Rencontre avec Oscar Almendros de retour du 26e Congrès mondial du tourisme social.
Du 7 au 10 octobre dernier s’est tenu à São Paulo (Brésil) la 26e édition du Congrès mondial du tourisme social organisée par l’Organisation internationale du tourisme social (OITS) en partenariat et avec le soutien du Serviço Social do Comercio (SESC SP). Pour la première fois, cet évènement se tenait en Amérique du Sud. Plus de 300 participants de 22 pays ont ainsi pu débattre et échanger sur les questions liées au droit au tourisme et aux vacances ; au financement du tourisme social et solidaire et à la construction sociale et politique de ce tourisme. Présent lors des débats, Oscar Almendros de la Commission européenne a bien voulu répondre à nos questions quant au tourisme social à destination des séniors.
VA/ Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes pour nos lecteurs ?
Mon nom est Oscar Almendros. Après avoir été à la tête du département des relations européennes du secrétariat au tourisme espagnol, je travaille actuellement en tant qu’expert national pour la commission européenne, dans le département gérant la politique du tourisme pour les entreprises. Entre autres responsabilités, je suis le chargé de projet pour tout ce qui concerne le tourisme social, notamment pour aider à faciliter les flux de touristes transnationaux pendant la saison basse, pour des groupes spécifiques comme les personnes âgées.
VA/ Lors de l’atelier « séniors » organisé lors du congrès, des programmes brésiliens, chiliens et uruguayens ont été présentés devant l’assemblée des congressistes. A l’issue de ces présentations, avez-vous eu le sentiment que la façon d’appréhender le tourisme des séniors était très différente entre nos deux continents ?
Pas du tout, au contraire, et même en reconnaissant les différences évidentes des territoires et particulièrement les comportements culturels différents, les éléments clés des différents programmes ont les mêmes racines, car tous inspirés les uns des autres, et notamment le programme espagnol pour les séniors. Ces synergies sont d’autant plus signifiantes entre Sud-Américains et Européens du Sud qu’elles viennent de pays qui ont une vision partagée de l’intervention publique dans les affaires sociales quant au tourisme. L’idée de créer des programmes et des offres engageantes à bas prix adaptées aux plus âgés, la façon de créer des partenariats et de trouver des financements et supports institutionnels sont assez proches, mais évidemment adaptés au contexte politique et socio-économique de chacun.
VA/ En outre, avez-vous eu le sentiment que le tourisme social envers les séniors était très développé en Amérique latine et si non, quels en sont les freins ?
De fait, il est plus développé que ce que l’on pouvait imaginer et semble avoir un bel avenir à moyen terme puisque la population n’a pas encore connu l’impact du vieillissement démographique comme en Europe. Le principal facteur est l’intervention publique et la collaboration constructive entre les différents publics et les acteurs privés. Les gouvernements soutiennent ce type de tourisme, qui est considéré comme une tendance socio-économique et une opportunité, reste à trouver le moyen de financer et soutenir les programmes. Les problèmes de la complexité des différentes réglementations du travail, le manque de mécanismes de contrôle, les problèmes de sécurité sur les services touristiques et de fortes disparités entre les acteurs, sont les principaux défis d’après moi, ainsi que la qualité et l’accessibilité aux infrastructures. Quoi qu’il en soit, le vieillissement de la population à moyen terme sera un état de fait que l’on ne pourra pas éviter.
VA/ Parmi les trois programmes présentés, certains vous semblent-ils intéressants pour initier des collaborations futures avec l’Europe ?
Oui, certainement. Nous prévoyons de poursuivre notre collaboration entre Sud-Américains et Européens sur la base de ces programmes existants. Nous avons donc la volonté de créer d’importants partenariats publics-privés qui soient assez opérationnels pour assurer la poursuite de nos actions au niveau international. Nous aurons forcément une approche par la base. Nous attendrons donc les propositions de collaboration de l’OITS afin d’analyser les facteurs clés des bonnes pratiques pour apprendre des deux côtés de l’Atlantique et ajouter la valeur ajoutée de l’Europe dans la propagation et la promotion des activités et des offres qui pourraient être concernées sur la base de ces programmes.
VA/ Enfin, d’une façon plus globale, pensez-vous que ce congrès mondial aidera également à intensifier les flux de touristes entre l’Europe et l’Amérique du Sud ?
Pas forcément directement, mais cela aidera à créer des partenariats dans le futur, pour intensifier une collaboration plus forte et plus pérenne sur ces domaines. Ces séminaires où l’on échange de bonnes pratiques et des idées peuvent aussi influencer les décideurs politiques dans la définition de leurs stratégies et leur volonté de créer des réseaux. De nouvelles idées émergeront forcément. Le point le plus important est de trouver les chemins et les outils (principalement financiers) pour extraire les éléments positifs de ces différentes expériences et les transférer au niveau intra-régional et/ou transnational, en identifiant les besoins communs et les fossés à combler.
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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