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Nomad Planet : la passion du nomadisme pour aujourd’hui et pour demain

| Publié le 27 avril 2012
           

Poursuite de notre entretien avec Munkhe, fondateur de Nomad Planet, qui nous explique de façon plus détaillée comment l’action de Nomad Planet s’inscrit dans une volonté d’un tourisme plus équitable pour l’environnement mongole et ses populations nomades.

Munkhe, fondateur de Nomad Planet

VA / Vous avez évoqué précédemment votre collaboration avec les communautés nomades, mais comment cela se passe-t-il dans les régions plus isolées où elles ne sont pas présentes ?

 

 

Munkhe, fondateur de Nomad Planet. @NomadPlanet

Dans ce cas, on choisit notre famille en se faisant aider des autorités locales sur place et on essaie de les aider, de les former. Il faut également qu’elle dispose d’une yourte assez grande pour pouvoir accueillir les touristes. Souvent, il s’agit d’endroit plus isolé où les voyageurs ne passent qu’une nuit et donc, on essaie de fidéliser les familles. Pour les sélectionner, on essaie de trouver un équilibre entre le besoin des familles, leur volonté d’accueillir les voyageurs, et aussi leur attitude. Par exemple, on fait particulièrement attention à ce que les nomades sélectionnés ne boivent pas d’alcool, c’est le critère numéro un.

VA / Concentrez-vous votre activité dans les zones touristiques ou essayez-vous également de développer des circuits dans des endroits plus excentrés ?

La Mongolie avec Nomad PlanetEn Mongolie, le tourisme est principalement concentré dans trois régions qui forment un triangle : la vallée d’Orkhon au centre du pays (région de Khangai), le lac Khuvsgul au nord (au cœur de la taïga) et le désert de Gobi au sud. Nous avons deux circuits de 14 jours entre le Gobi et la région du Khangai et le lac Khuvsgul et le Khanghai mais aussi un périple de 21 jours qui traverse toute la Mongolie du sud au nord. En outre, nous développons des circuits hors des sentiers battus comme dans la région du Darganga ou à l’ouest. Nous sommes conscients qu’il est important de visiter d’autres régions pour ne pas se cantonner aux régions touristiques. Pour cela, nous refusons d’aller dans certaines régions comme chez les Tssatan, les Tuva de Mongolie. Cette ethnie d’éleveurs de rennes ne comprend plus qu’une trentaine de familles. Or, chaque été, des milliers de touristes viennent les voir et découvrir leur mode de vie. Conséquence, bien qu’ils soient inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ils ont en partie perdu leur culture. En outre, il faut à présent payer pour les prendre en photos, l’hospitalité mongole s’est perdue, et ils ne voient même plus l’intérêt d’élever leurs animaux puisqu’ils gagnent assez d’argent avec le tourisme. Nous refusons donc d’amener des voyageurs dans cette région, ce qui ne ferait qu’accentuer ces effets pervers. En revanche, nous organisons des voyages avec des éleveurs d’aigles et on peut même partir chasser avec la famille. Nous participons aussi à l’organisation d’un festival de yacks qui a lieu dans la région de l’Uvurkhangai en juillet. Il a été créé pendant le communisme et comprend des courses de yacks, des défilés et concours, et même des rodéos.

VA/ Développez-vous également des projets solidaires avec les familles nomades ?

Déjà, en travaillant avec les familles, on essaie de valoriser le mode de vie nomade, avec pour objectif que le nomadisme perdure en Mongolie. On explique ainsi aux familles parfois attirées par la vie citadine tout l’attrait que peut représenter leur culture pour des étrangers prêts à faire des milliers de kilomètres pour venir les voir. Toutefois, nous avons aussi un projet de fondation en cours, qui prend en compte la fragilité du mode de vie nomade très dépendant du climat. Il faut savoir que tous les quatre/cinq ans, la Mongolie connait une année glaciale particulièrement néfaste pour les éleveurs nomades, qui perdent souvent 30 à 50 % de leur cheptel (moutons, chèvres, bœufs, chevaux, chameaux). En moyenne, une famille possède 300 moutons ou chèvres, une dizaine de chevaux et chameaux, ce qui n’est pas énorme pour la Mongolie où un mouton coute 50 €. Les éleveurs ne sont d’ailleurs assurés qu’à partir de 1000 têtes. Notre fondation a donc pour objectif d’aider les familles non assurés à retrouver un début de cheptel en cas de pertes importantes. Notre idée, racheter des animaux afin de permettre aux nomades de reprendre leur activité d’éleveur quand celle-ci est mise à mal par les mauvaises conditions climatiques. Les revenus des nomades sont très fluctuants. Une famille peut très bien gagner sa vie pendant quelques années puis tout perdre d’un coup. Nous prévoyons de dépenser 10% de nos revenus actuels pour  notre fondation.

LES AUTRES ARTICLES DE CE DOSSIER

 

—————————————————————————————-A LIRE SUR LA MONGOLIE :

Alice au pays des Mongols, Ulrike Kuchero, Bayard Jeunesse. Avril 2012.

Sensha, fille de Mongolie, Sylvie et Malik Deshors, Rue du Monde, Mai 2012.

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http://www.nomad-planet.com/

En France : Munkhe : 06 24 99 27 89

En Mongolie :

N° 25, Batiment A, 1 rue Tserendorj, 2ème Khoroo, Sukhbaatar District, Oulan-Bator00(976) – 8806-9097 (munkhe)8801-9097 (bata)9918-7727(bat) 9914-6919(tuya)
 
 

Nomad Planet : la passion du nomadisme pour aujourd’hui et pour demain | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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