Les professionnels du tourisme de Saint-Pierre-et-Miquelon regroupés autour d’une charte et d’un référentiel Tourisme Durable.

Afin de poursuivre le travail entamé par la Collectivité territoriale en lien avec les professionnels du tourisme de Saint-Pierre-et-Miquelon ; le cabinet GéoSystème et le réceptif local HDE Voyages travaillent à la mise en place d’une charte Tourisme Durable et d’un référentiel coconstruit avec les acteurs locaux. Objectif : permettre au plus grand nombre de s’engager en privilégiant une démarche de progrès afin de créer un réseau apte à commercialiser des offres plus durables et encourager ainsi les voyageurs à prendre le temps de découvrir l’archipel dans toutes ses dimensions pour savourer un tourisme lent, de nature, propice à valoriser le territoire et les savoir-faire locaux.

Un référentiel coconstruit axé sur une démarche de progrès

Pour Laurent Arcuset, directeur du cabinet de consulting GéoSystème, le plus important est de s’adapter au territoire et à ses particularités locales. « Il n’était pas question de plaquer un référentiel collé mais vraiment de le coconstruire avec les acteurs locaux afin de travailler à des indicateurs précis correspondant aux réalités du territoire. L’idée : que notre offre soit unique et pas comparable ! » En ce sens, pour mieux identifier les particularités de l’archipel quant à la durabilité, il a été demandé aux acteurs locaux de spécifier quels étaient pour eux les critères les plus importants. « Une fois qu’ils ont choisi leur dimension principale, leur ADN, on a pu commencer à travailler avec des indicateurs précis. » Concrètement, ces derniers sont hiérarchisés en trois niveaux avec des critères majeurs : lien au territoire (tout ce qui fait identité), approche sensible (producteurs locaux, prestataires, restaurateurs), alimentation, déchet ; des critères importants : biodiversité, éthique, social (prise en compte des personnes à mobilités réduites) et solidaire et des critères plus complexes à gérer sur l’archipel comme l’eau, l’énergie et les mobilités en lien avec les particularités locales. « A Saint-Pierre-et-Miquelon l’énergie vient d’une centrale thermique, il est donc difficile de traiter cette problématique. Quant à la ressource en eau, il n’y a pas de compteur, deux particularités qu’il faut prendre en compte mais qui n’empêche pas notre référentiel d’être exigeant avec l’ambition d’atteindre des niveaux de reconnaissances internationales (Clé Verte, Ecolabel Européen, Green key Global…). »

Un travail de fond est notamment en cours sur la gestion des déchets qui représentent un véritable enjeu en misant sur la sobriété mais aussi la revalorisation à travers la décoration par exemple. Autre axe privilégié : minimiser l’impact carbone pour que le transport soit moins impactant avec la volonté de passer de courts séjours à des moyens séjours, également tout un travail sur les mobilités douces. « Nous privilégions une démarche de progrès car pour l’heure, peu d’acteurs sont engagés et aucun reconnu par une démarche qualifiante avec comme objectif final que Saint-Pierre-et-Miquelon soit prêt à commercialiser de vrais produits écotouristiques sur le marché ! »

Une mise en musique à plusieurs mains

« Un beau référentiel, on sait faire, mais un référentiel utile au territoire, c’est plus compliqué. Alors, quand on a su qu’on avait l’opportunité de travailler avec Patricia, on était ravi ! » Patricia Detcheverry, cocréatrice (avec Françoise Enguehard) de la toute nouvelle agence locale HDE Voyages poursuit ainsi le travail de fond réalisé par de Collectivité Territoriale à l’origine de cette volonté de distiller un tourisme durable auprès de tous les professionnels du secteur. Patricia : « HDE Voyages est la toute première agence réceptive créée à Saint-Pierre et Miquelon. Quand nos interlocuteurs nous disent « Enfin !!! un réceptif à Saint-Pierre et Miquelon ! », ça confirme qu’il y avait un manque. » A l’origine, en 2018, il y a d’abord eu un blog (lheuredelest.org) visant à créer un écosystème vertueux qui permettait aux utilisateurs d’en savoir plus sur l’archipel et sa région. « On met en avant de petits endroits, des petites communautés pour les faire connaitre, les promouvoir mais en présentant notre territoire d’une façon plus tranquille et apaisée. » Quant à l’agence, elle est toute neuve, l’immatriculation Atout France date de début avril !

