Le Projet Alimentaire Territorial Alim d’Aqui : bien manger au cœur des montagnes catalanes !

Relocaliser l’alimentation, soutenir la production et l’économie locale, encourager l’agriculture durable, renforcer le maillage des circuits courts, soutenir le commerce de proximité, sensibiliser les consommateurs et favoriser une alimentation saine et accessible à tous, identifier des projets de filières durables, autant d’orientations que le Projet Alimentaire Territorial (PAT) Alim d’Aqui souhaite mettre en œuvre au cœur des Pyrénées catalanes. L’association Chemin Faisant était présente lors du 2^e Pyrénées Summit de Bourg-Madame afin de porter la voix d’un projet qui fait le lien entre de nombreux acteurs du territoire et vise à améliorer le cadre de vie de l’ensemble des habitants du plateau cerdan.

Un projet pour et par le territoire

Porté par l’Association Chemin Faisant pour un collectif de partenaires (Association RépliqueS 66, les deux Communautés de Communes et les consulaires CCI PO, Chambre d’Agriculture et le Parc Naturel Régional), le PAT des Montagnes Catalanes « ALIM d’AQUI » s’est constitué autour de plusieurs objectifs dont la mise en avant de produits locaux de qualité, la question de la prévention santé par l’alimentation, la sensibilisation des jeunes, seniors, scolaires sur les thématiques du bien manger mais aussi les enjeux autour du gaspillage alimentaire et la question des circuits d’approvisionnement pour favoriser les circuits courts au cœur du territoire. Il s’intègre dans la continuité du projet mené entre 2016 et 2020 sous le nom de « Manger mieux, bon, et bien en Pyrénées Catalanes ». Véritable clé de voute du pilier alimentation au cœur des préoccupations du cluster transfrontalier SolSoleil, le PAT a beaucoup à apporter à l’économie cerdane.

Stéphanie Machelart, coordinatrice du PAT Alim d’Aqui : « Dès l’origine, nous avons identifié plusieurs enjeux propres à notre territoire, par exemple, sur nos circuits d’approvisionnements, fortement impactés par des organisations internationales, faisant que les produits de la plaine de Perpignan partaient d’abord à Rungis avant de revenir chez nos restaurateurs ; nous avons également besoin de poursuivre la sensibilisation à une alimentation locale et durable, auprès de tous les publics, habitants et touristes, et d’œuvrer pour l’accessibilité à tous de ces produits » Pour répondre à ces enjeux, le PAT Alim d’Aqui s’est associé à de nombreux partenaires locaux, politiques et institutionnels pour mutualiser les actions et les ressources sur l’ensemble du département des Pyrénées Orientales. Il s’est également ouvert à la coopération transfrontalière avec des échanges entre acteurs catalans et andorrans. Le déploiement du pôle de ressource Res’Pyrem et de la plateforme collaborative, a enfin permis de valoriser les actions, de faciliter l’information dans le réseau et de suivre l’actualité du projet.

Des projets pour aujourd’hui et pour demain

Comment mettre en avant des produits locaux de qualité, assurer une prévention santé par l’alimentation, honorer cet engagement du mieux manger ?  Concrètement, sur le territoire, cela s’est traduit par plusieurs actions dont un projet sur la restauration collective afin de répondre à la loi Egalim, quant au pourcentage de produits bios ou labélisés à fournir et de nombreuses interventions pour sensibiliser tous les publics. Anaïs Bussonnais, directrice de l’association Chemin Faisant : « La restauration collective est très présente sur notre plateau cerdan avec de nombreux établissements de santé ou médico-sociaux. La thématique de l’éducation alimentaire pour aider à la prévention santé et environnement est également travaillée par l’éveil aux goûts des tout-petits, la sensibilisation des primaires (création de potagers, de jardins communautaires, visites d’exploitations), des ateliers cuisines auprès des publics en difficulté, des actions de sensibilisation autour de la permaculture, de la cueillette avec le Parc Naturel Régional, etc. » Quant au gaspillage alimentaire, il fait également l’objet d’ateliers de sensibilisation (atelier « Zéro Gaspi ») mais aussi de tout un travail avec des associations caritatives autour des dons et des invendus.

