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Et si le coronavirus était le meilleur ami de Greta Thunberg…

| Publié le 3 mars 2020
             

Greta Thunberg en rêvait, le coronavirus l’a fait. Alors que  le monde du tourisme est aux prises avec de nombreux débats liant changement climatique et transport aérien, compensation carbone et énergies renouvelables,  le coronavirus met tout le monde d’accord et cloue peu à peu l’ensemble des flottes aériennes au sol. Certes, tout cela est temporaire et le monde n’est pas encore prêt à une transition aussi brusque mais face à la psychose qui s’installe peu à peu dans nos pays, il est intéressant de regarder, aussi, les aspects positifs d’un virus dont la propagation interroge nos modes de vie et nos consciences.

Quand le sage montre le ciel, l’homme inquiet regarde son voisin

Quand on sait qu’un habitant de Wuhan n’a quasiment jamais vu de ciel bleu ni imaginé sa ville autrement que résonnant de mille bruits, on se dit que l’on s’habitue à tout, aux pollutions visuelles, sonores, olfactives et à bien d’autres nuisances encore. Alors, face à des villes de plus en plus saturées où la course prend le pas sur la raison, ou les bourses dictent leurs lois et où l’homme tente vainement de suivre ce rythme effréné qui souvent le détruit, le coronavirus pourrait bien être le poil à gratter nécessaire pour nous faire prendre conscience que d’autres modèles sont possibles, mais surtout, que la planète étouffe et n’en peut plus de nos modes de vie accélérés. Car, depuis qu’il s’étend, depuis qu’il oblige les hommes à en confiner d’autres dans des espaces restreints, depuis qu’il paralyse en partie les transports, depuis qu’il annule les rassemblements publics, le covid-19 semble comme tirer le rideau d’une nouvelle planète ou plutôt, de mondes que l’on avait oublié, quand les oiseaux se remettent à chanter et que la faune et la flore s’ébrouent, comme réveillés d’un mauvais rêve.

coronavirus chine pollution
Coronavirus en Chine: images de la Nasa montrant la chute spectaculaire de la pollution

En ce sens, les observateurs de la Chine se souviennent peut être de cette anecdote où, au moment de la course à l’obtention des JO de 2008, les autorités de Pékin avaient demandé à toutes les usines de s’arrêter pour assurer le ciel le plus bleu possible pendant la visite du CIO. Pendant ces quelques jours hors du temps, l’activité reprenait au cœur de la nuit, et certains s’étonnaient de ces courbes d’énergie qui bondissaient entre 3h et 4h du matin. C’est qu’il fallait rattraper ! Un ciel bleu, ça se paye ! Quinze ans plus tard, ce n’est pas le CIO qui arrête les usines, et bien plus encore, mais le coronavirus, cet ennemi insidieux, incolore, inodore, invisible, qui s’attaque à la mondialisation et à nos modes de vie. Alors, ne faudrait-il pas en tirer quelques enseignements ?

Un virus bon pour le climat et la biodiversité

Car à toute chose, malheur est bon, et le coronavirus n’y échappe pas, véritable révélateur d’un monde qui va dans le mur à force de trop coller à des exigences de développement sans limites. Alors, sans se réjouir, il faut malgré tout apprendre à voir ce que le coronavirus a à nous dire. Et déjà, certains articles pointent du doigt la chute spectaculaire de la pollution chinoise suite à des images réalisées par la NASA sur deux périodes, en janvier, avant les mesures de confinement, et en février, suite aux mises en quarantaine et aux restrictions dans les transports, dans les entreprises, etc. Entre ces deux périodes, la chute des taux de dioxyde d’azote est clairement identifiée, notamment dans le nord de la Chine. D’après un article paru le 2 mars dans le Huffington Post, « les taux de dioxyde d’azote étaient supérieurs à 500 µmol/m2 en janvier, puis inférieurs à 125 µmol/m2 en février. » Une baisse également notée dans d’autres villes telles Shanghai, Chongqing, Hong Kong ou Chengdu. Le même média signale une étude du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), basé en Finlande, publiée le 19 février par Carbon Brief, qui préciserait que le covid19 aurait réduit les émissions de CO2 du pays d’au moins un quart entre le 3 et le 16 février, une baisse équivalente à 6% des émissions mondiale sur cette période.

Autre effet positif du coronavirus, cette mesure prise par Pékin qui a annoncé le 24 février dernier l’interdiction complète du commerce et de la consommation d’animaux sauvages suite à la suspicion d’une origine animale de l’épidémie de Covid-19, qui aurait été transmise par le pangolin, petit mammifère déjà menacé, très prisé pour sa chair mais aussi ses écailles, utilisées dans la pharmacopée chinoise. Dans un pays où la consommation d’animaux sauvages (serpents, chauve-souris, etc.) est légion, cette mesure pourrait aider tous ceux qui luttent contre les trafics d’animaux sauvages, d’autant que d’après le WWF, ce trafic est estimé à plus de 15 milliards de dollars par an au niveau mondial. Evidemment, cette interdiction ne sera pas simple à faire respecter mais elle reste envers et contre tout une bonne nouvelle pour la biodiversité et les écosystèmes naturels.

Papillon - Costa Rica
Papillon – Chouette © Robert Warrington

La bourse ou la vie ?

Car que souhaitons-nous pour  nous-mêmes, nos enfants, nos proches ? Un monde qui va toujours plus vite, plus fort, au risque de s’effondrer d’une façon ou d’une autre dans un futur qui se rapproche, ou un monde plus raisonné, qui sait entendre et écouter au-delà des messages alarmistes et des psychoses ambiantes ? Aujourd’hui c’est le coronavirus, hier une inondation sans précédent, avant-hier une canicule meurtrière, un tremblement de terre, de mer, de ciel, sans compter tous ces systèmes mis en place par l’homme qui menacent d’imploser. Quid d’un grand bug informatique mondial qui mettrait à mal l’ensemble des serveurs de la planète ? L’interrogation n’est pas nouvelle, mais une fois de plus, le coronavirus pose la question de la vulnérabilité, notre vulnérabilité face à un monde et une planète que l’on a bien malmené et qu’il faudra peut être apprendre un jour à réinventer. Alors, serons-nous capable d’entendre ce nouveau cri d’alarme ? Tirerons-nous les enseignements d’un ciel bleu et d’une ville silencieuse ou bien la fureur de vivre reprendra-t-elle de plus belle ? A l’heure où nous sommes tous déjà touchés par un virus pris dans les mailles de la mondialisation et de la surinformation, pourquoi ne pas essayer d’en profiter pour entrevoir d’autres réalités, d’autres possible, d’autres façons d’imaginer le monde. C’est toujours agréable à penser…

Les actions pour contrer le changement climatique, c’est maintenant!

Et si le coronavirus était le meilleur ami de Greta Thunberg… | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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