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Faux départ

| Publié le 23 octobre 2022
             

Il est des vacances qui sonnent comme des faux départs, des élans interrompus, des rendez-vous manqués. Deux années de crise sanitaire, un confinement, des pays qui se ferment, et autant de voyages soigneusement préparés qui sont restés à l’état d’ébauche, de projection, de sidération parfois. Si beaucoup ont pu se faire rembourser une partie des frais, la déception et l’envie de repartir est parfois entachée par la complexité de retrouver l’élan de tout reprendre à zéro. Ou pas.

Repartir assuré et rassuré…

Natacha et Christophe avaient tout prévu, tout préparé, tout pensé. Les billets pour Tokyo avaient été acheté auprès de la compagnie aérienne la plus compétitive, les dates du départ s’étaient calées pour intégrer un grand festival à Nikko, la fleuraison des cerisiers et les premiers hanami (pique-nique nippon) au cœur des parcs. Natacha avait pris un an de cours de japonais pour s’assurer un minimum d’échanges avec les nippon-san. Toute la famille s’était serrée la ceinture pendant une année, moins de vacances, moins de folies, tout était tendu vers cet horizon du printemps 2020, vers cette date du 17 mars…. On connait la suite, un coronavirus qui se meut peu à peu en covid, un confinement, et l’ensemble des flottes du monde entier bloquées au sol, fini le rêve japonais, les onsens, kaiseki et autres riokans. Back to Paris. Entre quatre murs. Et début de la galère pour se faire rembourser les factures déjà réglés, les acomptes, les avances, et autres anticipations aventureuses. Natacha : « On ne m’y reprendra plus. Quelque soit les prochaines circonstances, je ne repars plus sans assurance vacances ». Pour l’heure, la famille se remet peu à peu de sa déception, mais elle repartira, c’est sûr.

Voyager avec Adeo
A la rencontre des Japonais(e)s@DR

Repartir différemment

Sandrine et Cannelle se voyait déjà sur cette plage de Tunisie, à siroter un thé vert bien sucré avant de filer dans les vagues. Certes, ce n’était pas le voyage de leur vie mais une parenthèse bien méritée après une année éprouvante à travailler d’arrache-pied. Le vol était prévu le 20 mars, le jour de l’anniversaire de leur fille Léontille, qui rêvait déjà de ces vacances en club où elle allait pouvoir paresser toute la journée au bord de la piscine pendant que ses mamans écumeraient les souks et les marchés. …. On connait la suite, un coronavirus qui se meut peu à peu en covid, un confinement, et l’ensemble des flottes du monde entier bloquées au sol, fini les vacances au soleil, la balade en dromadaire, les soirées à danser sous les sunlights et les buffets gargantuesques. Back to Paris. Entre quatre murs. Et début de la galère pour se faire rembourser les factures déjà réglés, les acomptes, les avances, charge mentale et papier à remplir en prime. Sandrine : « Le confinement a quand même eu cela de bon, qu’il a fonctionné comme un déclic pour moi. Je me suis vu, soudain, alliant low cost, club, bulle dans la bulle, pour un pays qu’au fond je n’aurais pas vraiment vu. Dorénavant ce sera train et vacances en France. Après tout, les plages du sud-ouest ne sont pas mal non plus. » L’an prochain, Sandrine et Cannelle partiront à Port-la-Nouvelle. Elles danseront place St Charles et Léontine pourra continuer à paresser sur la plage pendant que ses mamans écumeront le marché ou les sentiers de l’Ile Sainte-Lucie.

Repartir à zéro

Emma et Daniel avaient prévu de partir randonner sur les chemins de St Jacques de Compostelle. Emma avait acheté une carte IGN et repéré l’ensemble du parcours, réservé les gites, épuisé l’ensemble des rayons du vieux campeurs entre gourdes, chaussures, capes de pluie et lampe frontale. Daniel s’était laissé porter en se projetant avec bonheur étape après étape sur ces sentiers du GR65. La date du départ avait été fixé au 23 mars, pour éviter les vacances scolaires et pouvoir bénéficier de tarifs attractifs sur Sncf connect quand le site voulait bien se laisser dompter. On connait la suite, un coronavirus qui se meut peu à peu en covid, un confinement, et la planète entière qui réalise que l’on respire tellement mieux quand l’ensemble des flottes du monde entier sont bloquées au sol. Tant pis pour la randonnée cette fois, back to Paris. Entre quatre murs. A s’évader autrement en un coronatour quotidien à faire le tour du quartier, vidé, fermé, parqué, le temps d’une heure comptée, autorisation en poche et rêves en bandoulière. Mais on repartira, une autre fois, un autre rythme, toujours plus lentement, toujours différemment, toujours le nez au vent. Toujours.

1200 kilomètres à pied avec sa maman, ça vous forge une enfance

Faux départ | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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