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Le jour où Thomas Cook a mis la barre vers le durable

| Publié le 15 avril 2013
Thèmatique :  Acteur privé   Labels   Tourisme de masse 
             

Il y a comme une crise de sens dans les entreprises aujourd’hui, une prise de conscience de plus en plus aigüe que la seule croissance ne suffit plus, qu’il faut y ajouter des valeurs, du sens, un équilibre. Années après années, voyagistes et professionnels du voyage se mobilisent. En 2011, la chaîne Accor avait fait le pari de devenir le leader de l’hôtellerie responsable. Depuis peu, c’est au tour de Thomas Cook de tenter de soigner son image en intégrant le label travelife.

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En guise de préambule

Sur l’échiquier du tourisme responsable, ces trente dernières années sont assez révélatrices de la maturation d’une société dans son rapport au monde. Certes, tout n’est pas rose dans les grandes entreprises aujourd’hui, on nous le martèle assez : pressions, licenciements, plans sociaux sont encore le quotidien de bien des salariés. Et chez Thomas Cook, comme ailleurs, on a peine à restructurer un immense paquebot balloté par les soubresauts d’une planète de plus en plus maltraitée. Toutefois, il est parfois bon de parler de ce qui ne fâche pas, de projets et d’efforts, qui certes, en amèneront certains à sourire, mais n’en reste pas moins des tentatives d’insuffler un peu de sens et d’humanité dans un monde qui en a tant besoin.

La longue marche du tourisme responsable

En outre, il y a de vraies tendances, des lames de fond qu’il faut savoir voir et comprendre. Et en matière de tourisme responsable, ces quarante dernières années sont tout de même assez parlantes. Il y eut d’abord le temps des ONG et du militantisme pur et dur, des projets pilotes comme les campements de Casamance qui datent des années 1960 et que certains font mine de redécouvrir aujourd’hui. Puis, au début des années 1990, on assiste à l’émergence de quelques associations engagéesTransverse étant l’une des première –  associations dont le but alors n’est pas d’organiser conjointement des voyages mais qui font surtout office de centre d’information et de sensibilisation sur le tourisme nord/sud.

Je ne vais pas refaire toute l’histoire mais on peut évoquer les premières chartes éthiques, les premiers regroupements, quelques voyagistes d’aventure qui se rassemblent autour d’ATR, des associations de voyage autour de l’ATES. L’idée : définir des grilles de critères pour tenter de moraliser peu à peu ce tourisme dont les effets pervers se font de plus en plus sentir. Certes, cela reste encore relativement confidentiel au niveau du grand public mais les lignes commencent à bouger. Dans les années 2000, le militant bénévole de la première heure tend à se métamorphoser en un consultant aguerri qui vient vendre ses recettes, produits et autres labels.

L’affirmation du durable

Ces dix dernières années, les enquêtes d’opinion n’ont cessé de montrer la progression du tourisme durable dans le cœur des Français (pas forcément toujours dans le porte monnaie) et il est à présent rare pour un acteur du tourisme de ne pas être impliqué dans un projet quelque qu’il soit pour faire gage de son humanité et de son implication à cette grande cuisine responsable. Il n’est jusqu’aux formations qui ne se soient spécialisées et les universités, sentant la tendance, ouvrent chaque année de nouveaux masters et autres licences pro pour former les futurs spécialistes du tourisme solidaire, responsable, durable, éthique, et j’en contourne.

Alors, forcément, il fallait bien que les grandes entreprises soient un jour ou l’autre piquées par le virus. Certaines n’ont d’ailleurs pas attendu cet article taquin et remonteraient bien de quelques paragraphes. Toutefois, on peut dire que pour les acteurs du tourisme de masse, les choses bougent vraiment depuis ces cinq dernières années. De fait, la majeure partie des professionnels du voyage ont compris qu’au-delà des bonnes manières, il y a fort à gagner à jouer la carte verte et responsable puisqu’au final, les comptes de résultat s’y retrouvent aussi quand on économise l’eau, l’énergie, que l’on trie les déchets et que l’on recycle le papier.

Au suivant !

En 2011, Accor affirmait vouloir se positionner en leader de l’hôtellerie durable. Aujourd’hui, c’est au tour de Thomas Cook France de faire le vœu d’être le fer de lance des T.O de masse engagé. Déjà, depuis 2006, le groupe a initié le programme Travelife hôtel pour labéliser ses hébergements. La partie française l’a rejoint en 2011 et aujourd’hui, sous l’impulsion de Cathy Bou, c’est au tour de l’ensemble du groupe France de commencer le programme Travelife spécifiquement destiné aux T.O.

Alors, en dépit de la phase difficile que traverse actuellement Thomas Cook France, ou peut être parce qu’il traverse aujourd’hui une crise sans précédent, le cœur des choses semblent bouger. En septembre 2012, un changement de tête au sein de la direction avait déjà amené un cabinet privé à initier une nouvelle méthode issue du livre « Osez la confiance » de Bertrand Martin, Vincent Lenhardt et Bruno Jarrosson. Il y est évidemment question de confiance mais aussi, bien sûr, de valeurs et d’engagements. Thomas Cook a depuis marqué le souhait d’être le fer de lance du tourisme responsable au sein des gros T.O. La voie vers un « Osez le durable» est peut-être en marche. Osons l’espérer.

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Le jour où Thomas Cook a mis la barre vers le durable | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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