Amazigh Trekking, artisan du voyage solidaire au Maroc depuis 10 ans
Fruit d’un véritable coup de foudre entre un pays, sa culture, ses paysages, et une baroudeuse passionnée de rencontres et de découvertes, l’association Amazigh trekking a vu le jour en juillet 2008, dans un petit village de l’Isère. Depuis 10 ans, les bénévoles de l’association mettent au service des voyageurs leur grande connaissance du Maroc afin de concevoir des séjours sur mesure, hors des grandes routes touristiques et toujours à la rencontre de la population locale. Ils ont déjà permis à près de 1800 voyageurs de partir à la découverte de l’extraordinaire culture des berbères marocains, lors de voyages à pied ou à vélo. En parallèle, l’association a également mis en place en partenariat avec les habitants, de nombreux projets d’aide au développement pour ces vallées reculées du Haut-Atlas.
Rencontre avec la pétillante Florence Richetto, fondatrice et présidente d’Amazigh Trekking.
VA : Bonjour Florence, pouvez-vous nous expliquer comment passe-t-on du statut de grande voyageuse à celui de présidente d’une association de tourisme solidaire?
« Comme souvent dans la vie, la naissance de cette association, a d’abord été une histoire de rencontres. Rencontre avec un pays, ses habitants, sa culture. Il y a 35 ans, j’ai passé un mois au Maroc dans le cadre de mes études de sociologie. J’avais eu un coup de cœur pour ce pays et je m’étais toujours dit que j’y reviendrais. En 2007, j’intervenais dans une petite association de botanique, nous formions les gens à utiliser les huiles essentielles et nous envisagions d’organiser un voyage au Maroc autour des plantes médicinales. Je me suis mise à la recherche d’un guide sérieux pour nous accompagner. Lors d’un séjour dans le désert, j’ai rencontré un jeune guide, fraichement diplômé de l’école de Tabant ,dans la vallée des Ait Bougmez, une vallée du Haut-Atlas Central perchée à 2000 mètres d’altitude au pied du M’Goun. Il parlait peu le français et était plutôt timide et effacé mais j’ai senti un grand potentiel en lui. L’été suivant, j’ai rassemblé 7 personnes pour réaliser l’ascension du M’Goun, sommet du Haut Atlas Central, qui culmine tout de même à 4068 mètres d’altitude. J’ai eu l’idée de réaliser, pour chaque membre de notre petite expédition, des tee-shirts à l’effigie du drapeau berbère composé de trois couleurs, jaunes, vert, bleu, et du « Yaz » qui est la lettre « Z » berbère qui signifie l’Homme debout, l’Homme libre…Amazigh Trekking était née! »
VA: Qu’est-ce qui fait la spécificité des voyages Amazigh Trekking ?
« Je dirais que notre première spécificité est de concevoir des séjours personnalisés qui ont du sens. C’est une notion qui a beaucoup d’importance pour moi. Je souhaite que les voyageurs qui partent avec Amazigh Trekking n’aillent pas « faire » le Maroc, comme on l’entend souvent dans la bouche de consommateurs de séjours mais qu’ils aillent à la rencontre d’un pays, des hommes et des femmes qui le peuplent, de leurs traditions et de leur culture. Se rendre compte que d’autres modèles de société existent, être capable de regarder ces traditions sans jugement de valeur, ouvrir son esprit, laisser de la place pour l’étonnement, l’émerveillement, voici ce que nous recherchons. Nous sommes une toute petite structure composée uniquement de bénévoles. Au Maroc l’équipe locale est constituée d’un guide, d’un cuisinier et de quelques muletiers, cela renforce le côté « familial » de nos voyages. Avant d’envoyer des gens à la découverte du désert ou des villages de l’Atlas, je rencontre ou bien j’ai au téléphone chaque participant. J’essaye de cerner au mieux leur niveau physique, leurs souhaits et les envies de chacun afin que le voyage réponde au mieux à leurs attentes. »
VA: Quels types de séjours proposez-vous ?
