Retour sur le FITS Maroc 2012 – Volet 2
Le FITS Maroc 2012 s’est tenu entre le 15 et le 23 octobre. V.A était présent et afin de mieux vous faire sentir l’ambiance tout à fait particulière de cet évènement, vous amène à travers un « road récit » à la rencontre des acteurs et des temps forts qui ont marqué ces quelques jours.
Entre ciel et terre
Samedi 20 octobre. Les kilomètres défilent. La région du Sous Massa-Drâa (« Les Trois Rivières ») aussi, des terres sèches, arides. « D’ici dix ans, il n’y aura plus de terres agricoles ici. Les précipitations sont trop inégales, on passe de périodes de sécheresse à des pluies violentes qui emportent tout. De nombreux villages de la vallée sont appelés à disparaitre ». Jean-Marie Collombon connait par cœur ces terres qu’il a tant parcourues. Il dénonce le surpâturage et ce climat devenu fou sous l’action des hommes. Ici, les dieux sont en veilleuse, sauf peut être quand il s’agit de les amadouer, et de s’amuser de ces entrées de ville impeccables, soignées, car ce sera par là qu’arrivera le roi. Pour l’heure, on traverse la ville d’Ouled Berhil, un important carrefour où se retrouvent tous les villages de la vallée les jours de marché. A l’horizon, une immense arganeraie dessine les contours d’un sud du Maroc rattrapé par une forme de pragmatisme économique. L’arganier, à l’image de ces exploitations d’orangeraies que l’on a croisé un peu plus tôt – toutes dédiées à l’exportation (les oranges locales sont immangeables) – est l’un des poumons économiques de la vallée. L’arbre, digne et majestueux, fait ici figure d’ancêtre puisqu’il est né sur ces terres.
Au pays de l’argan
Toutefois, sur ces terres pauvres à la pluviométrie faible, l’arganier est obligé d’étendre au maximum ses racines pour aller chercher l’eau. Cela explique l’étonnante régularité des espaces plantés mais aussi, l’impossibilité de densifier les plantations. L’arbre reste toutefois La plante de ce sud marocain. Grâce à lui, des centaines de coopératives de femmes se sont montées, toutes centrées sur les différentes utilisations de son huile, qu’elle soit cosmétique ou alimentaire, sur quelques produits dérivés aussi, tel l’amlou (pâte à tartiner composée d’arachide, d’amandes, de miels et à base d’argan) ou le slilou (granulés d’argan à croquer). Ces coopératives sont souvent sur les chemins du tourisme solidaire, façon de valoriser les ressources locales. Toutefois, il y a aujourd’hui les vraies et les fausses « vendeuses d’huile d’argan », la poule aux œufs d’or ayant aussi produit quelques leurres, tels ces industriels qui s’accaparent les noix en les achetant massivement, les font traiter à Agadir, et revendent le tout à prix d’or avec des coopératives mues en faire-valoir. Compagnon de route, Guillaume Cromer précise que des Marocains ont essayé de monter un label IGP (Indication Géographique protégée) pour protéger l’huile d’argan au Maroc. Un propos complété par Jean-Marie Collombon qui explique qu’une des particularités de l’arganier, est de s’adapter et de s’appuyer sur des champignons souterrains pour croitre. Récemment, des travaux de recherche ont été menés par des Israéliens qui auraient réussi à mettre au point des semences d’arganier et à les transposer chez eux. Une nouvelle concurrence pour ces régions…
La guerre de l’eau
L’autre danger qui menace les arganiers est une fois de plus le manque d’eau. A Aoulouz, un barrage alimente la vallée en eau. Officiellement, cette eau est pour tout le monde. En réalité, elle est souvent détournée au profit des immenses propriétés qui en pompent la majeure partie. Conséquence : les arbres sèchent. Et classiquement, seuls 3% des agriculteurs en profitent. L’après-midi même, nous ne le savons pas encore, mais nous visiterons le projet d’irrigation d’Amkrra du village d’Aourest(Taliouine). Là, les villageois ont creusé deux puits et crée un réservoir.. Notre guide d’un jour, Omar, nous dira : « Avant, ici, il y avait plein d’arbres, puis, dans les années 1980, une terrible sécheresse a épuisé la terre. La nappe descend, l’eau est partie ». Depuis, l’association Migration et Développement a initié en 2003 un projet de réservoirs d’eau (creusement de deux puits et leur équipement en motopompes, construction d’un réservoir et restauration de l’ancien, canalisations…) Des puits et des khettara (système d’irrigation souterrain) ont donc été creusés et l’association villageoise s’occupe de la gestion et distribue les heures d’eau, entre 18 et 25 dirhams l’heure. Un beau projet et un système démocratique de gestion basé sur le consommateur payeur (alors que l’ancien système se basait sur le droit de l’eau pour une minorité des familles), donné à voir aux touristes solidaires qui viennent dans la région….
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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