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Sur la route de la Soie à vélo

| Publié le 31 octobre 2023
Thèmatique :  Road Trip   Routes du Monde 
             

Joan, alias “Jo”, passionné de vélo, décide de tout quitter pour enfourcher son vélo et prendre la route de la Soie, de Lyon jusqu’au Vietnam. C’est parti pour un an de vélo de voyage, à travers la Méditerranée, l’Orient et l’Asie. Quelques 26 500 kilomètres d’une aventure extraordinaire à la découverte de nouvelles cultures et de paysages grandioses. Entre rencontres, déboires mécaniques, débrouillardises et souvenirs indélébiles, récit du voyage d’une vie.

Joan Dubois au Kirghizistan à 3 000 mètres d’altitude ©Joan Dubois

Le vélo pour passion

Jo est originaire de Tours et féru de sports outdoor, tels que l’escalade, le ski de rando, la randonnée, la spéléo, et surtout, le vélo.

Le vélo a toujours été pour moi une passion. Gamin, je faisais toujours des bornes, pour aller à l’école, au taf, à la fac, c’était un moyen de déplacement. Je n’ai jamais été le cycliste du dimanche en lycra qui tourne autour de la maison, mais par contre j’étais prêt à faire 20 ou 30 bornes pour voir un ami, aller à la rivière… C’était ma relation au vélo”.

Depuis qu’il est ado, Jo sait qu’il partira un jour à vélo, à travers le globe.

J’ai toujours su que je partirai pour faire un long voyage et découvrir le monde. C’est né pendant un voyage d’étude au Sénégal où j’ai été ébloui par les différences. On faisait un projet en BTS Gestion de l’eau, un projet humanitaire en somme, les gens étaient pauvres mais ils avaient tous le smile, tout le temps, et ça m’a ouvert d’autres perspectives de vie. A ce moment-là j’ai eu très envie de découvrir d’autres sociétés, d’autres paysages”.

Premier voyage, première expérience

Il débute par un premier voyage de 4 mois en Italie avec sa compagne. Fin des études, il embarque le vélo de son père, une remorque pour tracter le matériel d’escalade et c’est parti pour arpenter les côtes italiennes et leurs falaises d’escalade. Plus un sou en poche, c’est l’heure du retour.   

Le retour a été très dur, car c’était un retour forcé. Retour chez les parents, ça a été dur de rebondir. On s’est installé à Lyon ensuite et on a bossé pendant 5 ans. Au moment où je suis rentré, je savais que je voulais faire des sous, valider mon diplôme, engranger de l’expérience professionnelle… dans le but de repartir.

En juin 2021, âgé de 31 ans, Joan décide de quitter son travail de géomaticien à Lyon pour réaliser son rêve d’ado : partir 1 an à travers l’Eurasie jusqu’au Vietnam, sur la route de la Soie.

©Joan Dubois

Préparation de l’aventure

Petit à petit, il se prépare. Il achète un Gravel dans sa version sportive et l’adapte intégralement pour le voyage.

J’avais acheté un Kona Sutra LTD pour faire du vélo quotidiennement : cadre en acier, mono plateau, freins hydrauliques… Mais pour le voyage, j’ai dû tout changer. J’ai tout remonté avec les composants que je voulais. J’ai passé des week-ends entiers les mains dans le camboui et les tutos youtube pour apprendre. Je savais que j’allais aller dans des zones très reculées, comme au Kirghizistan. Il fallait que je comprenne comment fonctionnait le vélo”.

Après le vélo, vient le tour de l’équipement et des accessoires. Jo opte pour un équipement assez léger mélangeant cyclotourisme et bikepacking : porte-bagage à l’avant avec sacoches et sacoches au guidon, au cadre et à la selle : “Mon vélo faisait 35 kg.

Côté matériel de bivouac, Joan anticipe les quatres saisons dans tous les climats :

j’avais un sac de couchage -5°C et un drap de soie assez épais qui me permettait d’adapter en fonction des températures. J’avais aussi un bon matelas et une tente ultra légère. J’ai jamais eu froid du voyage.

