L’urgence d’agir de Cathy Bou
Vive et enjouée, Cathy Bou est l’électron durable de Thomas Cook, celle qui œuvre depuis des années pour faire basculer la partie française du groupe – près de 1 300 personnes tout de même – dans le giron du tourisme responsable. Après 23 ans de « maison » à gravir un à un tous les échelons de l’entreprise, elle est convaincue de l’urgence d’agir.
Un voyage de mille lieues…
Il est des livres qui n’atterrissent pas par hasard sur les tables de travail de leur occupant. Dans le bureau de Cathy Bou, « L’Urgence d’agir » d’Edel Gött trône sur le bureau tel un leit-motiv injonctif. Un coup d’œil à la quatrième de couverture de cet ouvrage destiné aux dirigeants d’entreprise et aux hommes d’influence : « Urgence de changer le paradigme, d’enclencher des stratégies créatrices de valeur et d’équilibre ». Et l’on comprend combien le parcours de Cathy Bou trouve là tout son sens, tout son aboutissement, voire même un nouveau départ, comme un second souffle qui vient balayer les années parfois difficiles de celle qui fut aussi une ardente coureuse de marathon puis de triathlon.
Un marathon à l’image d’une vie pour celle qui a peu à peu gravi tous les échelons d’une entreprise dont elle connait parfaitement les rouages et qui aime à se rappeler cette sentence de Laozi : « Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas ». D’abord stagiaire à Bordeaux en 1989, Cathy Bou est recrutée comme chef d’agence à Arcachon. A 22 ans, elle est alors la plus jeune chef d’agence de France. Cinq ans plus tard, elle est mutée à Agen pour diriger l’agence Havas Voyages locale. Elle y reste également cinq ans avant d’accepter un poste de chef de vente à Avignon. Vingt-cinq agences sont alors sous sa direction. En 2004, suite à un plan social, le poste est supprimé et on lui propose de devenir responsable du Service Client de Thomas Cook Paris Levallois. Elle dispose d’une journée pour faire son choix. « J’ai passé des heures à potasser un livre sur la réalité de ce nouveau métier. En fait, sous le terme service client, il s’agit avant tout du service litige ». Pendant quelques mois, elle fait les navettes entre Paris et Avignon où son fils est scolarisé avant de s’établir définitivement à Paris à l’été 2005.
Cathy Bou a passé cinq ans au « Service Litiges », un service compliqué, « le dernier sujet dont veut entendre parler l’entreprise », puis, en 2010, suite à la fusion avec Jet Tours, elle devient coordinatrice du Service Groupe. Au début, je n’avais plus d’équipe à manager, ça n’a pas été facile de m’y faire. J’ai du apprendre la patience, la persévérance, peaufiner mes projets. C’est à ce moment là que j’ai commencé à réfléchir puis à mettre sur le papier toute une stratégie de développement durable. A cette époque, je n’avais aucune notion de ce qui se faisait au siège en Grande Bretagne, je me contentais de noter mes idées, ce qui me semblait bien. En février 2011, après un an et demi de maturation, Cathy présente une première stratégie de développement durable au groupe incarné par Rachel Picard (la créatrice des Trophées Responsables Voyages-SNCF), qui l’accueille à bras ouvert mais s’inquiète : « Mais cela va prendre des années ». Et Cathy de répondre : « Mais j’ai tout mon temps. »
La voie vers le durable
Car l’engagement pour le tourisme durable de Cathy vient de loin. A douze-treize ans, alors qu’elle voyage au Maghreb avec ses parents, elle est saisie par la misère des villages entre l’Algérie et le Maroc. Plus tard, nouveau choc alors qu’elle se promène en Indonésie en sac à dos. Très tôt, elle s’engage, d’abord pour la cause des femmes, par le biais d’un blog, puis d’une façon plus générale, régulièrement taraudée par les ravages du tourisme sur la planète. « C’est nous qui avons détruit la Tunisie, nous en sommes responsables », n’hésite-t-elle pas à dire en pointant l’industrie du tourisme de masse dont est issu Thomas Cook. En novembre 2011, la chute en bourse de l’entreprise est un nouveau choc. « J’ai vu l’impact mondial de la bourse et de la finance sur la vie de milliers de personnes, comme un domino géant, une épée de Damoclès. Thomas Cook m’est alors apparu comme un géant au pied d’argile à qui j’avais envie de chuchoter à l’oreille mes projets pour le groupe. »
Depuis, les choses se sont très vite enchaînées, où, comme aime à le dire Cathy – plus on a de temps, plus les choses vont vite. En l’espace de deux années, elle a initié la certification Travelife pour les hôtels de Thomas Cook France puis pour le T.O dans son ensemble, constitué deux groupes de travail qui ont tous deux été remarqués. L’un d’eux porte bien sûr sur le développement durable. Enfin, en avril dernier, au cours de la Semaine du Développement Durable, elle a rendu public à l’ensemble du groupe France les nouveaux engagements durables du groupe. Il y est question de juste prix, d’humain et d’environnement, afin de baser cette stratégie sur les trois piliers du tourisme responsable.
A la fin de notre entretien, au pied de l’ascenseur qui s’apprête à redescendre les 14 étages de l’imposant bâtiment où est perché le Service Groupe de Thomas Cook France, Cathy Bou me souffle : « Celui qui a gravi le haut de la montagne doit encore gravir le ciel. ». Car Cathy a déjà bien d’autres projets en cours. En 2012, elle a même fait un pacte en forme de promesse avec la direction du groupe. Son objectif : faire de Thomas Cook France le leader des T.O de masse engagés dans le champ du tourisme responsable. Un nouveau marathon commence, une Urgence d’agir pesée et réfléchie.
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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