« Destination 2075 » : imaginer le voyage de demain avec Nomade Aventure !
Quel est le point commun entre une éthologue, un astronaute, un écrivain de science-fiction, un géographe et un raconteur d’histoires ? Tous étaient présents en cette matinée du mardi 16 septembre sur la péniche India Tango de Gérard Feldzer à l’invitation de l’agence Nomade Aventure. Objectif : célébrer les 50 ans de l’agence par un clin d’œil du passé au futur en lançant « Destination 2075 », un site web rassemblant les textes, nouvelles et vidéos de 21 contributeurs experts soigneusement choisis autour de sept thématiques visant à penser le voyage du futur. À l’issue d’une matinée riche en témoignages peu communs, les journalistes et personnes présentes sont repartis avec une capsule temporelle qu’ils pourront enterrer dans leur jardin afin de léguer à leur tour à la science et à leur descendance leur vision du voyage en 2075.

Un site web pour penser le voyage du futur et nourrir la réflexion
« Ce travail n’a pas la prétention de faire de la prospective scientifique. Vous trouverez sur le site des nouvelles très drôles, d’autres plus sombres. L’objectif global est de créer du débat (…). Les auteurs ont eu carte blanche pour s’exprimer. » Directeur général de Nomade Aventure, Fabrice Del Taglia est le chef d’orchestre de cette matinée et surtout l’initiateur de ce projet qu’il a eu plaisir à porter pour marquer les 50 ans de sa marque. Concrètement, le site web rassemble 23 textes et 5 vidéos réalisés par 21 contributeurs experts issus de champs extrêmement variés : le spécialiste du climat François Gemenne mais aussi la juriste Marie Calmet, les astronautes Michel Tognini et Jean-Pierre Haigneré, les écrivains Jacques Attali, Hubert Prolongeau, Laurent Genefort, le géographe Rémy Knafou, etc.
Leurs contributions sont organisées sous sept thématiques répondant toutes à une question précise : En 2075, pourrons-nous encore voyager loin ? Hors des sentiers battus ? À la rencontre de la faune sauvage ? Les tourismes – virtuel, sous-marin, spatial – auront-ils pris leur essor ? La carte des destinations aura-t-elle changé ? L’idée, créer du débat, mais aussi, associer les lecteurs et voyageurs à ces échanges en les invitant à donner leur point de vue en ligne en postant un commentaire, un petit article, un témoignage, etc. Nomade Aventure espère recueillir le plus de contributions possible jusqu’à une date précise, la mi-décembre, qui conclura la phase participative par un tirage au sort permettant de gagner un bon d’achat de 15 000 €. Fabrice Del Taglia : « Les textes recueillis permettront de nourrir notre réflexion et de voir les orientations, les désirs, les états d’esprit de nos clients et des gens qui seront allés voir le site. »

