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Les dernières nouvelles de Nomade Aventure avec Fabrice Del Taglia

| Publié le 31 mars 2023
             

Nous l’avons rencontré lors du séminaire ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) de Granville en septembre 2021, le covid était alors dans tous les esprits et l’avenir des voyagistes d’aventure encore bien incertain. Nous l’avons recroisé en juin dernier lors de la remise des Trophées Horizons ATD qu’il a remporté grâce à son offre de train en Europe, la reprise commençait alors à se faire sentir. En ce printemps 2023, l’horizon est à nouveau dégagé. Les clients n’ont jamais été autant demandeurs de treks, safaris, immersions et autres découvertes inédites. Nomade poursuit sa route à leur côté et propose même une nouvelle gamme de voyages à vélo 100% sur mesure, 50 itinéraires en France ou en Europe à personnaliser pour pédaler l’esprit léger. Rencontre avec Fabrice Del Taglia, capitaine au long cours de Nomade Aventure.

Fabrice Del Taglia
Fabrice Del Taglia ©Nomade Aventure

VA/ Comment se porte Nomade depuis les années difficiles que nous venons de traverser ?

Très bien. Le niveau de reprise est très soutenu dans notre secteur. On espérait que 2023 nous permette de revenir au niveau du pré-covid mais nous sommes bien au-dessus de 2019 avec pour l’instant une très forte avance par rapport à la même date. Cette croissance du CA tire son origine, pour deux tiers dans l’augmentation des prix, et surtout celle du prix des vols, et pour un tiers la croissance du nombre de voyageurs : la bonne surprise, donc, c’est que la hausse des prix n’a pas fait fuir les clients, qui acceptent de devoir payer plus cher. Il est vrai que nous captons une clientèle aisée, et probablement plus encore aujourd’hui que par le passé, notamment dans notre activité de voyages d’aventure sur mesure, qui séduit une clientèle haut de gamme mais qui a envie d’expériences plus authentiques avec un parfum d’aventure. Nos offres France et notamment nos nouvelles offres vélo nous permettront peut-être d’attirer davantage  les classes moyennes.

VA/ Qu’en est-il de votre offre Europe en train qui vous a valu le Trophée Horizon du tourisme durable l’an dernier ? Trouve-t-elle le succès auprès de votre clientèle à présent que le covid est derrière nous ?

Notre offre « A/R en train » en Europe a enfin décollé depuis le printemps dernier. Nous avons eu pas mal de demandes et concrètement, 15% de nos clients à destination de l’Europe ont choisi le train. C’est un chiffre d’autant plus encourageant que nous n’avions pas communiqué sur cette offre jusqu’à juillet 2022. Les destinations qui fonctionnent le mieux sont l’Albanie – un paradoxe, quand on songe que c’est la plus compliqué pour s’y rendre en train et ferry, allongeant de 3 jours la durée des séjours – avec 30 % des clients qui ont choisi le train, et l’Ecosse, avec 20 %.  En revanche, des pays comme l’Italie et l’Espagne n’ont pas vraiment marché, mais peut-être nos clients sont-ils venus en train par leur propre moyen. Mais le potentiel est là, malgré des voyages allongés et des prix un peu plus élevés qu’en avion. Nous avons bien l’intention de le développer en 2023.

VA/ Et du train au vélo, vous proposez une nouvelle offre vélo en individuel 100% sur mesure, une nouvelle alternative à l’avion que l’on sait très polluant ?

L’idée de proposer des itinérances à vélo est venue assez naturellement, en cohérence avec ce que l’on propose, soit une manière de se déplacer en plein air, plutôt dans la nature, de façon silencieuse et décarbonée. Bref, cela coche toutes les cases de notre raison d’être. On aurait dû le faire depuis longtemps d’ailleurs, mais on avait besoin de plus d’expertise, et le fait que le directeur de l’activité sur-mesure soit un passionné de vélo, ainsi que le rachat l’année dernière, par le groupe Voyageurs du Monde – auquel nous appartenons –  d’EuroFun Group, une société autrichienne numéro un européen des voyages à vélo, ont été les deux déclencheurs. Depuis le 1er mars, nous proposons donc 42 voyages sur notre site, dont 28 en France, avec pour l’Europe un préacheminement en train proposé pour la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche, et, partout, une offre vraiment « tout compris » : transport jusqu’à destination (hors France), location du vélo, hébergements, activités, application mobile personnalisée…

VA/ Pouvez-vous nous en dire un  peu plus quant à l’offre spécifique Vélo/Camping,  le « prêt-à-camper Nomade » ?

Nous testons, sur une partie de l’offre, des voyages à vélo où, au lieu d’être en hôtel ou en gite, les nuitées se feront en camping. Deux raisons à cela : déjà, les personnes qui choisissent un voyage à vélo le font pour rester dans la nature plutôt que s’enfermer dans une chambre, ce qui est cohérent avec la démarche de voyager à vélo ; en outre, nous avons observé que les cyclotouristes en général préfèrent à 80% le camping quand ils voyagent en France. Or les agences ne proposent pas cette combinaison vélo-camping, ce qui nous a surpris d’ailleurs, et c’est vrai que cela peut être compliqué car il faut transporter son matériel de camping. Nous avons résolu l’équation en incluant ce matériel dans nos prix en fournissant un kit « prêt à camper Nomade » qui comprend le matériel de base du camping soit une tente ultra légère (moins de 2kg), un matelas de sol, un réchaud. Le  client le transporte via une remorque légère attachée au vélo en plus de ses affaires personnelles. Pour l’heure, nous allons tester cette offre sur trois itinéraires au long de la vallée de la Loire. 

