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Les hôtels de luxe peuvent-ils être des hôtels robin des bois ?

| Publié le 8 novembre 2024
Thèmatique :  Acteur privé   Initiative privée   Tourisme de masse 
             

À l’heure où le monde se complexifie toujours plus, il peut être intéressant de regarder derrière la carte postale pour tenter de comprendre comment certains hôtels de luxe, certes très énergivores et grands consommateurs d’eau et de ressources, tentent également de réduire leur impact afin de rejoindre la voie d’un voyage plus responsable, ou comme le dit justement l’ADEME, tendant vers le « plus responsable », puisqu’il s’agit toujours d’une démarche de progrès et que les valeurs absolues n’existent pas.

Vue d’un hôtel à Menthon-Saint-Bernard, alliant luxe et respect de l’environnement, au cœur d’un paysage naturel préservé.

Des plateformes qui tentent de mettre du sens, du vert et de l’écologie dans l’hôtellerie

Depuis une petite dizaine d’années en France, de plus en plus de plateformes proposent de filtrer l’offre hôtelière comme on filtrerait le café, en triant le bon grain écologique de l’ivraie impactante, pour proposer une offre d’hébergements plus verts, moins énergivores, proposant des mobilités durables, des produits locaux, des fournisseurs engagés, etc. S’il peut être parfois difficile de relier ces adresses souvent onéreuses et réservées à une clientèle aisée au tourisme durable, on peut toutefois trouver quelques chemins pour voyager responsable avec Splendia par ici et par là, en essayant de comprendre qui se cache derrière ce site créé en 2004, pionnier de la réservation d’hôtels haut de gamme.

Pour être tout à fait honnête, lorsque l’on se penche sur les pages de Splendia, il est de prime abord compliqué d’y voir un site qui privilégie les enjeux du tourisme durable. Certes, dans les critères de sélection du listing de la marque, il y a l’architecture et le design intérieur, mais pas un mot sur les engagements durables ni sur une politique verte visant à réduire les impacts, forcément importants, de ces palaces de luxe. Toutefois, en creusant un peu plus, on découvre que Splendia, fondé à l’origine par Élie de Coignac et Benoît Durand suite à leur rencontre au Maroc (cimentée par une passion commune pour le e-commerce et les voyages de luxe), a connu une croissance impressionnante jusqu’à 2016 avant d’être rachetée par le groupe Voyageprive.com, le leader du voyage en ligne, dont l’une des principales figures est le Béarnais Denis Philipon.

Les engagements sociaux et environnementaux du groupe Voyage Privé

Or, si l’homme communique peu et déteste les réseaux sociaux, on trouve malgré tout quelques traces de ses engagements qui donnent à penser qu’une part des millions engrangés par l’une des success stories du monde du voyage en ligne se retrouve aujourd’hui sur plusieurs fronts (ou fonds) engagés, à l’image de sa passion pour le ballon ovale (il est à la tête du club de rugby aixois depuis plus de dix ans), dont il vante les valeurs fortes dans la presse : « La solidarité, la simplicité, l’ambition, l’exigence et l’adaptabilité sont des valeurs communes entre le monde de l’entreprise et du rugby. »

C’est donc peut-être ces valeurs de solidarité qui ont poussé le président-fondateur de Voyage Privé à créer une école de rugby (l’École des XV) qui accompagne de jeunes collégiens de quartiers difficiles et les aide à se réintégrer en leur inculquant des valeurs sportives, mais aussi à soutenir le restaurant aixois « Chez Pierre » à Aix, qui emploie des personnes atteintes de handicaps mentaux, comme l’autisme ou la trisomie, et les aide à s’insérer professionnellement grâce à la bienveillance de tout le personnel encadrant.

Hummingbirds : un fonds d’investissement pour la décarbonation

Si le sport, le social et le handicap sont donc des champs dans lesquels l’homme se retrouve, il faut surtout raccrocher le wagon de l’environnemental et de l’hébergement écologique avec son investissement dans le fonds Hummingbirds, engagé dans la voie de la décarbonisation, et dont il fait partie du comité stratégique en tant qu’actionnaire majoritaire (avec Time To Act Capital). « Les deux actionnaires se sont engagés à investir jusqu’à dix millions d’euros pour financer les études de faisabilité développées par les équipes de Hummingbirds ». À noter que les objectifs du fonds pour 2025 sont, entre autres, d’améliorer les conditions de vie pour 1 million de personnes, de détenir un portefeuille de projets équivalent à 50 millions de tonnes de CO₂ séquestrées ou évitées, de gérer 1 million d’hectares durablement et de préserver ou restaurer les habitats de 200 espèces en danger (inscrites sur la liste rouge de l’UICN).

Alors, certes, il faudra faire plusieurs ricochets pour passer d’un palace de luxe à un projet financé par Hummingbirds tel le « Mout Kei Reforestation Project » qui vise à reforester et restaurer 38 000 hectare dans la Réserve forestière nationale de Mount Kei en Ouganda, mais on peut aussi se demander si l’écologie au sommet des plus riches, ce n’est pas aussi un peu cela, construire inlassablement des châteaux de sable pour mieux les détruire puis les reconstruire, ainsi, à l’infini, en imaginant que le durable, le solidaire, le responsable, peut aussi s’acheter à coup de décarbonation post consommation, tel un service après-vente de la planète.


Les hôtels de luxe peuvent-ils être des hôtels robin des bois ? | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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