Assises du tourisme responsable en Côte d’Ivoire : irriguer tout le pays, pas seulement la côte
Thèmatique : Acteur associatif Espaces protégés Initiative régionale Projet solidaire Territoire
Les 9èmes assises du tourisme responsable se sont tenues en Côte d’Ivoire, à Grand Bassam, sous l’égide de Tourisme sans Frontières. Cette association, qui a pour vocation d’accompagner les projets de développement durable, a fait émerger plusieurs pistes pour avancer dans ce domaine. L’objectif est de susciter un nouveau tourisme. Un tourisme capable d’irriguer tout le pays, et pas seulement la côte.
Un sourire bienveillant aux lèvres, le roi contemple son public. Sans piper mot, comme le veut l’étiquette. Malgré tout, Sa Majesté Amon Tanoé, roi des N’Zima Kotoko, l’une des plus importantes tribus de Côte d’Ivoire – également très présente de l’autre côté de la frontière, au Ghana – en impose. D’autant plus que, entouré de la reine mère, de ses conseillers et de sa cour, il trône sur un siège étonnant. J’apprends par la suite qu’il s’agit d’une mâchoire de baleine ! Le cétacé s’est échoué le jour même de l’intronisation du roi, en 2003. Et tout près d’ici, de ce palais royal de Grand Bassam, l’ancienne capitale historique de la Côte d’Ivoire, située sur le littoral, au sud-est du pays.
A la cour du roi, un cérémonial impressionnant
Dans l’immédiat, tout m’impressionne : le cérémonial, les salutations et l’échange de cadeaux, les danses royales exécutées par un ballet de jeunes filles… Ce n’est pas tous les jours que j’assiste à pareil spectacle ! D’autant que l’événement est aussi édifiant qu’instructif. Si le roi ne peut s’adresser directement à ses sujets, son chambellan ne s’en prive pas durant la longue cérémonie. Notamment pour expliquer l’organisation sociale des N’Zima Kotoko. Reposant sur les traditions séculaires, qui font loi, elle est particulièrement aboutie et structurée. Les quelque 8 756 villages que couvre la tribu fonctionnent tous dans ce même cadre. La grande fête populaire de l’Abissa, qui se déroule sur plusieurs jours chaque automne, en est une parfaite illustration. C’est un moment de réjouissances, mais aussi de réflexion. Au passage, le chambellan détaille aussi la désignation du roi, dans une société matriarcale par excellence.
Des scènes comme celle-ci, j’en vivrai encore l’une ou l’autre durant les jours suivants en divers endroits. Ce genre de découverte est en effet l’un des volets du circuit touristique « La route des rois » que l’association Tourisme sans Frontières (TSF) a largement contribué à en mettre en place. Dans une optique d’écotourisme et d’immersion culturelle, l’ONG française en suggère bien d’autres encore. Depuis de longs mois, en amont des assises du tourisme responsable, ses experts travaillent à faire émerger un nouveau tourisme.
Mieux répartir les flux touristiques
Car la Côte d’Ivoire connaît une fréquentation appréciable, puisque le tourisme représente déjà – en 2023 – quelque 7,3 % de son PIB. Mais il s’agit essentiellement de tourisme d’affaire, qui représente pour l’heure près de 80 % de la fréquentation. Le restant est du tourisme balnéaire, d’ailleurs en forte progression. Il est vrai que la Côte d’Ivoire compte 750 km de …côtes, offre quantité de plages somptueuses. Mais l’intérieur du pays ne ramasse que les miettes.
Dans une optique de développement plus équitable, l’enjeu est aujourd’hui de promouvoir un tourisme qui irrigue aussi l’intérieur du pays, de mieux répartir les flux. Quel développement faut-il privilégier pour un tourisme durable, social et solidaire ? Les atouts ne manquent pas, encore faut-il savoir les utiliser en bonne intelligence. Les 9èmes assises du tourisme responsable, qui ont rassemblé 300 participants, en ont fait l’inventaire. Et défini les pistes.
Devenir des « défricheurs d’avenir »
«Développer un tourisme intérieur, martèle Marc Dumoulin, le président fondateur de l’ONG Tourisme sans Frontières lors de la cérémonie d’ouverture des Assises, est un vrai défi. Qu’il est tout à fait possible de relever. Cela demande du temps et des efforts, de définir une stratégie. Il faut devenir des défricheurs d’avenir ! » Illustrant son propos de manière très convaincante, Marc Dumoulin cite des exemples similaires. Dans un pays voisin, le Sénégal, qui connaissait une problématique identique à celle de la Côte d’Ivoire. Ou encore au Pérou : il s’agissait de faire découvrir aux touristes d’autres lieux que le site, emblématique certes, du Machu Picchu.
Les richesses de la Côte d’Ivoire, ainsi que les participants des Assises du Tourisme responsable ont pu l’apprendre, sont multiples. Avec en première ligne les richesses naturelles constituées par une biodiversité exceptionnelle. La Côte d’Ivoire compte pas moins de huit parcs nationaux. Deux d’entre eux, celui de la Comoé qui est aussi le plus grand, ainsi que celui de Tai, sans doute le plus préservé de toute l’Afrique de l’ouest, sont classés Réserves mondiale de la biosphère Unesco. Avec les réserves et parcs régionaux, ce sont ainsi 6,98 % de la surface du pays qui sont protégés.
Autre richesse, inestimable elle aussi, celle des traditions. Le « circuit des Rois » s’inscrit dans ce cadre. Bien sûr, ce circuit ne comporte pas seulement des rencontres avec des rois ou des visites de palais royaux. Mais aussi des visites de villages, jusque dans les champs. La découverte de l’artisanat traditionnel particulièrement riche en Côte d’Ivoire avec la poterie, les bijoux ainsi que la sculpture sur bois ou encore la musique, des danses et parades, tient aussi une belle place.
L’expertise de Tourisme sans Frontières
Depuis plus de 20 ans, l’ONG Tourisme sans Frontières milite pour un « tourisme au service de l’Humanité », met son expertise au service des pays émergents. Autour du président fondateur, l’Alsacien Marc Dumoulin, s’est formée une équipe particulièrement dynamique et efficace. En différents endroits du monde, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, elle mène des missions d’audit, de diagnostic, accompagne les actions destinées à promouvoir le développement touristique. Constituée par des bénévoles issus de l’industrie touristique, Tourisme sans Frontières s’est en effet fixée pour mission de « combattre la pauvreté en associant tourisme approprié et développement solidaire ».
Tourisme sans Frontières est aussi à l’origine du salon Solidarissimo à Colmar (Haut-Rhin), l’unique salon en Europe du tourisme et de l’économie solidaires, en partenariat avec le Parc des Expos de Colmar. Depuis 2009, il se présente comme la vitrine de pays émergents, d’acteurs du tourisme solidaire. Parallèlement au Salon international du tourisme et des voyages (SITV) de Colmar, il draine chaque année un public très important. L’édition 2024 a lieu du 9 au 11 novembre et sera donc l’occasion de souffler les 15 bougies. L’invité privilège en sera la cordillère blanche du Pérou.
Par Bernard Frantz
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