Joan a ainsi passé des nuits entre -7°C et 45°C, jonglant avec ses couches. Pour le reste, il emmène avec lui réchaud à essence, vache à eau de 4 litres et filtre à eau. Son portable lui sert de carte, rechargé grâce à une dynamo et une batterie externe.

Vélo de voyage de Jo équipé en bike packing ©Joan Dubois

Un itinéraire morcelé, des rencontres et des paysages

Fin du Covid, les restrictions ne sont pas levées dans tous les pays et certaines frontières restent fermées. Impossible de passer, Jo devra prendre deux fois l’avion pour arriver au bout de son voyage. 

A travers l’Europe

Première partie du voyage, Jo parcourt le pourtour méditerrannéen, où il traverse l’Italie, les Balkans, la Grèce, puis la Turquie.

J’ai passé l’hiver sur la route, j’ai fait 10 jours dans la neige, en Grèce et en Turquie. En Grèce, c’était le pire automne jamais eu, et en Turquie le pire hiver, de ce que l’on m’avait dit. J’ai vécu un automne et un hiver pas faciles.”

A travers le pourtour méditerrannéen jusque dans le désert iranien. ©Joan Dubois

Il effectue ensuite une boucle en Iran avant de remonter en Arménie et puis en Géorgie.

En Iran, j’étais dans le deuxième désert le plus chaud du monde.

Halte dans le désert ©Joan Dubois

Après un automne et un hiver aussi froids que pluvieux en Europe, Jo arrive en Asie centrale où il ne connaîtra plus une seule goutte de pluie jusqu’à son retour en France. 

Dans les déserts d’Asie centrale

Deuxième partie, Joan atterrit avec son vélo au Kazakhstan. C’est parti pour 4 mois de vélo à travers les paysages arides et désertiques de l’Asie centrale : Kirghizistan, Ouzbékistan, Tajikistan. 

Voyage à vélo dans les immensités de l’Asie centrale ©Joan Dubois

Il y a un moment qui restera gravé dans ma mémoire toute ma vie, c’est cette arrivée au Kirghizistan. Je montais un super beau col, c’était de la piste. Et là on arrive sur cette plaine où se trouve le lac de Son Koul, à un peu plus de 3 000 mètres d’altitude. L’été, tous les bergers sont installés avec leurs yourtes et leurs animaux. Au coucher du soleil, je me suis installé, j’ai demandé où je pouvais prendre de l’eau et si je pouvais me mettre à côté d’eux. Je me suis installé là. L’oncle et les enfants m’ont regardé monter la tente, les deux enfants sont rentrés dedans, ont essayé le matelas… c’était un beau moment d’échange. On a partagé le repas dans leur yourte, et puis un voisin est venu les chercher et ils sont partis. Je suis alors resté 20 minutes avec les enfants. Ils me montraient leurs bouquins d’école, essayaient de m’apprendre des mots dans leur langue… C’est des moments d’échanges au bout du monde comme ça, qui font l’essence du voyage pour moi. C’était une belle rencontre dans un décor magnifique. Tous les ingrédients étaient réunis pour créer un moment inoubliable.” 

Enfants qui essayent la tente au Kirghizistan ©Joan Dubois

Jo emprunte ensuite la fameuse Pamir highway, appelée aussi “route M41”, dans les contreforts de l’Himalaya, et passe le plus haut col du Pamir “le Akbaital” à 4 655 mètres d’altitude :

J’ai presque roulé sur le Mont Blanc !”.

A vélo sur la Pamir Highway, au col Akbaital ©Joan Dubois

La chine fermée, Jo reprend un avion, direction la Thaïlande. 

Asie du Sud, point final du voyage

Troisième partie, Jo arrive en octobre 2022 en Thaïlande et commence une boucle en Asie du Sud-Est : Cambodge, Laos, Vietnam avant de revenir en Thaïlande pour le retour. 

ça avait beaucoup de sens pour moi d’aller jusqu’au Vietnam, car mon grand-père paternel vient du Vietnam”.

Partie finale du voyage à vélà en Asie du Sud ©Joan Dubois

Jo passe quelque temps dans la Baie d’Along au Vietnam comme volontaire en escalade. Il enseigne aux côtés des locaux et encadre les touristes en grimpe dans un décor de carte postale.