Deux témoignages en forme d’avant-goût
Ils étaient donc une poignée d’experts invités en cette matinée du 16 septembre pour donner corps à ce nouveau site et surtout à cette réflexion sur l’avenir du voyage à horizon 2075. Nous avons retenu deux témoignages dont voici quelques extraits légèrement repris et résumés ; autant de regards sur le voyage de demain.
Sur la poursuite du tourisme animalier, Valérie Valton, éthologue et créatrice de voyages dans le respect de la faune :
« Depuis 15 ans, je parcours la planète et crée des liens entre les hommes et les cétacés, avec cette question : comment mieux cohabiter avec eux tout en continuant à en profiter ? Le constat est clair : le tourisme animalier est trop souvent une véritable source de maltraitance.Nous avons un besoin fondamental de transformer le regard porté sur l’animal, trop souvent considéré comme un objet, une source de spectacle et de consommation. Si nous voulons que cela change, le tourisme animalier doit retrouver son sens en devenant un outil de rapprochement entre l’humain et la nature, en intégrant l’idée qu’elle fait partie de nous. Cela suppose d’accepter que « le lointain » ne nous appartient pas. Trop souvent, on adopte une logique du type « pas chez nous, pas grave ». Or, voyager à l’étranger devrait être comme être invité chez quelqu’un : on participe, on jardine avec lui.
En 100 ans, nous avons perdu 50 % de la faune sauvage, un tiers des cétacés est aujourd’hui menacé d’extinction, tandis que l’on assiste à une explosion du tourisme de la nage avec les mammifères marins. Il y a là un vrai conflit. Le tourisme doit donc devenir la solution, un vecteur de soutien au bien-être animal et à la conservation des espèces. C’est dans cette logique que j’ai créé l’association Splendeur Nature, qui propose des excursions responsables et s’occupe directement des problématiques de conservation. L’idée est aussi de créer un nouveau marché faisant en sorte que le problème du tourisme soit résolu par le tourisme.
Concrètement, cela passe par des projets qui impliquent directement les voyageurs, par exemple de la collecte de données ou des actions contribuant à la conservation. L’univers scientifique peut être d’une grande source d’intérêt. Pour les voyageurs, il représente une source de connaissances et d’utilité. Le voyage du futur devra donc être immersif : on ne voyage plus seulement pour découvrir, mais aussi pour être utile. Cet avenir passe par les populations locales, qui sont les premiers gardiens de leurs trésors nationaux. Nous allons donc sortir de l’ère du simple « prendre une photo », pour entrer dans une ère de voyages immersifs, collaboratifs, participatifs et, au minimum, respectueux.

Quel avenir pour le tourisme spatial, aura-t-il pris son essor à l’horizon 2075 avec Jean-Pierre Haigneré, ancien pilote de chasse, pilote d’essai et astronaute :
« Le tourisme spatial a commencé en 1999, à l’époque de l’écroulement de l’Union soviétique. Il est alors lié au besoin de la station Mir de retrouver des ressources pour continuer ses activités. La Station a l’idée étonnante de faire voler un milliardaire anglais prêt à payer 35 millions de dollars dans des conditions de sécurité assez ubuesques. Le personnage en question s’avérera finalement être un escroc et en avril 2001, le premier touriste de l’espace est finalement l’Américain Dennis Tito, à bord de la mission Soyouz TM-32 pour un montant de 20 millions de dollars payés à l’agence spatiale fédérale russe.
On est donc passé des explorations scientifiques à une ouverture au marché du tourisme avec les évolutions et dérives que l’on connaît à présent, Elon Musk promettant d’envoyer des milliers de personnes sur mars contre rétribution… On observe aussi à Miami, via la Space Coast et le Kennedy Space Center (1,7 million de visiteurs par an !), un tourisme basé sur les sensations, les premières expériences des astronautes… Il faut toutefois faire la différence entre les vols suborbitaux (1er vol avec Richard Branson en 2021), véritables gouffres écologiques, aujourd’hui sous l’égide de Bezos et de Musk avec tous les risques que cela comprend (collisions, débris, manque d’arbitrage mondial et de réglementations, etc.) et la possibilité de s’élever à 20 km dans l’atmosphère, ce qui reste raisonnable et intéressant (une société française va développer un ballon en ce sens). Quant à l’espace avec un grand E, « on peut se demander quel va être le marché pour ces stations, le nombre de milliardaires n’est pas infini, le marché pas consolidé. À mon sens, c’est un effet de mode, une bulle qui va vite se dégonfler.

En guise de conclusion
Quant aux contributions et témoignages des autres participants experts, mais vous avez à présent le site « Destination 2075 » pour aller les lire, visionner, commenter, etc. Personnellement je suis très curieuse de découvrir les deux nouvelles de l’auteur de science-fiction Laurent Genefort, qui a imaginé des univers où le tourisme de masse et les transports lointains ne sont plus qu’un vague souvenir ; mais aussi un récit où un village grec saturé par le tourisme décide de se déréférencer. De là à ce que la réalité rejoigne la fiction…. Bonnes lectures !

Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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