défense face aux humains et aux autres animaux. Dire qu’il n’existe pas de lévrier agressif est à peine exagéré… Un lévrier en danger se cache, ou fuit, mais n’attaquera quasiment jamais.

Un caractère d’autant plus facile à malmener pour les galgueros. Ces chasseurs, propriétaires d’un à plusieurs dizaines de galgos, pratiquent la chasse sans fusil : seuls les chiens se chargent de faire le « travail »… Et si celui-ci est considéré comme mal fait, les pires sévices s’abattent alors sur ces malheureux. Il est de « tradition », en Espagne, de tuer dans la douleur un chien qui aurait déshonoré son propriétaire : pendu à un arbre (avec les pattes qui frôlent le sol pour que la souffrance dure), jeté du haut d’un pont ou dans un puits, traîné derrière une voiture, vendu à un combat de chien ou encore simplement abandonné attaché, afin que le chien meure lentement de soif et de faim. Les techniques sont toutes aussi infâmes que variées pour punir un animal qui n’aurait pas rapporté son quota de lièvres… Des méthodes barbares, d’un autre temps, et pourtant toujours en vigueur outre-Pyrénées.

Mais le gouvernement espagnol, alors… que fait-il ? Rien. L’omerta est de mise concernant les pratiques des galgueros, qui sont protégés par les forces de l’ordre… eux-mêmes parfois chasseurs et propriétaires de galgos !

Les galgos, chiens de la seconde chance

Si vous partez explorer l’Espagne, particulièrement les régions du sud, il n’est malheureusement pas impossible que vous croisiez la route d’un galgo errant. Cela sera d’autant plus probable entre février et mars, synonymes de fin de période de chasse et où il est coutume pour les galgueros de se débarrasser d’une partie de leurs chiens… Des centaines de galgos sont alors livrés à leur sort, retrouvés çà et là dans les villes et campagnes espagnoles, souvent affamés, parfois blessés – voire morts. Si tel est le cas, n’hésitez pas à contacter une association de protection locale. Il en existe beaucoup, réparties à travers le pays : elles sauront agir et réagir face à un galgo en errance et en danger.

Les galgos les plus chanceux ont souvent deux vies : à moins de naître dans un refuge qui leur est dédié (beaucoup récupèrent des chiennes restantes), ils auront d’abord été chasseurs ou reproducteurs. La majorité n’aura reçu aucune affection, la plupart aura connu la maltraitance – le nombre de galgos couverts de cicatrices étant impressionnant. Certains, tellement traumatisés par l’homme, seront impossibles à approcher.

Les nombreuses associations espagnoles de sauvetage des galgos se battent pour récupérer ces chiens martyrs. Récupérés affamés sur le bord d’une route, blessés au fond d’un trou ou d’une poubelle (si si), enfermés dans une perrera (où ils restent quelques semaines avant d’être « éliminés »), ou parfois directement déposés par des galgueros avec un soupçon d’empathie, c’est là que commence leur deuxième vie.

Une fois les soins nécessaires effectués – incluant souvent la réadaptation à l’humain – les galgos et podencos sont prêts à être adoptés. Ce sont des races que l’on retrouve presque partout dans le monde : Canada, Etats-Unis, Belgique, Norvège, Finlande, Allemagne, sans oublier la France. Il existe très peu d’élevages de lévriers espagnols dans les pays cités, et heureusement car les malheureux à adopter sont innombrables, mais la race y est de plus en plus représentée : tous ces chiens ont souvent parcouru des kilomètres depuis l’Espagne pour goûter à une vie nouvelle, sans souffrance !

Venez en aide aux galgos lors d’un voyage en Espagne !

Aujourd’hui, le sort des galgos est de moins en moins confidentiel. Les associations communiquent énormément via les réseaux sociaux et augmentent chaque jour leur visibilité. Les adoptants sont également des vecteurs très importants pour mettre en lumière le martyr de ces chiens : un galgo attire souvent l’oeil en promenade… et ouvre facilement à la discussion.

Il existe également la « Journée Mondiale du lévrier espagnol », tous les 1er février, qui est l’occasion pour associations et personnes sensibilisées de manifester et se faire la voix de ces martyrs si discrets.

Si le destin de ces malheureux chiens vous touche, il est possible, en tant que voyageur responsable, de faire votre part ! N’hésitez pas à profiter d’un séjour en Espagne pour faire du bénévolat dans un refuge, y déposer du matériel ou de la nourriture… La majorité des refuges espagnols reçoivent des bénévoles du monde entier. La démarche n’est pas gratuite car elle engendre des coûts pour les personnes qui vous accueillent (logement, nourriture), mais cela reste abordable, et un très généreux moyen de visiter un pays étranger. Vous pourrez profiter de temps libre en soirée ou durant certains jours de repos pour découvrir les environs, et apporter aide et dévotion aux chiens du refuge les autres jours.

Il existe d’autres moyens d’aider les galgos et podencos : n’hésitez pas à faire un don, ponctuel ou régulier, à l’une des nombreuses associations s’occupant des chiens (en France ou ailleurs). Partagez également vos connaissances sur le sujet, évoquez le sort de ces malheureux autour de vous, semez des graines… Car n’oublions pas que le seul moyen sauver ces chiens reste de changer leur destin en les adoptant !