En Thaïlande, Sophie sauve les animaux du tourisme de masse
Thèmatique : Acteur associatif Projet solidaire Tourisme de masse
Au nord de la Thaïlande, dans la région très connue de Chiang Raï, se dresse au cœur de la jungle « Elephant Steps Chiang Raï » une véritable arche de Noé créée par Sophie Marguery. Depuis 6 ans, elle récupère les animaux malmenés par la vie et les hommes afin de leur offrir une seconde chance. L’enquête « Les méfaits du tourisme animalier » récemment dévoilée par National Geographic a remis sur le devant de la scène les conditions déplorables des animaux dans certaines zones touristiques. En cette période estivale, cette question est d’autant plus d’actualité.
En Asie, les conditions des éléphants font polémique depuis longtemps et la mort récente de Dumbo, éléphanteau au zoo de Phuket, a relancé le débat. Face à ces travers, de nombreux camps de promenades à dos d’éléphants et cirques se sont transformés en soi-disant sanctuaires prônant la liberté de l’animal et son bien-être. Rien que dans la région de Chiang Raï, on en dénombre quelques dizaines.
Partout dans le monde, qui n’a jamais rêvé de nager avec les dauphins, tortues, caresser un éléphant, prendre une photo avec un ours… animaux normalement impossibles à approcher ? Ce que les touristes ne savent pas, c’est ce que subissent ces animaux pour devenir si « dociles » avec eux.
Concernant les éléphants, ils sont séparés de leur mère très jeune, enfermés voire battus par leur cornac (dresseur). L’éléphant, ne supportant pas la violence, finit par abandonner et se donner entièrement à son cornac. Ils ne réagissent plus aux coups, et leurs yeux sont vides de vie. Sophie Marguery, gérante d’Elephant Steps Chiang Raï précise que « si c’est pour des petits tours, lever la patte… ils ne sont pas forcément traumatisés. Gypsie n’a jamais été traitée comme dans les vidéos que l’on peut voir sur internet avant que je la récupère. Il y a des extrêmes, ça dépend des cornacs. J’en ai eu un il y a quinze jours, il a battu Gypsie donc on l’a viré direct. Après, c’est vrai que ceux qui leur apprenne à peindre, jouer au foot… là ils sont tabassés c’est sûr. »
L’objectif : sensibiliser les touristes
« Je suis une amoureuse des animaux, je ne supporte pas de les voir souffrir », confie Sophie Marguery. Dans sa grande ferme, il y a des animaux partout. Trente-neuf chiens, une dizaine de chevaux, deux cochons… et parmi tout ce petit monde : trois éléphantes : Gypsie, Mélanie et Maenoune. « Je voulais montrer aux gens que l’on pouvait passer une super journée avec les éléphants sans qu’ils soient enchainés et sans nacelles sur leur dos », explique Sophie. Pour cela, elle rachète les éléphants aux cornacs. « Ça coûte extrêmement cher, jusqu’à 20 000€, ils en profitent », ajoute-t-elle.
Cela fait déjà vingt ans que Mélanie, l’éléphante ainée, vit avec Sophie Marguery et son mari. Gypsie est née chez eux et Maenoune est arrivée il y a un an. « J’ai négocié avec ses propriétaires pour l’avoir ici et qu’elle arrête de porter des nacelles », précise la gérante. A force de récupérer tous ces animaux, elle a décidé de créer son association : katpat afin de lever des fonds pour sauver les animaux.
Pour chaque visite à « Elephant Steps Chiang Raï », un pourcentage est reversé à l’association pour la nourriture, les soins, et sauver encore plus d’animaux. Il faut débourser la somme de 70€ pour une journée au cœur de la jungle avec toute la troupe. Cher pour la région mais largement rentable vu le programme de la journée.
Une journée mémorable dans le respect des animaux
Marion, étudiante en Thaïlande pendant cinq mois a testé l’expérience et ne le regrette pas. « J’ai toujours été sensibilisée au bien-être des animaux et je ne voulais pas aller dans un endroit pour voir les éléphants enchainés. Un guide français installé dans la région depuis longtemps m’a parlé de cet endroit et c’était vraiment top. Les éléphants sont en liberté dans leur milieu naturel. Parfois on les perd même de vue et on se balade dans la jungle sans eux. » Sophie Marguery ajoute que « les éléphantes sont en totale liberté toute la journée. Il n’y a que la nuit où on doit les attacher dans la jungle pour ne pas qu’elles aillent détruire les cultures. On les met sur une corde de 10 mètres pour qu’elles puissent bouger quand même. »
Sophie accepte neuf personnes par jour au maximum afin de respecter la tranquillité de ses animaux. « Le matin, une voiture vient nous chercher à notre hôtel pour nous emmener à Elephant Steps », raconte Marion. « On est accueilli avec un petit-déjeuner pendant que Sophie nous présente ses animaux. On donne ensuite le petit-déjeuner aux éléphants puis on part en jungle avec eux. » Il faut alors prendre son mal en patience car un éléphant, ça prend son temps ! Pause baignade, pause bambou, pause tout court… les visiteurs attendent tranquillement que les éléphantes aient fini leur bain de boue ou daignent repartir « On a eu un très bon repas dans la jungle puis on est rentré à la ferme. On s’est ensuite baigné avec Mélanie et Gypsie qui se sont beaucoup amusées à nous arroser ! », se souvient Marion, avant d’ajouter « je recommande cette expérience et plutôt deux fois qu’une ! On vit une super expérience sans participer au business des faux sanctuaires. »
Informations pratiques : Vous pouvez vous renseigner pour rendre visite à Sophie directement sur sa page Facebook
Par Marie Herblot
Le voyage a toujours fait partie de ma vie, je ne tiens pas en place. Après un Master en Histoire Contemporaine, je me suis orientée vers des études de journalisme, mon rêve de toujours. Pour moi, c'était le seul métier qui me permettait de parcourir le monde. En parallèle de mes études, mes nombreux voyages m'ont poussé à ouvrir mon blog qui s'est peu à peu orienté vers le tourisme durable. Que ce soit par la vidéo, la photo ou l'écrit, j'aime passer par le journalisme pour expliquer et montrer comment voyager dans le respect. Aujourd'hui diplômée, je cherche un poste qui corresponde à mes valeurs.
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