Si j’étais ministre de la culture…
A l’heure où le tourisme et la culture se font les yeux doux, à l’heure où il revient à Aurélie Filippetti, ex-ministre de la culture et de la communication, de présenter le programme de Benoit Hamon sur le tourisme, il est important toujours et encore de rappeler aux plus jeunes l’importance d’un monde favorisant l’accès à la culture pour tous. Et pour cela, quoi de mieux qu’un immense ouvrage en forme de plaidoyer. Prenant le contrepied de la culture nourriture de l’âme et de l’esprit, Carole Fréchette a imaginé des « Journées sans culture », une sombre allégorie qui permet de se projeter avec les plus jeunes dans l’imaginaire froid et sombre qui pourrait devenir notre réalité si les budgets dédiés à la musique, au spectacle vivant, aux livres, au cinéma… étaient un jour définitivement mis au pilori.
Tout a également commencé par une campagne électorale, pas la notre, bien triste et indigne, mais celle qui s’est déroulée au Québec en 2014. A cette occasion, le Conseil Québécois du Thêatre (CQT) invite des personnalités publiques à écrire un texte sur le thème « Si j’étais ministre de la culture… ». L’idée, qui ferait bien de faire son chemin en France…, attirer l’attention des candidats et des électeurs sur les enjeux culturels. Auteur dramatique québécoise née à Montréal, Carole Fréchette a alors l’idée d’une lettre ouverte, sous forme d’un plaidoyer à l’envers. Photographe, peintre et sculpteur, Thierry Dedieu découvre un jour ce texte et décide d’en faire un livre pour enfant, les éditions Hongfei entrent alors en jeu et l’ouvrage est là, avec son format imposant et ses visages déformés.
Quid de ces journées sans culture ? Page après page, l’ouvrage monte en puissance pour nous décrire ce sombre scénario, où peu à peu, musique, livres, théâtre, cinéma, télévision, spectacle vivant disparaissent de notre univers. Au fil du récit, on entre dans l’absurde « interdiction de jour des beautés architecturales. A besoin, des dispositifs seraient distribués pour s’assurer que l’œil ne puisse attraper la courbe agréable d’une corniche, la ligne élégante d’une façade »., dans une dictature qui ne dit pas son nom, où l’univers s’assombrit de jour en jour, jusqu’à la page noire, mais avant la renaissance…
A quand un ouvrage, Si j’étais ministre du Tourisme ? On l’attend en tout cas avec impatience…
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Si j’étais ministre de la culture, Carole Fréchette/Thierry Dedieu, Edition Hongfei, 2017. 14,50 €.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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