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À la ville comme en vacances, vers la fin de la voiture personnelle ?

Pour lutter contre la pollution de l’air, le réchauffement climatique et offrir un cadre de vie plus agréable à leurs concitoyens, de nombreux maires de grandes métropoles européennes prennent des mesures visant à bannir les voitures des centres de leurs villes. Ces initiatives – souvent très controversées – remettent en question le modèle individualiste de la voiture personnelle auquel nombre de français sont attachés, si l’on en juge par les dernières statistiques des immatriculations de voitures neuves (+13,73 % en octobre 2017 par rapport à octobre 2016, chiffre annoncé par le comité des constructeurs français d’automobiles). Pourtant, un peu partout en France et en Europe, les expérimentations de mobilité alternative se multiplient et les résultats sont encourageants. Mais qu’adviendra-t-il à ce nouvel urbain éco-mobile lorsqu’il souhaitera aller respirer l’air encore plus pur de la campagne ? Car si se déplacer en ville sans sa voiture semble un objectif facilement atteignable, les déplacements liés aux loisirs et aux vacances sont bien souvent corrélés à la possession d’une voiture personnelle. Mais dans le domaine de l’écomobilité, les professionnels du tourisme ne sont pas en reste. Là encore les initiatives, innovations et stratégies d’adaptation ne manquent pas. Alors bientôt tous mobiles et sans voiture ? Petit tour d’horizon d’une tendance qui pourrait bien se transformer en une véritable révolution de nos modes de déplacement dans les années à venir.

L’écomobilité, le nouveau défi des grandes villes européennes

L’écomobilité ou mobilité durable est une politique de gestion et d’aménagement du territoire qui favorise des moyens de transport jugés plus propres, plus sûrs et plus respectueux de l’environnement que la voiture individuelle (essence ou diesel) : trains, bus, taxis, tramways, covoiturage, autopartage, voitures électriques. Elle englobe également la mobilité douce, c’est-à-dire toute forme de transport non motorisée : la marche, le vélo, la trottinette ou bien encore les rollers.

Bien avant la COP21, en 2003, Ken Livingstone, alors maire de Londres avait décidé l’instauration d’un péage urbain pour accéder au centre-ville. Près de 15 ans plus tard, la pollution de l’air à Londres reste toujours un important problème de santé publique et l’actuel maire, Sadiq Khan, vient d’instaurer, en novembre dernier, une nouvelle taxe baptisée « toxic charge »pour les véhicules les plus polluants. La Mairie de Paris, a, quant à elle, annoncé « la fin des voitures à essence dans Paris dès 2030 ». Des mesures comme la récente piétonnisation des berges de la rive gauche de la Seine ou bien encore la modification du plan de circulation du centre-ville de Grenoble, par la municipalité à majorité écologiste sont pourtant bien loin de faire consensus au sein de la population. Des collectifs de citoyens se forment même pour s’opposer à ces mesures en arguant que les maires empêcheraient certains travailleurs comme les artisans, commerçants ou professions libérales d’accéder à leur lieu de travail et n’auraient pour seul but que de créer une ville idéale pour bobos oisifs.

Le défi, pour ces maires ayant déclaré la chasse à la voiture individuelle est donc bien de proposer à leurs concitoyens des solutions alternatives. L’intermodalité, qui consiste à combiner plusieurs modes de transports durables et/ou relevant de la mobilité douce apparaît comme la clef de voûte de la mise en place de l’écomobilité. Dans une récente interview accordée au journal Le Monde, Endre Angelvik, vice président chargé des service de mobilité de Ruter (transports publics de la région d’Oslo) explique comment sa société souhaite abandonner la notion de transport public et se lancer dans « la mobilité comme service » avec pour objectif de supprimer la voiture personnelle. Il développe l’idée d’un service numérisé qui éliminerait les soucis de transport de la vie quotidienne, qui prendrait en charge tous les problèmes de logistique, réveillerait par exemple 10 minutes plus tôt un usager en cas de forte perturbation du trafic et lui offrirait l’accès à divers modes de déplacement moyennant un abonnement forfaitaire mensuel pour l’utilisateur. Utopie irréaliste? Peut-être pas, à en juger par les différentes expériences invitant les usagers à laisser leur voiture au garage qui se développent un peu partout.

Bordeaux est une des villes françaises qui a participé à l’opération #Sansmavoiture organisée par la MAIF et Koolicar

