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Ni label, ni certification : V.V.E. présente son système d’évaluation de terrain

| Publié le 13 janvier 2017
Thèmatique :  Acteur associatif   Conseils   Initiative privée   Innovation   Labels 
             

Nous connaissons l’engagement de l’Association des Voyageurs et voyagistes eco-responsables, celui-ci évolue, une fois de plus, cet automne. Voulant se démarquer des autres labels et certifications qu’elle juge caduques ou peu adaptés, V.V.E a mis en place un double système d’évaluations de terrain qu’elle souhaite au plus proche des préoccupations des voyageurs.  Un outil qui sera disponible d’ici quelques semaines et qui se divise en deux référentiels distincts : un qui évalue les  hébergements, l’autre qui concernera plus particulièrement les voyagistes. ‘Un travail de fourmi qui se place délibérément au dessus des labels existants et de leurs exigences’ selon Jean-Pierre Lamic, président de l’association. Et d’ajouter ‘Un travail fait par des experts de terrain, qui outre son aspect très complet risque de faire grincer quelques dents, mais mettra en lumière un classement simple à lire pour tous. Un système simple donc, compréhensible par le plus grand nombre et bien moins cher que les labels existants’. 

Le double système d'évaluation de V.V.E. a déjà travaillé sur le chalet la Vie d'Autrefois pour la catégorie hébergement (crédit JP Lamic)

Le double système d’évaluation de V.V.E. a déjà travaillé sur le chalet la Vie d’Autrefois pour la catégorie hébergement (crédit JP Lamic)

Une évaluation qui se veut universelle, au dessus des labels

Les membres de V.V.E. sont partis  d’un constat fort : « les labels ne reflètent pas la réalité des engagements des hébergeurs et/ou des voyagistes, il faut agir selon des critères inaliénables et en totale indépendance. » Ainsi depuis 2009, Jean-Pierre Lamic, le Directeur, et les administrateurs de Voyageurs et voyagistes éco-responsables réfléchissent à un système permettant de « passer au dessus des labels » et offrant à tout un chacun une fiche de lecture simple. « Car, qui est capable de comprendre quoi que ce soit actuellement à un label éco-touristique? » Et, après une longue maturation de toute l’équipe et la collaboration active d’un étudiant de la Haute école Robert Schumann en Belgique, le double système d’évaluation est opérationnel depuis cet automne, le travail « in situ » peut commencer.

Des critères pertinents et adaptés à chaque type d’entité

Travail de fourmi, très complet, le double système est en fait un aboutissement d’un travail de terrain mené par V.V.E. depuis sa création. « On croise les critères de certaines certifications et labellisations qui nous paraissent opportunes, cela fait un référentiel sérieux et en même temps simple à lire pour tous. On va enfin savoir qui est engagé, ou malheureusement qui ne l’est pas et surtout qui vend des concepts truqués ». Ce double système repose sur de nombreux critères : – ils sont au nombre de 66 pour les hébergements  et 46 pour les voyagistes et territoires. Notons que pour ce second point, seul sera évalué un voyage. « Évaluer l’ensemble de la gamme d’un voyagiste n’a aucun intérêt pour nous. En effet nous réfléchissons en terme de territoire. » Pour les territoires Jean-Pierre Lamic évoque les îles Eoliennes (Sicile) « sur 15 voyagistes, on a environ 10 voyages similaires, là on peut voir qui maitrise sa production ou au contraire vend de fausses qualités durables et responsables aux clients. » Chaque structure auditée sera notée, et à chaque fois qu’un critère n’est pas pertinent pour l’une d’elle, il n’est pas pris en compte : prenons par exemple le critère nourriture bio ou locale qui, si l’hébergement n’en propose pas n’a aucun intérêt à figurer ici et à piper les résultats. Donnons  quelques exemples de critères qui seront la base du travail mené dans les prochaines semaines.

Pour la catégorie hébergement :

  • la consommation d’eau, l’unité sera le ratio entre litre et nuitée. Ainsi seront classés au bas de l’échelle les hébergeurs et voyagistes qui arrivent à un total de 400l ou plus, seront mis en avant les plus responsables : en l’occurrence ceux qui ont une source ou un système de récupération d’eau pluviale par exemple.
  • l’énergie, là aussi le résultat dépendra de sa consommation d’énergie renouvelable (une échelle de 5 niveaux allant  de 0 à 100% a été créée permettant une lisibilité claire et non contestable.)
  • la nourriture, si celle-ci provient de circuits classiques type grande distribution la note sera en adéquation, celle-ci s’améliorera si les produits sont régionaux, bios ou équitables (là aussi 5 niveaux). Ce ne sont là que quelques exemples, d’autres critères, tout aussi important lorgneront sur l’aspect social et la gouvernance.

Pour les voyagistes :

  • en 1er lieu, les modes de transport : n’obtiendront pas de points  les structures utilisant très fréquemment l’avion et ne limitant peu ou pas les émissions carbones. Au contraire les bons élèves seront ceux qui auront réfléchi à des moyens de transports autres (5 niveaux d’excellence).
  • le personnel : il faudra qu’il soit formé, diplômé et rétribué de façon conforme avec sa qualification.
  • le circuit ou voyage en lui-même : s’il est repris sur des modèles existants, montrant une sur-exploitation d’un lieu, d’une zone, s’il n’a rien d’original : pas de point. Si au contraire, il est vraiment construit par l’organisateur, commercialisé par lui même et s’appuie sur l’ingénierie et les connaissances locales, il obtiendra la note maximale par critère de 3 points.
  • l’utilisation de l’eau et de l’énergie revient aussi.