La promotion des produits locaux et l’organisation des filières d’achats sont aussi au cœur des enjeux  mais il n’est pas toujours évident de passer les obstacles d’un territoire diffus ponctué de villes et villages souvent désertés par les petits commerces. Stéphanie Machelart : « Nos habitants mais aussi les visiteurs qui viennent sur notre territoire, sportifs, touristes, cherchent le bien-être et donc le bien-manger. Ici, nous n’avons pas d’AMAP, mais plutôt des producteurs en vente direct, quelques maraichers, mais il reste très difficile d’avoir accès à ces produits, qui sont en quantités limitées. Nous ne sommes pas encore structurés pour répondre à ces demandes fortes » Alors, afin de faciliter leur identification et l’accès aux produits locaux, le PAT Alim d’Aqui travaille actuellement à l’édition d’un catalogue (papier et numérique) afin d’identifier, de rassembler et de donner de la visibilité à l’ensemble des producteurs locaux des Pyrénées catalanes. L’ensemble permettra de découvrir des produits du terroir, des recettes mais aussi d’aller à la rencontre de personnalités locales et de leur exploitation. Un catalogue d’actions transfrontalières qui ne rassemblera donc pas uniquement des produits mais aussi des pratiques durables et remarquables.

Stéphanie Machelart : « Nous avons de nombreuses personnes qui s’installent et développent de nouvelles activités sur notre territoire, autour des plantes aromatiques ou médicales, de la filière céréale, qui est également de très bonne qualité, que ce soit pour nourrir les animaux, ou les transformer via des bières locales, des pains de qualité. En moins de cinq ans, trois boulangers se sont installés et produisent leur pain avec le blé de Cerdagne, l’eau du village, et des fours à pain traditionnels. Nous abritons aussi une coopérative laitière, Cimelait, situé à Err, qui fournit en yaourt les cantines du département et dans ce même village d’Err, une boutique de producteurs, Ah La Laiterie, où l’on peut trouver de nombreux produits locaux. Nous avons initié un projet de sentier pédagogique pour sensibiliser les visiteurs à notre patrimoine local entre ce lieu et le Musée de Cerdagne. » Des idées de Tiers Lieux associatifs sont également à l’étude pour aider les habitants locaux qui aujourd’hui s’organisent entre eux pour mutualiser leurs achats chez les producteurs sans vraiment de solutions globales. Stéphanie Machelart : « Nous travaillons également avec la Chambre d’Agriculture sur l’articulation de la logistique locale avec leur projet de plateforme départementale, liée aux approvisionnements des restaurants collectifs. »

En guise de conclusion

Des projets et un dynamisme qui tentent aussi de résoudre des problématiques plus complexes, ces exploitations où les agricultures vieillissantes ne trouvent pas de repreneurs, la question de l’usage de ces terres dans le futur, le maintien d’une agriculture durable, etc. Dans le plan d’action 2021-2023, trois axes ont été définis et visent à consolider le développement du PAT et du réseau humain dans une démarche de co-construction, à poursuivre également le volet éducation, sensibilisation et accompagnement, quant aux filières et circuits de proximité, l’objectif de développer toujours plus les outils structurants pour favoriser l’approvisionnement local. Stéphanie Machelart : « Nous avons beaucoup d’envies et d’idées, mais coordonner un projet prend du temps, et aujourd’hui, ce qui nous manque le plus c’est la visibilité. Nous souhaitons aller plus loin sur la communication et la diffusion de l’information pour que nos habitants et visiteurs soient plus à même de connaitre tout ce que nous mettons en place. » La première mouture du catalogue des producteurs locaux est donc attendue avec beaucoup d’impatience !