HDE Voyages vise donc à aider les voyageurs désireux de découvrir Saint-Pierre-et-Miquelon à concrétiser leurs projets mais pas n’importe comment. « Je suis ravie de poursuivre le travail de la Collectivité Territoriale et d’arriver au début de la démarche pour organiser une offre éthique et durable sur le territoire afin qu’elle soit accessible et cohérente pour les clients. Le territoire est prêt ».  Patricia est toutefois consciente qu’il va falloir y aller en douceur, les acteurs de Saint-Pierre-et-Miquelon n’ayant pas l’habitude de travailler avec un réceptif. « C’est une démarche de longue durée, il va falloir faire beaucoup de pédagogie afin que chacun intègre et valide le processus. Je suis persuadée du potentiel mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ». En tant qu’opérateur privé, HDE souhaite en tout cas se positionner clairement sur le segment du tourisme durable qui a toujours été dans son ADN, et s’apprête à démarcher des clientèles pertinentes comme celles venues de France. « Je crois beaucoup au tourisme lent. On va inciter nos clients à rester plus longtemps en rebattant les cartes et en recentrant l’activité touristique sur Miquelon quand ils étaient jusque-là concentrés sur Saint-Pierre ».

Et demain des offres clé en main valorisant l’économie et le savoir-faire local

Et pour diminuer le poids carbone du transport de ceux qui viennent de loin, clientèle française mais aussi canadienne ou américaine pas toujours si proche, l’idée est bien évidemment de les faire rester plus longtemps. Laurent Arcuset : « L’offre est là. Sur l’archipel, il y a des producteurs incroyables qui font du gin, de la bière, du foie gras, des fromages de chèvre, cultivent fruits et légumes locaux. Côté mer, on trouve crabes des neiges, des homards (« moins cher que le jambon », renchérit Patricia !), coquilles Saint-Jacques… Dans les restaurants, tout ou presque est fait maison ! » Pour Patricia, la pépite est clairement Miquelon où se trouvent les principaux producteurs. En outre, cela permet de comprendre comment va évoluer un village de 500 habitants à fleur d’eau tout en offrant un accès à la nature et à des paysages superbes. « Miquelon, c’est une double promesse : échapper aux chaleurs de l’été et se retrouver dans des paysages quasiment tout seul. » HDE prévoit également de combiner quelques circuits avec Terre Neuve, mais uniquement le sud pour ne pas faire trop de route, soit la péninsule de Burin qui fait face à Saint-Pierre-et-Miquelon et qui compte de petites collectivités. L’idée est donc vraiment d’inventer une nouvelle offre, de changer les perspectives et les regards, de valoriser les ailes de saisons avec des séjours écotouristiques axés sur la biodiversité, les incroyables variétés d’oiseaux que compte le territoire, mais aussi l’histoire des Acadiens, les cultures locales. Laurent : « Pour avoir parcouru Langlade, Miquelon et Saint-Pierre, je peux témoigner que c’est un Petit Canada où on peut rester facilement 15 jours ou plus. Et quelle magie que la vue de Terre Neuve juste en face avec tout l’imaginaire que cela représente ! ». Patricia approuve.

Il est temps de laisser tomber les complexes et de proposer une véritable offre de qualité qui fasse fi des séjours courts. « Je travaille actuellement sur un forfait d’une semaine, un séjour hyper complet et bien évidemment, il est possible de rester 15 jours si on souhaite marcher plus, ou se reposer, déconnecter. » Et de vanter encore la magie de l’automne et ses magnifiques couleurs et lumières, voire même les charmes de l’hiver pour ceux qui souhaitent découvrir comment on s’organise sur un archipel battu par les vents et les flots. Tout est possible, il faut juste être fier, avoir confiance, et axer l’offre sur l’identité et la réalité locale. Résilience, universalisme et partage, tels sont d’ailleurs les trois valeurs retenues par les socioprofessionnels pour être le socle de la charte. Trois valeurs qui résonnent et démontrent que l’offre correspond aussi à une volonté portée par la Collectivité de partager une identité et d’expliquer aux visiteurs les spécificités de Saint Pierre et Miquelon au-delà de la France, au plus près des locaux.

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