Notons que le niveau 5 rapporte 3 points et que le total est des points obtenus est établi en pourcentage (note sur 100)  afin de comparer ce qui est comparable. La liste ci-jointe n’est évidemment pas exhaustive.

le résultat final d'une évaluation

le résultat final d’une évaluation

Qui est concerné? Et quelles conséquences?

En 1er lieu les membres de V.V.E. D’ailleurs certains ont « essuyé les plâtres » cet automne, et ils s’en sont  bien sortis. Il s’agissait de Cybelle Planéte pour les voyagistes

la mission cétacé de Cybelle Planéte a été évalué avec succès en septembre dernier (crédit Céline Jacques)

la mission cétacé de Cybelle Planéte a été évalué avec succès en septembre dernier (crédit Céline Jacques)

et des hébergements : le Bon Air dans le Cantal et le chalet d’altitude « la vie d’autrefois » en Vanoise (catégorie hébergement). « Nous avons un niveau d’exigence très élevé, une note une note minimale au-dessus de 75/100 nous paraîtrait logique pour nos adhérents.

Le double système permettra à tous ceux qui le désirent de s’auto-évaluer, V.V.E se donnant le droit d’aller  faire le job là où il lui semble que greenwashing et publicité mensongère se trouvent : « Nous ne sommes pas là pour piéger mais véritablement faire avancer les choses, montrer qui est exigeant envers ses clients et son territoire. » Et quid des retours de la profession? « Des gens vont râler c’est sûr, mais le tout est d’avancer sur le devenir d’un tourisme plus compréhensible et plus clair. » Ainsi dès ses premiers mois de fonctionnement, le système d’évaluation de terrain ira sur des territoires qui semblent clés aux créateurs : « Prenons Cuba, un territoire que je connais très bien, il y a là bas des aberrations totales, avec des Tours opérateurs Français leaders sur le marché qui achètent des packages à une agence Cubaine qui elle même va sous traiter encore 2 voire 3 fois des éléments de ce même produit.  Là le client n’est jamais au courant de cela. Le voyage est plus cher, par le cumul des marges des divers sous-traitants, les guides diplômés ont disparu et le salaire des guides locaux est dérisoire, payé par l’Etat Cubain et laissé à l’appréciation des clients (via les pourboires) qui ne connaissent pas le niveau de vie réel du pays, ce qui a pour effet de déstabiliser les sociétés (A Cuba, encore plus qu’ailleurs !).  A cela, rajoutons des voyages à 30 personnes parfois et les croisiéristes qui commencent à débarquer des milliers de passagers en même temps dans un centre historique exigu. Où se trouve l’aspect éthique, durable la dedans? C’est ce genre de pratiques que l’on souhaite faire évoluer. »

Informer et aider les voyageurs et les territoires.

« Qui pour l’instant évalue les acteurs du tourisme? Les voyageurs eux-mêmes, dont ce n’est pas le rôle et qui n’en ont pas la compétence car finalement ce sont eux qui connaissent le moins bien le territoire. Si on ne veut laisser le seul champ libre à Trip advisor et consorts, il fallait réagir, c’est ce que nous avons fait. Le double système passera ainsi  de fait au- dessus des labels, il permettra de déterminer qui réalise de réels efforts ou n’en fait aucun et de choisir son organisateur en tout état de cause. » De plus, le système d’évaluation de terrain veut permettre aux entités telles que parcs Nationaux, régionaux, offices de tourisme, etc. de connaître le niveau d’engagement réel des acteurs prétendument impliqués sur son territoire. Cet outil peut être utilisé dans le cadre de la mise en œuvre du volet 3 de la charte Européenne du tourisme durable dans les espaces protégés. Le travail sera fait sur place par des personnes totalement indépendantes qui factureront les heures travaillées. Les constats qui sortiront de ces enquêtes seront véritablement concrets et donneront des pistes pour améliorer ce qui doit l’être.

le chalet la vie d'autrefois en Vanoise a essuyé les platres du double système d'évaluation (credit JP Lamic)

le chalet la vie d’autrefois en Vanoise a essuyé les platres du double système d’évaluation (credit JP Lamic)

Le double système d’évaluation mis à disposition des hébergeurs et voyagistes va véritablement être lancé en cette fin d’automne pour de premières réalisations in-situ dès le printemps prochain. V.V.E. propose donc aux institutionnels, hébergeurs et voyagistes de prendre contact avec elle pour obtenir une évaluation et pouvoir définir ainsi leurs marges de progrès. Reste à savoir les conséquences de cette évolution révolutionnaire : sur les TO, voyagistes et hébergeurs, mais aussi sur le public en lui même. Voyageons autrement en tout cas tenait à souligner cette création. Et par la même, faire avancer le débat sur les labels, les certifications et ce que l’on entend par implication dans le tourisme. Nous attendons la suite avec hâte.

http://www.vve-ecotourisme.com/

glossaire : greenwashing : eco-blanchiment consiste pour une entreprise à orienter ses actions marketing et sa communication vers un positionnement écologique. actions de communications souvent.


Ni label, ni certification : V.V.E. présente son système d’évaluation de terrain | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Guillaume Chassagnon
Amoureux des montagnes, des hommes y vivant. j'aime les parcourir, les photographier, les découvrir et donner envie de les fréquenter. Sac à dos, livres et appareil photos sont mes outils quotidiens. Je travaille aussi pour de la presse quotidienne pour notamment montrer le dynamisme culturel et associatif de mon territoire. A bientôt sur les sentiers, autour d'un bon verre de vin, d'un plateau de fromage ou dans une librairie! Et à la fac d'Avignon of course
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