Guillaume Cromer – nouvel ambassadeur de Travelife en France
Pas facile de s’ennuyer avec Guillaume Cromer. Consultant en tourisme responsable, Guillaume a repris le cabinet d’ingénierie marketing ID-Tourism depuis près d’un an et fourmille d’idées et de projets. Il n’est donc pas étonnant que Travelife fasse appel à lui pour représenter son programme de certification en France.
VA / On connait mal Travelife en France, pouvez-vous nous en dire plus ?
Il y a effectivement un problème avec la France. Alors que Travelife est présent et représenté dans la majeure partie des pays européens, il est quasi-inexistant en France où il souffre en outre d’une image stéréotypée puisque ceux qui en connaissent au moins le nom pense qu’il s’agit d’une certification visant l’hôtellerie. De fait, s’il existe bien un programme Travelife concernant les hébergements et l’hôtellerie géré par l’ABTA, Travelife comporte également un programme complet spécifique au T.O coordonné par ECEAT qui, outre les hôtels, englobe l’environnement, les transports, la gouvernance, en tout 149 critères. Je représente ce dernier programme et suis mandaté pour le faire connaitre et adopter au sein des différents T.O français.
VA/ Quels sont vos objectifs à terme concernant l’intégration de Travelife dans le tissu touristique de l’hexagone ?
Pour l’heure, le paysage des T.O en France est fortement marqué par ATR. Mon objectif n’est pas de me poser en concurrent mais de trouver une complémentarité avec ATR, avec, à moyen terme, l’idée de fusionner les deux certifications et de mutualiser les outils. Travelife a pour avantage d’être accrédité par le le GSTC (Global Sustainable Tourism Council) au niveau mondial mais aussi soutenu par les plus grandes associations professionnelles au niveau européen comme l’ECTAA (organisation européenne qui regroupe les associations nationales d’agent de voyages et de voyagistes). En outre, il possède une fantastique boite à outils en ligne. De son côté, ATR a fait un immense travail de documentation et d’information avec des fiches pays qui pourraient être utiles à tous les pays européens. En outre, il a pour ambition de s’ouvrir de façon plus large aux T.O. Il me semble tout à fait logique d’aller vers une mutualisation des outils respectifs d’autant que Travelife est très présent en Europe mais aussi dans les pays du sud où de nombreuses formations sont assurées auprès des réceptifs locaux.
VA/ Concrètement, que doit faire un T.O qui souhaite adhérer à Travelife ?
Dans un premier temps, il se doit d’aller sur le site de Travelife pour s’inscrire en nommant au sein de son entreprise un coordinateur développement durable qui aura pour mission de se former en ligne. A l’issue de cette formation, un petit examen permettra de jauger si le coordinateur en question est apte à assumer ses fonctions. On passe alors à la deuxième étape qui consiste à monter un plan d’action. Tous les outils de pilotages sont en ligne et l’ensemble du processus se fait alors via le site, que ce soit pour télécharger des preuves de bonne conduite, pour du reporting, etc. En tant que représentant de Travelife en France, j’assure le suivi et le conseil des T.O dans l’ensemble de ces deux premières étapes. Enfin, troisième étape vise à certifier le T.O via un audit indépendant. Pour la France, nous sommes encore en train de réfléchir à l’organisme adéquat, vraisemblablement l’AFNOR mais cela reste à confirmer avec les T.O. volontaires.
VA/ Quel est le coût d’un tel programme ?
Il faut compter 200 € pour la première année puis 400 € par an pour la phase 2 et le coût d’un audit indépendant (entre 750 & 2000€ selon la taille de l’entreprise) pour la phase 3. Le fait qu’il s’agisse d’un programme européen bénéficiant de fond de l’Europe explique ce coût extrêmement attractif. En revanche, il faut mettre à disposition un salarié pour coordonner l’ensemble comme expliqué précédemment.
VA/ Avez-vous déjà commencé à contacter des T.O et quels sont les premières réactions à ce nouveau programme ?
Pour l’heure, les réactions sont plutôt encourageantes. Deux-trois T.O se sont déjà engagés et ont commencé la démarche. Des T.O. classiques ont également été approchés et ont montré leur intérêt pour le programme. En outre, certains des voyagistes engagés avec ATR sont également très séduits par cette démarche volontariste.
VA/ Cela signifie-t-il une prise de conscience croissante au sein des entreprises quant à l’urgence de s’impliquer toujours plus dans le sens du tourisme responsable ?
Je pense que les gros acteurs ont vraiment compris qu’il faut intégrer le développement durable dans leur stratégie, ce qui peut aussi être une résurgence du Grenelle II qui visait directement les entreprises de plus de 500 salariés. En revanche, les prestataires plus modestes, qu’ils soient T.O ou hôtels, ont plus de difficultés à faire entrer les démarches responsables dans leur cahier des charge. Ce, et du fait de la crise, et du fait d’emploi du temps déjà chargé. Ce sont toutefois ces personnes là qu’il faut viser et convaincre, ce qui n’est pas toujours facile.
VA/ A l’avenir, quel temps prévoyez-vous de consacrer à votre nouvelle casquette « Travelife »?
Environ 8 à 10 jours par mois à partir de septembre prochain. Aujourd’hui, j’en suis encore à la phase de la prise de contacts, d’informations vis-à-vis des T.O et quelque part de plaidoyer.
VA / Quels sont vos autres projets en cours ?
Un Comité Régional du Tourisme engagé en matière de tourisme durable vient de me valider un projet visant à sensibiliser les saisonniers aux éco-gestes. Plusieurs formations et audits sont prévus avec les Landes de Gascogne, le Gâtinais et d’autres parcs naturels régionaux en France. Je m’occupe également du diagnostic d’un projet de certification de tourisme équitable au Bénin avec EcoBénin, le tout financé par la coopération belge. J’y étais au mois de janvier et la 2e phase consistera à faire remonter le référentiel aux acteurs locaux…
EPILOGUE ———– Et puis, il y a les nombreuses conférences, formations et activités bénévoles de Guillaume, qui est aussi administrateur de la CITR (qui organise entre autres la JMTR) et membre du C.A d’ATD. On a aussi aperçu Guillaume à Foix où il a donné un jour et demi de formation aux étudiants de l’ISTHIA, à Bonn pour l’Assemblée Générale du Partenariat Mondial du Tourisme Durable. En mai, il participera au 1er forum marocain du tourisme durable pour animer un atelier sur les « bases du tourisme durable ». En septembre cap sur Nairobi pour la conférence de TIES et une intervention sur les images et stéréotypes du tourisme responsable en France – au milieu de tout cela, il glisse l’ascension du Toubkal au Maroc, la Loire à vélo, et sûrement bien d’autres escapades dont il a le secret. D’ailleurs, au moment où on clôt l’entretien, il a déjà son sac sur le dos direction Toulouse pour donner quelques cours à Sup de Co…
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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