« Depuis 10 ans, nous faisons en sorte de proposer des séjours adaptés à tous: notre plus jeune voyageur avait 3 ans et le plus ancien 86 ans! Du séjour famille d’une semaine dans le désert en passant par une traversée intégrale du Haut-Atlas Central en trois semaines de marche ou bien un séjour de Yoga le long de la côte Atlantique, chez Amazigh Trekking, il y en a pour tous les goûts et pour tous les niveaux. Notre ADN restant bien sûr la rencontre avec la population et la volonté de s’écarter des sentiers trop fréquentés. Khalid, diplômé de l’école des guides de Ouarzazate, accompagne désormais tous les voyageurs d’Amazigh Trekking. Il a reçu une formation « maison » aux pratiques du tourisme solidaire.
VA: Vous vous définissez comme les artisans d’un tourisme responsable, équitable et solidaire et Amazigh trekking est membre de nombreux réseaux de tourisme solidaire (CADR, le réseau rhônalpin DéPart). Comment cela se traduit-il concrètement sur le terrain et quelle est votre vision du tourisme solidaire ?
« Notre association est signataire de la charte pour la terre et l’humanisme du mouvement Colibris de Pierre Rabhi. Nous essayons, à notre petite échelle de faire notre part de colibri. Concrètement, nous travaillons en direct avec notre équipe locale, il n’y a aucun intermédiaire et les hommes sont rémunérés équitablement. Nous voyageons en petits groupes, nous privilégions au maximum la rencontre avec les habitants, les échanges de savoirs et de savoir-faire. Nous sommes très vigilants quant à la gestion de nos déchets et nous optons pour consommer local en achetant nos denrées sur les marchés et directement chez les producteurs. De plus, 3% du montant de chaque voyage est reversé dans notre fond de développement. Pour moi, le tourisme solidaire, ce n’est pas la charité. Malheureusement, sur le terrain, on assiste souvent à des dérives. Je ne veux pas organiser des collectes puis distributions de vêtements, cahiers, bonbons ou de stylos au hasard des sentiers. Notre objectif est de travailler avec les populations locales, d’écouter leurs besoins et de les impliquer dans les projets. C’est un véritable partenariat. Les projets sont soumis par les habitants puis ils sont étudiés par notre commission projet. Ensuite nous essayons de remuer ciel et terre pour faire en sorte qu’ils aboutissent. »
VA: Justement, en 10 ans, quels sont les projets de développement qui ont été mis en place par Amazigh Trekking ?
« Nos actions sont principalement orientées vers l’éducation, la formation, l’appui technique et la protection du patrimoine rural. Nous avons, entre autres, soutenu une coopérative de femmes qui produisent de l’huile d’argan du côté d’Essaouira. Nous avons aidé à la maintenance mécanique et électrique des machines, aidé les ouvrières à diversifier leur production, fait de la promotion pour leurs produits, organisé un réseau de distribution et participé à la formation de l’institutrice de l’école maternelle de la coopérative. Nous avons par exemple participé à la rénovation d’un ancien bâtiment dans les Ait Bougmez pour créer un espace éducatif. Actuellement nous travaillons sur un projet de grande ampleur: la création d’une piste pour désenclaver un village dans le Haut-Atlas Central et ainsi permettre le développement économique de cette région tout en luttant contre l’exode rural des plus jeunes. »
VA : Florence, vous qui avez sillonné le Maroc de long en large depuis ces 10 dernières années, avez- vous une région coup de cœur?
« Difficile de choisir parmi toutes les beautés de ce pays…mais je dois avouer avoir un faible pour le massif du Djebel Sarho. C’est pour moi un lieu sauvage et magique rempli d’histoire. C’est le territoire des Ait Atta, les derniers nomades du Maroc. Ce sont des gens qui ont un amour immense pour leur terre et qui se battent pour préserver leur culture et leurs traditions. »
VA: Après ces 10 années d’existence quels sont les projets pour votre association ?
« Nous allons nous ouvrir à de nouvelles destinations. Il sera possible en 2019 de partir en Palestine avec Amazigh Trekking, je suis également partie récemment en reconnaissance en Tunisie et nous proposerons des voyages dans le désert blanc tunisien au printemps prochain. C’est un désert très habité, très différent de celui du Maroc. Bref, je suis toujours à la recherche de nouvelles pépites pour mes voyageurs. »
Site internet : www.amazigh-trekking.com
Mail : contact@amazigh-trekking.com
Mobile France : 0033 (0)6 23 32 33 14
Par Caroline Dudziak
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