Zoom sur ECOTOUR Albania
On connait peu l’Albanie, ce petit pays grand comme l’Ile de France. Il fait pourtant partie des destinations de plus en plus à la mode en Europe. Sur le salon mondial du tourisme, Roland Palushi, directeur d’Ecotour Albania et exposant sur le stand d’ATD, nous a expliqué pourquoi son agence n’était pas tout à fait comme les autres. Il nous a aussi confié la raison pour laquelle il a choisi de rejoindre les acteurs engagés du tourisme…
VA/ Pouvez-vous présenter Ecotour Albania ?
J’ai fondé Ecotour Albania il y a six ans, en 2011. Nous sommes aujourd’hui six salariés à l’agence de Tirana et nous faisons également travailler une vingtaine de guides. Nous sommes spécialiste de l’Albanie et proposons également quelques circuits combinés avec les pays voisins, le Monténégro, le Kossovo, la Macédoine et le nord de la Grèce. Depuis 2011, nous avons connu une bonne progression. Avant l’Albanie était méconnue, le pays n’avait pas d’image. A présent, nous avons plus de moyens et sommes même devenus un pays à la mode. En 2016, nous avons fait partir 600 voyageurs et nous comptons sur 1000 voyageurs pour 2017.
VA/ Quels sont vos partenaires français ?
J’ai fait mes études à Lyon et travaille principalement avec des agences lyonnaises engagées, l’UCPA, ARVEL, le CEVIED. Nous vendons aussi en direct grâce à notre portail internet. Nous avons une dizaine d’idées de circuits mais nous faisons aussi beaucoup de sur-mesure. Nous ne cherchons surtout pas à devenir une grosse structure mais d’ores et déjà, à vivre de notre travail et à contribuer au développement local.
VA/ Le tourisme durable, c’est important pour vous ?
Bien sûr. J’ai été guide pendant treize ans, et j’ai connu une Albanie pauvre mais authentique. Aujourd’hui, beaucoup d’agences se créent, proposent des circuits classiques, mais elles oublient les vrais valeurs des Albanais. En ce qui me concerne, mon objectif est d’aider les villages. Et on travaille en ce sens. Par exemple, dans le sud du pays, on s’investit sur trois villages en essayant d’insuffler un modèle de tourisme intégré. Ces dernières années, nos villages n’abritaient plus que des personnes âgées. On a cherché à valoriser les points forts de chacun. Au village de Reheve (erseke) par exemple, on a développé l’artisanat, et on s’est attaché à ce que les habitants trouvent eux-mêmes un mode de gouvernance. Au début, l’arrivée des touristes avait tendance à créer des jalousies entre familles, on les a laissé discuter et elles ont trouvé une solution, en mettant en place un calendrier pour organiser un roulement. Ensuite, un comité villageois a été créé, puis une coopérative pour vendre l’artisanat et éviter les soucis de concurrence entre villageois.
VA/ Certains villages ont trouvé d’autres modes de fonctionnement ?
Oui, dans un autre village, celui de Skenderbej, par exemple, l’artisanat n’était pas du tout le point fort, en revanche, il était idéalement situé au cœur d’un parc national et au pied d’un grand lac où l’on peut faire du kayak. Dans ce village, on a essayé de former les habitants au guidage. Ainsi, en disposant de guides locaux sur place, on a l’assurance que les expériences transmises aux voyageurs seront les plus authentiques qui soient. Sans compter bien sûr les emplois créés et le fait de ramener les jeunes au village.
VA/ Comment sensibilisez vous vos clients au tourisme responsable ?
On a créé notre propre charte et on communique sur le tourisme responsable sur notre site. C’est aussi tout un ensemble de petits gestes de bon sens : recycler et ne pas jeter ses déchets dans l’environnement, utiliser une gourde ou une bouteille réutilisable, trouver des alternatives à la voiture, etc. On a aussi essayé de créer un label mais c’est encore en cours de développement. Pour l’heure, beaucoup de critères ne sont pas applicables. En revanche, on fait très attention à nos fournisseurs, et bien sûr on privilégie les partenaires locaux, qu’ils soient hôteliers, restaurateurs ou producteurs. Enfin, on essaie de faire de l’éducation à l’environnement, par exemple dans les villages où les déchets ont tendance à trainer n’importe où.
VA/ Un moment inoubliable ?
Une fois où nous accompagnions 50 personnes d’un comité d’entreprise qui souhaitait aller au cœur de la campagne albanaise. D’habitude, nous ne prenons jamais autant de monde dans les villages mais là, nous avions demandé et l’un d’eux avait accepté. Lorsque nous sommes arrivés, tout le village était dehors pour accueillir le groupe, chacun sur le pas de sa porte, des musiciens jouaient de la musique traditionnelle, puis tout le monde s’est mis à danser, un moment inoubliable très fort en émotion.
—————— Aller plus loin ———————————
http://www.ecotouralbania.com/
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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