Un peu d’entretien mécanique, mieux vaut prévenir

Pour éviter trop de galères mécaniques, Jo entretient régulièrement son vélo, mieux vaut prévenir que guérir.

d’une manière générale, je connaissais bien mon vélo et j’ai fait beaucoup d’entretiens dessus tout au long du voyage. J’ai changé une fois la cassette, 6 fois la chaîne, je le nettoyais régulièrement. Avec ça, j’ai eu assez peu de galères.

Moment réparation vélo ©Joan Dubois

Du jeu dans une roue, des crevaisons et un câble de frein qui lâche en pleine descente, Jo a toujours su rebondir et se débrouiller à chaque fois.

J’étais en Turquie, dans une belle descente, il commençait à faire tard et il pleuvait, quand mon câble de frein a lâché. Belle frayeur, j’ai dû m’arrêter en freinant avec les pieds. J’ai aussi eu pas mal de crevaisons, des pièces qui ont cassé, mon pédalier qui grinçait… J’ai souvent été dans les magasins de réparation vélo, mais plus pour chercher des pièces. Ça m’est arrivé aussi plusieurs fois de réparer mon vélo directement dans le magasin. Quand tu es à l’étranger, en Turquie par exemple, que tu arrives à vélo depuis la France, le capital sympathie du cyclo à l’étanger est assez énorme”.

Atelier de réparation vélo ©Joan Dubois

S’il n’est pas indispensable d’être un professionnel en réparation vélo, pour un voyage tel que celui-ci, Joan conseille malgré tout d’acquérir quelques notions de base.

Si tu pars en Europe en sachant juste changer une chambre à air ou mettre une rustine, feu ! Pas de soucis, mais dans le désert en Iran, là je conseil d’avoir plus de connaissances mécaniques, car il n’y aura pas forcément quelqu’un pour venir t’aider, qui aura les connaissances pour et il n’y aura pas toujours de magasins avec les pièces qu’il te faut”.

En France, il est possible de trouver un réparateur de vélo à proximité ou à domicile, ce qui peut parfois bien dépanner que ce soit lors d’un road trip en vélo ou d’une simple sortie à la journée.

1 an de voyage à vélo plus tard… 

Moi ce que je conseille, c’est la liberté de ne pas savoir où tu vas dormir. C’est ça qui me plait le plus, ne pas se prendre la tête en essayant de planifier tout le temps, prévoir au jour le jour parce que ça ne se passe jamais comme prévu de toute manière. Ou alors, si ça se passe exactement comme prévu, tu loupes des choses. Le plus dur, c’est de se lancer.

Pour moi, le voyage à vélo, ce n’est pas faire 150 km par jour, au contraire. Plus tu fais de bornes, moins tu as de temps pour faire des rencontres, profiter des lieux, visiter un village, te poser à la terrasse d’un café et parler avec les locaux. D’ailleurs, la différence est énorme quand tu as un vélo chargé et non chargé. Quand ton vélo est chargé et que tu te poses à un café, tout le monde vient te parler, te demander d’où tu viens, où tu vas. C’est ça qui est beau dans le voyage à vélo.

©Joan Dubois

Suivez l’itinéraire de son voyage “Jojo à vélo”, son récit complet et ses photos sur son Polarsteps !

561 jours, 24 pays, 26 500 kilomètres et 274 000 mètres de dénivelé plus tard, Jo est de retour en France. Après avoir établi son camp de base dans les Cévennes pendant quelques mois, pas le temps de lambiner, il se prépare à son nouveau challenge, en vélo toujours : la French Divide. 2 300 kilomètres, 34 350 de dénivelé, 15 jours, en totale autonomie, cette aventure en ultra bikepacking démarre le 5 août. Bon courage à lui !


Sur la route de la Soie à vélo | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Caroline de Fréminville

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    Une réponse à Sur la route de la Soie à vélo

    1. Guy DUBOIS a commenté:

      👍Belle aventure humaine et sportive jusqu’au bout de ses rêves…☺️

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