Randonnée dans le Val d’Arly : suivez le guide !
Pratique sportive préférée des Français, avec 15 millions d’amateurs, la randonnée pédestre ne présente que des bienfaits… ou presque. Comme toute activité humaine, cette pratique est susceptible, dans des milieux par nature fragiles, d’avoir un impact négatif sur l’environnement.
Pour « randonner responsable » en toute autonomie, mieux vaut donc bien s’informer sur les spécificités du milieu que l’on souhaite découvrir afin de limiter au maximum son impact sur les écosystèmes. En milieu montagnard, faire appel à un accompagnateur professionnel est une garantie supplémentaire, qui permet en outre de découvrir le territoire, son histoire et ses richesses naturelles, avec une personne qui le connaît bien.
Voyageons-autrement vous propose aujourd’hui de suivre Vincent Roquier-Vicat, accompagnateur en montagne depuis 1996, au fil d’une randonnée au cœur du Val d’Arly-Mont-Blanc. En route…
Le rendez-vous est fixé à 9 heures…
On le sait, le touriste n’est pas un animal matutinal… Le soleil estival inonde déjà le Val d’Arly. C’est au hameau « Le Plan », à quelques kilomètres de La Giettaz, à 1 220 m d’altitude, que va démarrer la randonnée. Sur place, le petit groupe d’une dizaine de personnes écoute attentivement les explications et les conseils de Vincent. Bonnes chaussures, sac à dos contenant le pique-nique, lunettes de soleil, appareil photos et bonne humeur : tout le monde est paré pour la randonnée qui durera la journée. Au programme : une montée jusqu’au Grand Croisse Baulet, découvrant un « magnifique panorama » assure Vincent. Le parcours, grâce à son dénivelé de quelque 1 000 mètres, traversera des zones au climat et à la géologie variés, offrant à la découverte une grande diversité paysagère, faunistique et floristique…
C’est parti…
Plutôt silencieux —c’est le matin…— le groupe se met en marche, et emprunte le petit sentier qui s’enfonce et grimpe doucement dans la forêt de résineux et de feuillus. De petites balises illustrées par un Tétras-lyre jalonnent le sentier ombragé. En plein dans une zone d’habitat de cet oiseau au plumage noir, reflets bleutés et crête rouge flamboyant, apanage des mâles, les marcheurs peuvent espérer, avec un peu de chance et de discrétion, en observer aux abords de la limite supérieure de la forêt. En attendant, Vincent explique que le « petit coq de bruyère », son autre nom, est une relique glaciaire, aujourd’hui « en concurrence » avec les skieurs, puisque fréquentant le même milieu… L’occasion d’expliquer les écosystèmes et leur fragilité, toute en douceur et dans la bonne humeur. D’autres animaux partagent les lieux : renards, sangliers, biches, cerfs, marmottes, campagnols, lièvres variables… mais aussi vipères, couleuvres et lézards, nichés dans les myrtilliers. Des bouquetins pourront même être aperçus du côté des Aravis…
En sortie de forêt…
Le panorama s’ouvre : des bouquets de rhododendrons aux odorantes fleurs rose vif égayent la vue, magnifique, avec d’un côté la vallée de La Giettaz, de l’autre celle de Sallanches, et, en fond de panorama, le Désert de Platé. La montée progressive vers le Petit Crosse Baulet, à 2000 mètres d’altitude, se poursuit par la traversée de petites zones humides de tourbières et de « gouilles », nom local donné aux petites mares, explique Vincent. C’est un nouvel écosystème que les marcheurs découvrent, avec tous ses habitants, libellules et autres insectes cachés dans les gerbes de prêle, plante riche en silice utilisée en naturopathie. Les discussions vont maintenant bon train dans le groupe, et l’orchidée « l’homme pendu », en référence à la forme de la fleur évoquant un petit bonhomme pendu, ne manque pas de susciter quelques commentaires… Un peu plus loin, une pause désaltérante sur le sommet du « Petit » Croisse Baulet donne aux randonneurs un aperçu du magnifique panorama qu’ils découvriront 200 mètres plus haut…
Au sommet du « Grand » Croisse Baulet…
L’effort fourni pour atteindre le sommet est vite oublié. Le panorama à 360° qui s’offre au regard est époustouflant : la chaîne des Aravis s’étend d’un côté, si proche que les bouquetins y sont visibles à l’œil nu. De l’autre, la monumentale chaîne du Mont-Blanc s’impose à la vue… Un silence contemplatif s’installe dans le groupe. L’instant est magique, unique… Pour faire durer le plaisir, Vincent propose d’y faire la pause pique-nique, histoire de reprendre des forces tout en profitant pleinement du panorama. Ni une ni deux, les sacs glissent rapidement le long du dos, et chacun s’installe. C’est l’occasion pour Vincent de faire goûter au groupe quelques spécialités locales, tomme et saucisson, tout en évoquant l’histoire de ces sentiers, pour certains disparus, seuls moyens d’accès aux petits villages isolés, et donc préservés pendant très longtemps, du temps où la Savoie n’était pas française et bien après… Si certains sentiers historiques ont disparu, certains subsistent, complétés par d’autres plus récents : 350 km d’itinéraires pédestres balisés maillent le territoire du Val d’Arly, parmi lesquels des sentiers aménagés autour de thématiques, dans un axe pédagogique, comme la saisonnalité, la faune des Tourbières, l’eau…
La découverte continue…
En fin de repas, une petite gorgée de « sapinette », une gnôle faite maison à base de bourgeons de sapins, fait sentir ses vertus « digestives »… Au moment de repartir, un Gyapète Barbu fait son apparition dans les airs, au loin, pour le plus grand bonheur des marcheurs. C’est une chance de pouvoir apercevoir ce vautour, à l’envergure impressionnante de 2 mètres 80 : un seul couple est présent au sein de la chaîne. La randonnée reprend, offrant une vue dégagée sur toutes les montagnes environnantes : Chaîne des Fiz, Mont-Blanc, Glacier du Tour, Aiguille du Chardonnet, Aiguille d’Argentière… Un passage par la Cabane du Petit Pâtre, puis, quelques kilomètres plus loin, un arrêt à la ferme de Pététry pour goûter une succulente tomme, permettent à Vincent d’évoquer la culture agropastorale du territoire.
Le petit sentier longeant la rivière Arrondine, affluent de l’Arly, sur plusieurs kilomètres permet aux marcheurs de rallier leur point de départ, dans la fraîcheur et le bruit de l’eau… La randonnée se termine. Chacun remercie sincèrement Vincent. Les marcheurs se quittent, avec un regard différent sur la montagne, sa faune, sa flore, sa culture…
Vincent Roquier-Vicat fait partie du groupement d’accompagnateurs en montagne Art’itude.
Pour aller + loin
Toutes les infos sur les randonnées pédestres dans le Val d’Arly, ici
Contacts accompagnateurs-trices, l’annuaire
Sur le métier d’accompagnateur-trice en moyenne montagne, le site de l’ONISEP et de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade
Pour randonner responsable, le guide
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