EuroVelo 6 - Voyage vélo Europe
Loire, France ©DRC

VA/ Quel serait donc la valeur ajoutée de Nomade quant à un voyageur qui souhaiterait créer en autonomie son circuit vélo ?

On s’occupe de tout. Il faut savoir que s’organiser une itinérance à vélo si on s’y prend tard n’est pas si simple que cela. Si on possède son propre vélo, il faut voir si on peut le prendre avec soi depuis son domicile. Pour le train, ce n’est pas toujours évident. Quant à louer un vélo à destination, c’est parfois impossible, inexistant, saturé. Trouver des hébergements disponibles au fil de l’itinéraire peut également s’avérer plus compliqué que prévu. Notre credo est « Pédalez, on s’occupe du reste ». Quant à l’itinéraire, on se laisse guider par notre application pour ne pas perdre son chemin et trouver le camping ou le lieu à visiter sans avoir à charger d’autres applis ou espérer s’en sortir avec Google maps, qui n’est pas du tout adapté au vélo. Après, cela n’en fait pas des offres low cost. La location du vélo, du matériel, les entrées, tout cela a un prix. Par exemple les campings que nous réservons sont plutôt haut de gamme, 3 étoiles et labellisés « accueil vélo », afin que nos clients trouvent sur place prises et équipements pour recharger leur matériel.

VA/ Lors du séminaire ATR de Granville en septembre 2021, vous vous êtes engagé avec l’ensemble des membres d’ATR  à compenser 100% de vos vols d’ici 2023. On y est ?

On y est depuis longtemps . Nomade absorbe 100% de ses émissions carbone depuis le premier janvier 2018. Et la démarche avait même commencé en amont. Il s’agissait là plutôt d’entrainer l’ensemble des membres d’ATR et notamment les plus récents. C’est un peu comme le SETO qui va lancer bientôt son fond de dotation pour financer des projets de restauration des écosystèmes ou d’agroforesterie, il s’adresse surtout aux voyagistes qui n’ont pas de véhicule juridique pour recevoir et affecter leur contribution carbone. Nomade Aventure, avec Voyageurs du Monde, a déjà son propre fond via la fondation Insolite Bâtisseurs et le Fonds Livehoods. C’est d’ailleurs ce dernier qui a été choisi par le SETO puisqu’Alain Capestan (directeur général délégué de Voyageurs du Monde) les a aidé à créer ce fond.

 VA/ Une dernière chose à nous faire savoir ? Un projet, un coup de gueule, une bonne nouvelle… ?

Une conviction en lien avec cette question du réchauffement climatique. Chez Nomade, on pense que même si le tourisme fait partie du problème, il serait irresponsable de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le tourisme est porteur d’autres bénéfices, et  même les voyages long courrier peuvent être bénéfiques aux populations concernées et à la protection de la nature. Pendant le Covid, il a certes été noté que la réduction des flux touristiques permettait à la nature de reprendre ses droits, on a parlé du retour des baleines à Marseille, en Thaïlande, etc. Toutefois, on a moins évoqué le fait que faute de tourisme, certaines zones naturelles ont été abandonnées comme c’est le cas de certains parcs naturels gardés par des rangers ou de certains sites prisés, qui se sont alors retrouvés sous la pression plus forte de braconniers ou d’industries encore plus prédatrices.

Il y a quelques mois, lors d’un voyage au Costa Rica, notre guide nous a expliqué que le Costa Rica n’avait pas toujours été le fleuron de l’écotourisme qu’il est devenu. Des années 50 aux années 80, un déboisement sévère ravageait la forêt. Il a fallu une prise de conscience environnementale pour réaliser que la protection de la nature pouvait rapporter bien davantage que l’exploitation du bois et de la banane. Le tourisme et la nature peuvent donc aller main dans la main si les choses sont faites comme il faut. Appeler à arrêter de prendre l’avion est une position extrémiste et irresponsable. Certes, quand il est possible de trouver une alternative comme le train ou le vélo, autant éviter l’avion. Mais pour le long-courrier, en attendant de meilleures solutions, on peut absorber ses émissions carbones par des projets de reforestation, de plantations de mangroves.

Evidemment, il faut travailler toutes les pistes d’amélioration. Chez Nomade, par exemple, on essaie de favoriser le choix du train en Europe, on travaille aussi à des plans de vol moins émetteurs, à améliorer aussi notre transparence sur les émissions de chaque vol. En revanche, je suis plus dubitatif sur le slogan « voyager plus longtemps, moins souvent », car la preuve n’est pas faite que le rallongement de la durée des voyages en diminuerait réellement le nombre, donc les émissions de GeS associées ; mais évidemment, on évite les séjours trop courts, ne serait-ce que parce qu’ils ne permettent ni l’immersion, ni la découverte, ni tout simplement de prendre le temps.


Loire à Vélo
Chambord à Vélo @L.de Serres

Les dernières nouvelles de Nomade Aventure avec Fabrice Del Taglia | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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