Des expériences « sans voiture » plutôt concluantes

Depuis 2015, la MAIF, quatrième assureur automobile français et Koolicar, plateforme de location de voitures entre particuliers, ont lancé dans différentes grandes villes françaises (Bordeaux, Niort, Dijon,Grenoble) l’opération #Sansmavoiture. Il s’agit pour les particuliers volontaires de laisser leur voiture au garage pendant deux mois et d’opter pour des solutions alternatives de transport. La MAIF prend en charge la cotisation d’assurance des participants pendant le défi, ils bénéficient également de la gratuité dans les transports en commun et de réductions sur l’autopartage. Le bilan du dernier défi qui a eu lieu à Bordeaux en 2017 est assez impressionnant: à l’issue de l’expérimentation, seuls 15% des participants étaient certains de garder leur véhicule et de continuer à en avoir un usage exclusif et personnel. Les autres ont décidé de revendre leur voiture ou de la partager avec d’autres utilisateurs. Pascal Demurger directeur général de la MAIF ne s’inquiète pas d’une future baisse du parc automobile français (et donc par conséquence de la perte de contrats d’assurances!). Il déclarait à ce sujet dans une interview accordée au journal 20 minutes en mai dernier : « Cette évolution vers de nouvelles formes de mobilité, moins axées sur la propriété et davantage sur l’usage, aura lieu de toute façon. Je préfère que la MAIF l’accompagne plutôt que d’en rester spectatrice ou victime.» . Les participants bordelais participant à l’opération dépensaient en moyenne pour leur voiture, 4800 euros par an pour 11 000 kilomètres parcourus (carburant, entretien et assurance inclus). Une somme qui peut en effet faire réfléchir à l’intérêt de posséder une voiture. L’argent libéré par le non-achat d’une voiture pourrait d’ailleurs conduire nombre de gens à voyager davantage…mais au fait, est-il possible de voyager- facilement- sans voiture personnelle ?

Des professionnels du tourisme déjà à l’heure de l’écomobilité

Bien avant que Londres, Paris ou Oslo ne soient vidées de leurs voitures, bon nombre de professionnels du tourisme ont déjà réfléchi à la façon de faire coïncider découverte touristique d’un territoire et mobilité douce. En 2011 déjà, le réseau des Grands Sites de France (RGSF), qui regroupe 41 sites remarquables en France accueillant chaque année plus de 32 millions de visiteurs, proposait aux visiteurs une « escapade nature sans voiture ». L’ambition de RGSF est de montrer qu’il est facile d’explorer les multiples facettes des Grands Sites en utilisant exclusivement des modes de déplacements doux (vélo, train, marche à pied, bateau…). Pour le prouver, Pierre, un « escapadeur » amateur de beaux paysages, se rend dans différents sites depuis son domicile en région parisienne, sans jamais utiliser sa voiture. Le récit et les détails pratiques de ses escapades sont à retrouver dans ses carnets de voyage consultables sur le site des escapades. Le projet « escapade nature sans voiture » porté par le Réseau des Grands Sites de France a d’ailleurs été nominé aux Palmes du tourisme durable dans la catégorie « Territoires et Destinations »

En 2013 en Baie de Somme, professionnels et structures publiques s’alliaient pour développer l’écomobilité touristique.

Dans le même esprit, plus récemment, les Gîtes de France du Morbihan ont développé un site qui invite le voyageur à venir vivre « L’aventure sans ma voiture » . L’internaute crée son propre carnet de voyage à partir de ses goûts et le site lui suggère différentes idées d’activités à réaliser non loin de son lieu d’hébergement et en utilisant des moyens de locomotion alternatifs.

Le réseau Alpine Pearls, qui regroupe 25 lieux de vacances dans les Alpes, propose lui aussi à ses clients d’opter pour une mobilité douce. Alpine Pearls offre même « une garantie de mobilité » aux visiteurs sans voiture.

L’association Mountain Wilderness promeut depuis de nombreuses années la mobilité douce en montagne. Ces réflexions ont donné naissance au site Changer d’approche qui propose plus de 15 000 itinéraires de montagne accessibles en transports en commun. Il y en a pour tous les goûts : randonnées pédestres, à raquettes, à skis, alpinisme, voies d’escalades et même parapente.

Même les « blogueurs voyage » s’y mettent. A l’instar de Mali, du blog « Un pied dans les nuages » qui a créé la page facebook #TeamSansVoiture pour inciter les particuliers à échanger autour de leurs expériences de vacances sans voiture.

En 2017, se déplacer, en ville, comme en vacances, sans sa voiture personnelle est donc possible. La révolution de la mobilité n’a pas encore eu lieu mais elle est en marche…Les solutions d’écomobilité existent et elles sont abondantes : transports publics, vélos en libre service, covoiturage, autopartage. Pour l’heure, c’est à celui qui veut se déplacer d’un point A à un point B de faire coïncider l’utilisation de ces modes de transports alternatifs et cela reste, suivant les lieux, un peu fastidieux. Mais si les pouvoirs publics s’emparent de la question et développent des applications permettant de garantir et de faciliter la mobilité de tous les usagers, le mouvement pourrait s’accélérer. Comme dans beaucoup de domaines au sein de notre société de consommation, le changement viendra très probablement du consomm’acteur qui fera, par ses choix, bouger les lignes. Alors à quand la prochaine escapade sans voiture ?

N’hésitez pas à commenter cet article si vous avez eu vent d’une initiative similaire, nous verrons à la référencer sur l’article ou dans nos futurs dossiers.


À la ville comme en vacances, vers la fin de la voiture personnelle ? | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Caroline Dudziak

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Une réponse à À la ville comme en vacances, vers la fin de la voiture personnelle ?

  1. Freelensers a commenté:

    C’est toujours possible de se déplacé sans sa voiture, même en dehors des vacances ! Il faut juste être un peu plus éco-réponsable et préférer l’utilisation de transport en commun ou encore de co-voiturage, surtout avec des sites comme blablacar qui permet aussi de faire de belles rencontres ! Il y a aussi des compagnies de bus pour petit budget qui permet de faire de belles économies…

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